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Question de peau? Question de politique !

question_de_peauResponsabilité scientifique : Sylvie Chalaye

La saison théâtrale a été marquée par de vives polémiques autour de la « diversité » sur les scènes françaises. Depuis les manifestations liées à l’installation performance de Brett Bailey le débat s’est poursuivi avec la table ronde organisée au Théâtre de la Colline pour promouvoir le programme 1er Acte. Notre laboratoire s’interroge depuis longtemps sur la place accordée aux créativités afrocontemporaines dans la culture française. C’est dans le sillon de cette actualité que nous organisons notre Université d’été en Avignon en partenariat avec le Festival Off, la Compagnie Rualité et la Chapelle du Verbe Incarné.

La société française est largement polychrome, mais cette variété  des carnations et bien peu représentée sur les plateaux des théâtres nationaux et subventionnés par l’Etat. Les acteurs noirs sont nombreux et créatifs, néanmoins leur présence dans le paysage théâtral français reste invisible. Pour que la créativité des Afrodescendants fasse l’actualité, il faut qu’un événement soit associé à « leur condition », alors l’institution théâtrale rend hommage aux Antillais et aux Africains de France, on monte Les Nègres de Genet ou La tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire, histoire d’avoir un beau panel d’acteurs noirs, ou encore on décide de traiter du fait colonial et de l’esclavage et on convoque un événement commémoratif et dénonciateur avec son lot d’Afrodescendants en vedette et sans oublier les invitations festivalières à l’Afrique lointaine pour dépayser les spectateurs avec ses violences génocidaires, ses guerres, sa misère endémiques et ses rêves migratoires.

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Exposition Basquiat : « Sa créativité a bouleversé notre existence »

INTERVIEW – L’exposition Basquiat au musée Guggenheim de Bilbao a été inaugurée jeudi en présence des sœurs de l’artiste new-yorkais.

Fauché en pleine gloire, à l’âge de 27 ans en 1988, Jean-Michel Basquiat n’a jamais été aussi vivant et son œuvre est sans cesse décortiquée, analysée. Cinq ans après la rétrospective du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au tour du Guggenheim de Bilbao d’accueillir une centaine de peintures et de dessins du génie américain mort d’une overdose d’héroïne. À chaque fois, c’est une redécouverte, un émerveillement. De nombreuses pièces sortent rarement des collections privées auxquelles elles appartiennent. Et surtout, leur puissance est intacte.

Comme ce très troublant Autoportrait (1983) en ombre chinoise, laissant deviner des dreadlocks, un visage, des épaules. L’épure de l’exécution est exceptionnelle, misant simplement sur un regard perçant qui scrute les âmes. Créée au Canada, l’exposition joue la carte hétéroclite, mélangeant les techniques et les matériaux utilisés par celui qui déclarait être fasciné par l’héroïsme et la rue. De sa passion pour le graffiti à sa collaboration avec son mentor, Andy Warhol, sa représentation du peuple noir opprimé, sa rébellion contre le système, sa vie la nuit avec Madonna dans le New York underground, tout y est.

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Les outre-mer au Festival d’Avignon 2015

outre-mer_avignonLa présence des compagnies des Outre-mer dans le OFF d’Avignon progresse d’année en année. Pour cette édition 2015, dix-sept compagnies sont présentes dans le OFF. Nous ne pouvons que nous en féliciter. C’est une belle opportunité pour découvrir la singularité de leurs créations. D’un territoire à l’autre, le brassage des cultures nourrit les imaginaires de ces créateurs, porteurs d’identités fortes.

Greg GERMAIN, Président

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Créée en 2013, l’Agence de promotion et de diffusion des cultures de l’Outre-mer travaille à la visibilité et à la circulation de la création ultramarine : patrimoine, arts de la scène, arts visuels, littérature, cinéma et audiovisuel. Elle accompagne les créateurs et porteurs de projets culturels en matière d’ingénierie et de développement de projets, de production et de diffusion, de formation et d’information. Elle favorise la mise en réseau, la coopération des opérateurs culturels et les projets multilatéraux, d’Outre-mer à Outre-mer, d’Outre-mer à l’Hexagone, et d’Outre-Mer à l’international. L’Agence vient de lancer son site internet cultures-outre-mer.fr autour de trois fonctions :

 – une « vitrine » d’information sur les actualités culturelles dans tous les territoires

 – un centre de ressources, à destination du grand public et des professionnels, qui a vocation à présenter tous les acteurs culturels et le patrimoine des territoires

 – une plate-forme de travail et d’échanges pour l’espace pro.

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Fusillade à Charleston : écoutez la réaction de Mumia Abu-Jamal

mumia-400bLe militant noir-américain, aujourd’hui en prison à vie, réagit au drame de Charleston (Caroline du Sud) où neuf Noirs ont été assassinés dans l’enceinte d’une église. Pour Mumia, la seule motivation de l’auteur de ce crime « est celle de la suprématie blanche, ou celle de la haine profonde du peuple noir ».

Voici une transcription en Français de l’intervention de Mumia :

« Un jeune homme blanc, à peine majeur, entre dans la plus glorieuse église noire de Charleston et, après son départ, une nouvelle histoire dramatique est écrite.

Venu assister la nuit de mercredi à une étude de la Bible, il reste assis près d’une heure, mais son esprit n’est pas préoccupper par la vie de Jésus ni sur celle de ses disciples. Son esprit est obséder par l’envie d’assassiner, d’assassiner en masse. Lorsque la porte de l’église se referme derrière lui, neuf âmes noires, la plupart de vieilles personnes, ont été tués, la bible dans leurs mains. L’homme, ou plutôt le jeune garçon, n’est pas venu pour en apprendre davantage sur la religion, car il avait une croyance, celle de la suprématie blanche, ou celle de la haine profonde du peuple noir.

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R.C.M. 2015 : impressions fragmentaires avant clôture!

— Par Roland Sabra —

Impressions est le mot qui vient à l’esprit après une semaine intense en projections de films divers et variés.

Impressions tout d’abord et avant toute autre chose pour la belle rétrospective Hong Sang-soo, qui lentement a su mobiliser un public que rien de prédisposait à la découverte d’un cinéaste coréen, plus connu en France que dans son propre pays et totalement ignoré en Martinique, à l’exception de la poignée de spectateurs qui avaient eu la chance de voir  « Haewon et les hommes » il y a deux ans de cela. Impressions donc parce que, c’est devenu un truisme que de l’écrire, Hong Sang-soo s’inscrit dans la veine du cinéma impressionniste. Il est de ceux à l’identité suffisamment charpentée qui peuvent accueillir l’autre. Il reconnait volontiers la dette qu’il a vis à vis d’auteurs occidentaux qu’il s’agisse de Robert Bresson, d’Éric Rohmer, de Luis Buñuel, de Jean Vigo, de Friedrich Wilhelm Murnau, de peintre comme Cézanne, d’écrivain comme André Gide. Son troisième film qu’il réalise en 2000 s’intitule  « La vierge mise à nu par ses prétendants », comme un clin d’œil à l’œuvre de Marcel Duchamp « La mariée mise à nu par ses célibataires, même » .

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L’esclavage raconté à ma fille – Christiane Taubira

taubira_esclavage_sa_filleGarde des Sceaux, ministre de la Justice, Christiane Taubira a été députée de Guyane de 1993 à 2012, mandat pendant lequel elle a rédigé en 2001 la proposition de loi visant à reconnaître la traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité.

« La traite et l’esclavage furent le premier système économique organisé autour de la transportation forcée de populations et de l’assassinat légal pour motif de liberté, pour marronnage. Ce système a perduré
pour l’Europe durant plus de quatre siècles, pour la France durant plus de deux siècles.
Il ne s’agit pas de se morfondre ni de se mortifier, mais d’apprendre à connaître et respecter l’histoire forgée dans la souffrance. D’appréhender les pulsions de vie qui ont permis à ces millions de personnes réduites à l’état de bêtes de somme de résister ou simplement de survivre. Il s’agit de comprendre cette première mondialisation qui a généré des relations durables entre trois puis quatre continents.
Ces événements doivent être enseignés, que l’on sache qu’il y eut, dès les premiers temps, résistance sur place et solidarité transcontinentale. Interrogeons cette histoire afin que les jeunes générations détectent les liens entre le racisme ordinaire et ses sources dans le temps, et qu’elles comprennent que la République a besoin de leur vigilance et de leur exigence.

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R.C.M. 2015 : le programme

rcm_2015

Vendredi 19 juin 2015

19 h – Les Choix d’EdaAtrium

20h 30 – Réalité – Madiana

Lire ci-dessous une présentation des films.

Les Choix d’Eda
Un film de Jil Servant -2014 – 68’ produit par Palaviré Productions

Christiane Eda-Pierre (née le 24 mars 1932 à Fort-de-France) est une soprano française, originaire de la Martinique. Elle est la nièce de la femme de lettres et journaliste Paulette Nardal.

Elle étudie au Conservatoire de Paris avec Charles Panzéra et Susanne Decrais. Elle fait ses débuts à Nice en 1958, dans le rôle de Leïla dans Les Pêcheurs de perles. L’année suivante, elle paraît au Festival d’Aix-en-Provence, dans le rôle de Papagena dans La Flûte enchantée.

Elle fait ses débuts à l’Opéra-Comique en 1960, elle y chante Olympia, Lakmé, Rosine, Violetta, etc, et à l’Opéra de Paris en 1962, où elle s’impose en Lucia, Gilda, etc. À partir de 1966, elle entreprend une carrière internationale, chantant à Londres, Wexford, Lisbonne, Vienne, Salzbourg, Chicago, New York, etc.

Elle défend un vaste répertoire, allant de la musique baroque aux œuvres contemporaines, mais demeure une interprète d’élection de Mozart, notamment le rôle de Constanze dans L’Enlèvement au sérail, qu’elle chante dans le monde entier, mais également Donna Anna, Donna Elvira, Vittelia, Elettra.

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Les Rencontres Cinéma de Martinique (édition 2015) – Premières impressions

Ma Manman D’lo, Los Hongos.

— Par Selim Lander —

rcm_2015Prenant les « RCM », en marche, nous avons par définition raté beaucoup de choses. Quelques impressions néanmoins sur les premiers films visionnés. Parmi les courts métrages récompensés par le Prix de Court, seul le film couronné, Ma Manman D’lo, retient l’attention. Cette histoire d’un jeune garçon perturbé depuis la mort de sa maman, navigue avec bonheur entre réalisme et fantastique, entre jeux d’enfants et chagrin inguérissable. Les personnages sont émouvants, pas seulement celui du petit garçon, mais encore celui du père, veuf, impuissant à toucher le cœur de son fils. Et tant d’autres : ainsi cet homme qui vient de perdre son frère. Il y a des scènes relevant de l’ethnologie, comme la veillée mortuaire, ou chaque fois qu’intervient le quimboiseur (?), prêtre autoproclamé d’un culte improbable, acharné à rappeler la morte – ou plutôt son esprit – afin qu’elle revienne apaiser son fils. Ce film de Julien Silloray, tourné à Vieux Port, en Guadeloupe (?), est une plongée dans l’univers magico-religieux. Et le spectateur de s’interroger sur l’authenticité de ce qui lui est montré : ces rituels ont-ils toujours cour, ces croyances en les esprits sont-elles encore vivaces ?

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R.C.M. 2015 : « Under the skin » ou la mort à fleur de peau

— Par Roland Sabra —
under_the_skinElle parle peu. Elle vient d’un ailleurs incertain. Lointain. Très loin, d’une autre galaxie. Elle tue sans effusion de mots ou de sang. Dans le froid brouillard d’une banlieue de Glasgow elle cherche. Elle cherche à comprendre cette espèce qu’elle découvre, des êtres masculins, seuls, sans famille, qu’elle attire dans ses filets pour leur faire la peau. A bord d’une camionnette elle en repère un de cette espèce, le fait monter à bord, s’assure qu’il est bien seul, l’emmène dans une maison isolée et délabrée, à l’intérieur de laquelle se trouve un piège d’une beauté sublime. Elle se dépouille lentement de ses vêtements en reculant. Elle l’attire, l’appelle du regard. Elle marche sur une surface noire, liquide qui progressivement engloutit sa victime et finit par dissoudre l’intérieur du corps qu’il vient d’absorber. Ne reste que la peau comme un voile que la mer emporte. Et elle recommence⋅ Elle recommence jusqu’à se laisser contaminer par l’objet de sa quête.

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Le plaisir au féminin

Adeline Fleury, ancienne collaboratrice au JDD, fait l’éloge de la jouissance féminine.

jouissance-400La jouissance féminine, « vaste programme » aurait dit le général de Gaulle, qui n’a pas toujours été le « bonnet de nuit » qu’on imagine. Le Petit Éloge que lui consacre Adeline Fleury est un livre courageux (l’auteure s’y expose), argumenté (elle s’y confronte aux grands textes), écrit avec finesse et audace. Elle y avoue avoir attendu ses 35 ans pour découvrir la plénitude sexuelle, cette jouissance à propos de laquelle le philosophe Jean-Luc Nancy écrit : « Jouir, c’est s’échapper à soi-même. » Le point crucial concerne moins le caractère tardif de cette métamorphose que l’émerveillement généré par cette révolution.

Le livre suit un double chemin : 1/Adèle raconte sans détour cet épanouissement, du premier émoi quand la main de « l’homme électrochoc » se pose sur son jean jusqu’aux ardeurs les plus extrêmes ; 2/Adeline s’interroge : d’où vient l’effroi qui peut tenir en lisière la jouissance féminine, et qui fit passer les femmes pour des sorcières, des hystériques, des épileptiques? La peur de l’homme devant cette incandescence qui pourrait se révéler insatiable ; l’angoisse des femmes sur leur propre plaisir.

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Le créole : une obligation d’expression

— Par Pierre Pastel* —

pousse_creoleAu moment où le Président de la république vient d’annoncer son intention d’engager la procédure de ratification de la charte européenne datant de 1992, faisant obligation aux États signataires (dont le France) de reconnaître les langues régionales et minoritaires, le sociologue Martiniquais Pierre Pastel* nous fait découvrir, en quelques clichés, le créole dans sa lutte pour  éviter l’étouffement face au français et face à la mondialisation culturelle.

Lajol pa bon ba’w é i bon ba mwen ?

Qu’est-ce qu’exister pour un homme si ce n’est de s’exprimer par tous les moyens qu’il a à sa disposition, de dire au monde « son monde » d’abord  tel qu’il a été façonné par son environnement premier ? Exister c’est vivre certes, mais c’est d’abord un réflexe congénital de respiration. Respiration pour … vivre avec soi et au milieu des autres. Peut-on donc attendre d’un homme qu’il vive épanoui sans respirer ? Non.
Il en est de même pour tout groupe humain habité par sa culture racine, sa langue poto mitan, véhicule complice par lequel et avec lequel il se sait exister et se signale.

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Les 10èmes Rencontres Cinémas Martinique du 12 au 19 Juin 2015

rcm_2015Présentation et programme

Le festival « RENCONTRES CINEMAS MARTINIQUE », actuellement à sa 10ème édition, est un rendez-vous majeur de l’année cinématographique de notre région.
Cet événement a des contours bien définis : une programmation de qualité, un intérêt pour la Caraïbe, une action envers des publics variés. Cette philosophie globale se décline au fil des éditions en tentant de suivre l’actualité ou plutôt les résonances du monde d’aujourd’hui.

2015 est une année importante : c’est la première de notre nouvelle structure : l’EPCC ATRIUM MARTINIQUE. Cette 10ème édition des RENCONTRES CINEMAS sera l’occasion de décliner les axes majeurs de notre action tout en offrant au public Martiniquais un vrai moment festif.

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« La ronde de sécurité », une pièce de Guy Froissy, m.e.s de José Exélis

EPCC-Atrium le 11/06/2015 à 20 h

ronde_de_nuitUne reprise 22 ans après sa création en Martinique ou l’art de faire du neuf avec du vieux? 🙂

Une nuit, à proximité d’une cité dans un parking, un homme se promène quand surgit de l’ombre un homme armé. L’homme au fusil commence une interrogatoire musclé qui peu à peu, tourne au rapport de forces, au cauchemar psychologique. Une mise en abyme de deux hommes.
D’où viennent-ils ces inquisiteurs, censeurs, justiciers d’un jour, professeurs de savoir-faire et autres redresseurs de tort ?
Qui sont-ils pour s’arroger le droit de fouiner dans la vie des autres et d’en disposer ; pour émettre, sans douter, tant d’avis péremptoires et jugements définitifs ?
Le citoyen vigile de La Ronde de sécurité est le produit que sécrète une société malade de ses peurs, de ses faiblesses, de sa brutalité et de sa haine : ses monstres.

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Dany Laferrière : un anti-Senghor à l’Académie française

— Par Saïdou Alcény Barry —

laferriere_academieAprès Léopold Sedar Senghor, premier Noir à siéger à l’Académie française en juin 1983, voilà Dany Laferrière, trente-deux ans plus tard. Deux noirs, deux styles. Autant le premier était coulant, autant le second est rugueux. Un nouveau venu qui risque d’ébranler la Coupole.

Le romancier canado-haïtien Dany Laferrière est devenu, à 62 ans, membre de l’Académie française dont il occupe désormais le fauteuil n°2. Celui qu’avaient occupé Montesquieu, Dumas fils et que lui cède le romancier argentin Hector Biancotti, son dernier occupant.

L’admission de l’auteur du roman Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer dans cet univers compassé de vieux gardiens surprend. Dany Laferrière, contrairement à Senghor qui était béat de reconnaissance devant la France, est un trublion, un Haïtien fier de l’être.

On se souvient que Senghor répondant à la question de savoir pourquoi il écrit en français dira: « Parce que nous sommes des métis culturels, […] parce que le français est une langue à vocation universelle. […] Et puis le français nous a fait don de ses mots abstraits – si rares dans nos langues maternelles -, où les larmes se font pierres précieuses.

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« La mastication des morts », par l’ADAPACS au lycée Schoelcher

— Par Roland Sabra —

la_mastication_des_mortsPatrick Kermann définit son théâtre ainsi : « Le théâtre est le territoire de la mort, ce lieu rituel où les vivants tentent la communication avec l’au-delà. Sur scène, dans une balance incessante entre incarnation et désincarnation, matériel et immatériel, visible et invisible, apparaissent des fantômes qui portent la parole des morts, pour nous encore et tout juste vivants ».
Il présente « La Mastication des morts de cette façon : « C’est en visitant un petit cimetière de la campagne française que m’est venue l’idée de construire une « polyphonie de l’au-delà » en redonnant la parole aux centaines de défunts enterrés depuis un siècle à Moret-sur-Raguse, village symbolique inventé de toutes pièces…
Mais avant d’en arriver là, j’ai fait un tour de France des nécropoles rurales et j’ai réuni un ensemble de noms aux consonances bien françaises afin d’exclure tout exotisme. Hormis la géographie, purement imaginaire, du village en question, tout ce que je raconte dans ma pièce est authentique, au détail près, petite histoire et grande Histoire entremêlées.
La mastication des morts est un « oratorio in progress ».

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« La mastication des morts » au théâtre du lycée Schoelcher

Les 5 & 6 juin 2015 à 19h 30

mastication_des_mortsC’est en visitant un petit cimetière de la campagne française que m’est venue l’idée de construire une « polyphonie de l’au-delà » en redonnant la parole aux centaines de défunts enterrés depuis un siècle à Moret-sur-Raguse, village symbolique inventé de toutes pièces…
Mais avant d’en arriver là, j’ai fait un tour de France des nécropoles rurales et j’ai réuni un ensemble de noms aux consonances bien françaises afin d’exclure tout exotisme. Hormis la géographie, purement imaginaire, du village en question, tout ce que je raconte dans ma pièce est authentique, au détail près, petite histoire et grande Histoire entremêlées.
La mastication des morts est un « oratorio in progress ». C’est un travail sur le nombre et la mémoire, la petite mémoire fragile d’une multitude de voix qui s’inscrivent dans l’histoire d’une communauté.
Il s’agit, dans l’accumulation des habitants du cimetière de Moret-sur-Raguse, d’entendre la singularité de chacun, sa langue propre qui, surgie d’outre-tombe, par-delà les corps, fait résonner en nous, morts en sursis, ces vivants d’un autre monde… De ce point de vue, La mastication des morts est une joyeuse tentative de réconciliation avec la mort que notre époque évacue systématiquement.

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Discours de réception de Dany Laferrière à l’Académie française

— Par Dany Laferrière —

M. Dany LAFERRIÈRE, ayant été élu à l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Hector BIANCIOTTI, y est venu prendre séance le jeudi 28 mai 2015, et a prononcé le discours suivant :

Mesdames et Messieurs de l’Académie,
Permettez que je vous relate mon unique rencontre avec Hector Bianciotti, celui auquel je succède au fauteuil numéro 2 de l’Académie française. D’abord une longue digression – il y en aura d’autres durant ce discours en forme de récit, mais ne vous inquiétez pas trop de cette vieille ruse de conteur, on se retrouvera à chaque clairière. C’est Legba qui m’a permis de retracer Hector Bianciotti disparu sous nos yeux ahuris durant l’été 2012. Legba, ce dieu du panthéon vaudou dont on voit la silhouette dans la plupart de mes romans. Sur l’épée que je porte aujourd’hui il est présent par son Vèvè, un dessin qui lui est associé⋅ Ce Legba permet à un mortel de passer du monde visible au monde invisible, puis de revenir au monde visible⋅ C’est donc le dieu des écrivains⋅
Ce 12 décembre 2013 j’ai voulu être en Haïti, sur cette terre blessée, pour apprendre la nouvelle de mon élection à la plus prestigieuse institution littéraire du monde⋅ J’ai voulu être dans ce pays où après une effroyable guerre coloniale on a mis la France esclavagiste d’alors à la porte tout en gardant sa langue.

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21 mai- 28 mai 1871: la Semaine sanglante

semaine_sanglanteLa Semaine sanglante, du dimanche 21 au dimanche suivant 28 mai 1871, est l’épisode final de la Commune de Paris, où elle est écrasée et ses membres exécutés en masse.

Dimanche 21 mai

Ce dimanche après-midi, les troupes versaillaises stationnant l’arme au pied devant le saillant que forme le rempart du Point du Jour, sous commandement du maréchal de Mac Mahon (le vaincu de Sedan) entrent dans Paris. Profitant du fait qu’elle n’était pas gardée, le nommé Ducatel, piqueur des Ponts et Chaussées, leur a ouvert la poterne du bastion 64, entre la Porte d’Auteuil barricadée et la porte de Saint-Cloud.
Les Versaillais occupent les fortifications d’où ils échangent quelques coups de feu, puis le terrain jusqu’à la ligne de chemin de fer de petite ceinture. Le Conseil de la Commune, qui est en train de juger Cluseret, n’envoie aucun renfort, malgré la demande qu’avait formulée Dombrowski qui commande le secteur.
Le Comité de Salut Public dépêche un observateur qui est fait prisonnier par les Versaillais, qui occupent Auteuil et Passy. Ils fouillent systématiquement les maisons, procèdent sur dénonciation à des arrestations et commencent à fusiller les Gardes nationaux[réf.

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Madame Le Pen, « Opération cocotier » ? Non merci ! Pas chez nous !

… Et pourquoi pas « opération bamboula, ou  opération bougnoule » ?

— Par Yves Untel Pastel, sociologue —
Madame LE PEN, au nom de la continuité du territoire français et du droit à la libre circulation de tous citoyens, vous vous proposez de venir en Martinique, le territoire dont le peuple a subi l’esclavage, la torture, la dépersonnalisation et l’extermination par assassinats ou par simple épuisement sous le joug. Le territoire dont le peuple continue de subir moult discriminations d’une caste béké funestement célèbre, toujours dominante et prédatrice, ainsi que le mépris multiforme d’un État français complice vérolé de racisme institutionnel.
Et vous voilà depuis de longs mois à préparer votre grand coup : mettre pied aux Antilles, dans l’orgueilleux dessein de réparer les échecs cuisants que Monsieur Jean-Marie Le PEN, votre père, a connu dans ses vaines tentatives de visite. À dix ans d’intervalle, les Martiniquais et les Guadeloupéens lui ont exprimé leur franche hostilité, en décembre 1987 à l’aéroport de Fort-de-France, et en Guadeloupe en 1997.

Malgré ces avertissements, vous voilà conquérante, persistante. Votre entêtement à fouler notre sol est sidérant, votre manière de venir en terrain conquis de plein droit nous rappelle en effet que nous ne sommes à vos yeux que des îles captives, françaises bon gré mal gré, lambeaux anachroniques de cette vaste chasse gardée coloniale ultramarine. 

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Réel Merveilleux, Réalisme Merveilleux, Réalisme Magique et Baroque (III)

reel_&_realismeUniversité des Antilles – Faculté des LSH – Campus de Schoelcher
Séminaires thématiques du CRILLASH 2014-2015
*
Journée d’étude interdisciplinaire Jeudi 7 mai 2015
coordonnée par Charles W. Scheel
Réel Merveilleux, Réalisme Merveilleux, Réalisme Magique et Baroque (III)
Focus :
Jacques Stephen Alexis et Haïti in diaspora
Amphi Sellaye
Programme détaillé des communications
*

9h30 : Jean-Durosier DESRIVIÈRES (Écrivain) : La poétique du Mystère dans la composition dramatique et la prose poétique de Faubert Bolivar. Lecture de La Flambeau, Jesika ou Bousiko et Sainte Dérivée des trottoirs
Abstract : Par quelle mathématique des signes le jeune auteur haïtien, Faubert Bolivar (1979), nous donne-t-il à saisir l’univers dramatique singulier de ses pièces de théâtre, La Flambeau et Jesika ou Bousiko, et l’espace fictionnel énigmatique de son récit poétique, Sainte Dérivée des trottoirs ? Comment évaluer cette expression littéraire qui semble toucher le possible extrême de certaines réalités haïtiennes connues, et pourtant si peu vraisemblables pour une catégorie de lecteurs, et la relation que développent les personnages de Bolivar avec ces topos récurrents dans son écriture livrée aux jeux de langage et d’onirisme avéré : la folie, l’intime et le cosmique (ou le religieux) ?

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DE-CONSTRUCTION // Sébastien MEHAL

de-constructionExposition individuelle
23 avril – 31 mai 2015
Case à Léo, Habitation Clément
9h-18h, sans interruption
Soirée – rencontre
mercredi 22 avril 2015 à 19h
En présence de l’artiste et de Joëlle Ferly
Dimanche – découverte
29 mars 2015 à 10h
Animé par Joëlle Ferly
L’ampoule. Ce motif, qui est devenu l’emblème de Sébastien Mehal, l’a précédé, bien avant qu’il ne devienne peintre. Enfant à Fort-de-France, il était fasciné par ces ampoules accrochées aux plafonds des cases du quartier Trénelle qui s’allumaient les unes après les autres lorsque le soir tombait, comme une guirlande aléatoire s’éclairant de maison en maison. En face, dans le quartier Didier, il assistait à ce spectacle qui se rejouait chaque jour, embrassant d’une vue panoramique cette partie de la ville faite de maisons de fortune enchevêtrées et souvent inachevées. « Je me demandais quelles vies étaient éclairées par ces ampoules qui apparaissaient entre portes et fenêtres. La chaleur était telle que les gens laissaient leur maison ouverte pour laisser circuler l’air » se souvient-il. Ces questions d’enfant sont devenues le terreau d’inspiration de l’artiste qui pense aujourd’hui l’homme dans la ville, la complexité d’une urbanisation galopante dévorant l’architecture identitaire des Caraïbes, la puissante mondialisation qui voit se multiplier les mêmes modèles de villes avec des buildings toujours plus hauts et l’exacerbation des tensions sociales.

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Un écrivain sans dieu

— Par Alain Freixe —

mickael_gluckPoésie. Michaël Glück revisite en poète le premier livre de la Torah, la Genèse. Aux sept jours attendus, il ajoute la nuit qui les a précédés.

Dans la suite 
des jours, de Michaël Glück. L’Amourier éditions, collection « Poésie », 490 pages, 26 euros. Sur la table des libraires, voir Dans la suite des jours, de Michaël Glück, édité par l’Amourier, impressionne. Pour un pavé, c’en est un ! Et sous celui-ci, les pages ! 490 au total ! Michaël Glück et ses éditeurs ont choisi de regrouper les sept volumes parus entre 1996 et 2008 : Jour un, le Lit, la Table, le Couteau, le Berceau et la Tombe, l’Échelle, le Repos, soit sept méditations écrites dans les marges de la Bible, sur les bords du livre. Michaël Glück, « ce lecteur et écrivain sans dieu », comme il aime à se définir lui-même, et son éditeur ont choisi d’ajouter un huitième livre.

Et c’est le chaos qui resurgit. Non pas le désordre mais la fente première : l’inarticulé, l’irrévélé, l’irrésigné. La séparation fondatrice. « Au commencement est la nuit / toujours la nuit », « la nuit sans nom », Albe la blanche, si c’est là un des noms de ce qui serait espace lisse et blanc d’avant tout signe.

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Les séances en VO en avril 2015 à Madiana

 mardi 28 / mercredi 29
LA PROMESSE D’UNE VIE
Synopsis
La Promesse d’une vie est une épopée d’aventures se déroulant en 1919, 4 ans après la terrible bataille des Dardanelles, dans la péninsule de Gallipoli. Après la mort de sa femme, Joshua Connor, un paysan australien, embarque pour la Turquie sur un bateau. Son but ? Rejoindre ses trois fils et les convaincre de revenir chez eux. En arrivant à Constantinople, le paysan est subjugué et envoûté par la grandeur de la cité, une splendeur qu’il n’imaginait pas, un tourbillon d’animation et de vie, bien loin de sa vie rurale. Pourtant c’est une terre hostile qui a englouti ses enfants. Il est aidé dans ses recherches par un jeune garçon, Orhan, et sa mère, Ayshe. Joshua doit parlementer et convaincre les troupes britanniques d’accéder au champ de bataille pour trouver ses fils parmi des milliers de cadavres. Une quête dont l’aboutissement est le deuil .
Cinéman
La Promesse d’une vie se regarde comme une grande et belle carte postale, dans le format et les couleurs du cinéma américain populaire. Au menu donc : de beaux paysages australiens et turcs, un héros en creux qui a renié Dieu, un bambin pour l’humaniser, un climax spectaculaire pour redynamiser la chose, sans oublier la mention « histoire vraie » en ouverture et une amourette poussive pour le happy end.

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« Nous étions 550 à bord… et j’ai déboursé 2 100 dollars »

— Par Émilien Urbach —

boatpeopleDans les rues de Paris, les réfugiés aux trajectoires multiples ont tous en commun d’avoir été confrontés au commerce odieux des passeurs. 
Entre les mafias organisées, la complicité des autorités locales ou encore les transits à dos d’âne, leurs récits révèlent une réalité complexe.

Son visage noir tanné par la fatigue émerge d’un sac de couchage vert foncé. Ils sont quatre, emmitouflés dans des duvets et couettes de récupération, au milieu de centaines de tentes Quechua, sous un pont de fer, à deux pas de la station du métro La-Chapelle, à Paris. Tesfay a 26 ans et arrive d’Érythrée. Il se réveille de sa deuxième nuit parisienne après un périple de cinq mois en partance du Soudan. Quelques centaines de mètres plus bas, Tisoko, un jeune Malien de 16 ans, se réchauffe sur un banc aux premiers rayons de soleil, le long du canal Saint-Martin. Comme Tesfay, il a traversé la Méditerranée dans un de ces bateaux en provenance des côtes libyennes. Non loin de là, deux jeunes Indiens attendent également de pouvoir entrer à la permanence d’accueil et d’orientation des mineurs isolés étrangers.

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« Un obus dans le coeur » : mort et renaissance dans le silence de la mère

—Par Roland Sabra —
obus_ds_le_coeurC’est un moment d’émotions d’une rare intensité que nous a offert Hassane K. Kouyaté en programmant Un obus dans le coeur, le magnifique texte de Wadji Mouawad interprété par Julien Bleitrach qui signe la mise en scène avec Jean-Baptiste Epiard. C’était une nuit. Une nuit de rage. Une tempête sur la ville et dans la tête. Il neigeait et elle agonisait sur un lit d’hôpital.   Le téléphone avare de mots avait juste lancé : « Viens vite !  » Elle ? La mère ! Lui, Wahab le fils se dit : « Ma mère meurt, elle meurt, la salope, et elle ne me fera plus chier ! »» mais aussi : « Le clignement de mes yeux fait fondre le givre de mes cils et c’est l’hiver au complet qui pleure sur mon visage « . Même attendue, la mort est toujours une surprise. Elle survient au détour d’un chemin. « Nawal. J’étais dans l’autobus. Sawda, j’étais avec eux! Quand ils nous ont arrosés d’essence j’ai hurlé :  Je ne suis pas du camp, je suis comme vous!

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