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Moi Pirandello, la vie , l’amour, la mort et le théâtre…

Axel de Booseré— Par Roland Sabra —
moi_pirandello-3L’amour, la mort, la disparition, la guerre des sexes et toutes les rêveries plus ou moins cauchemardesques afférentes à ces thèmes traversent l’œuvre de Pirandello et Jean-Claude Berutti nous en livre avec brio un aperçu laissant le spectateur dans une tension irrésolue, entre portrait théâtral de Luigi Pirandello et questionnement philosophique autour de l’identité, l’aliénation, le fantastique, le vrai, le faux, le théâtre dans le théâtre. Le portrait de l’écrivain sicilien est brossé à l’aide de quelques unes des figures les plus connues des œuvres pirandelliennes, issues de « Ce soir on improvise », « L’homme à la fleur à la bouche », « Je rêve, mais peut-être pas », «  Colloque avec des personnages ».

Les deux premières pièces sont très connues, les autres un peu moins. Au début du spectacle «  Ce soir on improvise ». Un metteur en scène, Hinkfuss, se présente. Il indique au public que les acteurs, à partir d’un canevas de Pirandello, vont improviser un drame familial. » Jouant cette histoire sicilienne, les acteurs sont constamment interrompus par Hinkfuss: « C’est un véritable despote.

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André Aliker, un crime resté impuni

— Par Pierre Sabourin, psychiatre, psychanalyste —
un_petit_matinUn petit matin, de Simonne Henry Valmore. Éditions Vents d’ailleurs, 104 pages, 16 euros.

Conteuse psychanalyste, Simonne Henry Valmore enrichit son évocation première de l’affaire Aliker par une mise en scène qui est ici théâtralisée, où le héros se fait accoucher par Lacan.

En résonance avec la grande saga poétique d’Aimé Césaire, son Cahier d’un retour au pays natal, voici une romancière d’aujourd’hui, Simonne Henry Valmore, qui revient vers nous avec une étonnante réalisation. Comme un roman initiatique, elle nous subjugue avec son improbable rencontre entre Jacques Lacan, le Maestro, en pleine forme dans son activité publique de consultant à l’hôpital Sainte-Anne, et ce patient inconnu qu’on lui présente. Troublé par cet homme noir étrange, sorcier inspiré, dit le Massaï, il va ensuite le rencontrer chez lui, et alors « le plus grand docteur des âmes de Paris se met à broyer du noir (rires) ». Ses dialogues entre le Maître et Gloria, sa fidèle sténotypiste, entament cette plongée à double entrée : l’univers très privé de cette figure de l’intelligentsia française et l’histoire d’enfance de cet enfant créole qui, sur une plage du Nord Caraïbe, la plage aux oursins, a découvert, un petit matin, le corps d’un homme ligoté des pieds à la tête, bâillonné, assassiné : le journaliste André Aliker, communiste de la première heure, aimé, admiré de tous.

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Cyclones : De bruit et de fureur !

– par Janine Bailly –

cyclones-1D’abord, il y a le bruit. Ruissellements d’eaux tandis que l’on prend place, grincements de portes, fenêtres et tôles malmenées par un cyclone en approche, hurlements du vent, orage qui gronde dans la colère du ciel : la bande sonore ne nous laissera que peu de répit, qui nous accompagnera au long du récit, coupée de quelques brusques et rares interruptions laissant place à un épais silence, trou noir chargé de toutes les choses non encore dites.

Puis sort de l’obscurité un corps, corps replié, tout en contraction sur soi-même. Puis sort du sombre un visage plus sombre encore, qui garde à peine figure humaine, yeux exorbités dans une hallucinante fixité. Et le corps se met en mouvement, si lourd, corps d’un reste de femme, sorcière ou fantôme caché de grises guenilles, aux pieds et aux mains quelques bandages qui suggèrent une indéfinissable altération physique : oui, c’est une femme encore, et elle boit (pour conjurer la peur ? pour exorciser de vieux démons ? pour faire front quand hurle la nature et que déferlent les souffrances ?).

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Festival des petites formes

Du 19 au 27 février 2016

festival_petites_formesUn nouveau rendez-vous théâtral de Tropiques Atrium Scène nationale !

Spectacles à Tropiques Atrium, en communes – Ateliers – Lectures…

La présence de Philippe Caubère, acteur majeur de la scène française !

Avec le soutien de la SACD

Présentation

Pour sa première saison, Tropiques Atrium Scène nationale créée le Festival des petites formes organisé du 19 au 27 février à Fort-de-France et dans plusieurs communes du territoire martiniquais.

Inscrit au cœur d’un trimestre placé sous le signe des écritures contemporaines, Tropiques Atrium a souhaité faire de ce festival un temps fort de sa programmation théâtrale et le lieu de découverte de ce format artistique offrant non seulement une souplesse particulièrement adaptée au contexte territorial et social martiniquais mais également une proximité précieuse entre artistes et spectateurs.

Cette première édition mettra l’accent sur les monologues, les Seul en scène, sur les cheminements qui conduisent des questionnements intimes aux problématiques sociétales. Créations, diffusion hors-les-murs dans plusieurs communes et auprès des publics empêchés, résidence d’auteur, ateliers d’écriture en milieu scolaire, lectures, masterclasses rythmeront le festival afin de toucher une diversité de publics et de nourrir le goût du théâtre.

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Sony Labou Tansi : une œuvre majeure d’une évidente actualité

sony_labou_tansi-2Entretien avec Bernard Magnier

Le Tarmac : Pouvez-vous nous dire comment est née l’idée de ce spectacle ?

Bernard Magnier : C’est une commande du comédien et metteur en scène Hassane Kouyaté qui souhaitait depuis longtemps aborder l’œuvre de Sony Labou Tansi. Nous en avons parlé et de cet échange est née l’idée d’un spectacle qui présenterait l’itinéraire de l’écrivain et tenterait une traversée de l’œuvre. En outre, pour le 20e anniversaire de sa mort, il me semblait important de saluer cet écrivain qui, en quelques années de création romanesque et dramaturgique, a bouleversé la scène littéraire africaine.

Comment avez-vous rencontré Sony Labou Tansi ?

J’ai lu en 1979, son premier roman, La Vie et demie. Ce fut un choc. Il y avait là quelque chose de neuf, tant dans le propos que dans la manière de le dire ou, plus exactement, de le crier. J’ai tout de suite souhaité entrer en contact avec l’auteur pour un entretien et lui demander des poèmes car je constituais à l’époque une petite anthologie pour la revue Encres Vives. Je lui ai écrit par l’intermédiaire de son éditeur.

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« L’expulsion de Chine de notre consœur Ursula Gauthier est injustifiable »

liberte_de_la_presseNous nous élevons contre le traitement injurieux réservé par la République populaire de Chine à la correspondante à Pékin du magazine « L’Obs », Ursula Gauthier. Après avoir subi une campagne d’insultes dans les médias officiels et essuyé des menaces de mort postées sur sa page Facebook, celle-ci vient de se voir signifier par les autorités chinoises son expulsion du pays le 31 décembre à minuit. Nous déplorons par ailleurs l’apparente volonté des autorités françaises de ne pas faire de vagues autour de cette expulsion injustifiable.

Ursula Gauthier est singulièrement accusée par Pékin d’avoir « encouragé le terrorisme » dans un article publié le 18 novembre sur le site de l’hebdomadaire « L’Obs », et en conséquence de ne pas être « apte » à travailler comme journaliste en Chine. La situation est digne d’un roman de Franz Kafka. Les autorités communistes exigent d’elle « une autocritique » en bonne et due forme, pour des propos qui lui sont faussement attribués.

L’article qui lui est reproché traite de la situation au Xinjiang, une vaste région de l’ouest du pays où s’affrontent, depuis de nombreuses années, la police et l’armée chinoise, d’un côté, et une frange militante de la « minorité ethnique » ouïgoure, turcophone et majoritairement musulmane, de l’autre.

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« Nous irons voir Pelé sans payer » version longue en DVD disponible!

nous_irons_voir_pele-2A la veille du 45eme anniversaire du fameux match, le 23 janvier 2016, le DVD « Nous irons voir Pelé sans payer » (version longue) est disponible depuis Noël à la Librairie Antillaise ou en commande via le site lamaisongarage.fr.

Le 23 janvier 1971 à l’initiative de la ligue martiniquaise de football fut organisé à Fort-de-France une rencontre entre la sélection de la Martinique et le Santos FC, le mythique club de foot de São Paulo avec le non moins mythique “roi Pelé” et près de la moitié des joueurs brésiliens qui venaient de conquérir pour la 3ème fois le titre de champions du monde de football. C’est un peu comme si aujourd’hui le Real de Madrid allait jouer contre une sélection régionale française.
Cela peut sembler aujourd’hui incongru mais, à l’époque, de grandes équipes aussi bien européennes que sud-américaines faisaient de temps à autre des tournées qui les menaient jusqu’aux Antilles. Mais aucune n’avait le prestige du Santos et de son leader Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé.
Pour la ligue, nouvellement rénovée après une grosse crise, cette belle affiche négociée à prix d’or était l’occasion de marquer les esprits.

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Jean Khalfa : «Fanon analyse le système colonial comme un internement»

— Par Sonya Faure —

Connu pour son œuvre sur l’identité comme «Peau noire, masques blancs», l’intellectuel anticolonialiste était aussi un des précurseurs de l’ethnopsychiatrie. Un éclairage essentiel sur les rapports entre colon et colonisé. Des textes inédits publiés par La Découverte.

Jean Khalfa : «Fanon analyse le système colonial comme un internement»

Frantz Fanon naît il y a quatre-vingt-dix ans en Martinique, et meurt trente-six années plus tard d’une leucémie, à Washington. Trente-six ans seulement, et Fanon a eu le temps de s’engager contre le nazisme au sein d’un bataillon de la France libre, pour l’humanisation des hôpitaux psychiatriques ou pour l’indépendance de l’Algérie – il rejoint le FLN en 1954. Trente-six ans et beaucoup de textes devenus cultes pour ce psychiatre, figure de la décolonisation. Paru en 1961, les Damnés de la terre devient vite la bible révolutionnaire des luttes anticoloniales et du mouvement pour les droits civiques. Dans les années 80, c’est Peau noire, masques blancs (1952) qui alimente les cultural studies qui questionnent les identités et les représentations raciales. Fanon était, avant tout, lu et célébré dans les pays anglo-saxons.

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Itinéraire d’un prénom enchanté…

— Par Guy Flandrina —

cultierA compter du 18 décembre 2015, la Martinique commémorera, dans les jardins du Parc Floral de Fort-de-France, les 30 ans de la disparition de Marius CULTIER. Célèbre pianiste martiniquais qui tirait sa révérence le 23 décembre 1985.

Ses filles, Ayule et Laïni CULTIER -initiatrices du projet- seront présentes pour l’occasion.

Le prénom Laïni est l’objet d’une légende cultivée par des amis d’Eugène MONA.

Ce dernier parle de la fille de Marius CULTIER et de son épouse Gisèle dans « Bibon dachine » ; mythes et vérité d’un prénom chanté et d’une amitié avérée.

A l’occasion d’une rencontre, à Paris, avec Christian BOUTANT −Délégué régional de la Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique (SACEM)− Laïni CULTIER, lui confie : « Tu sais, mon père était très africain ! A une époque où tout un chacun se voulait blanc, voulait se blanchir, lui, se vivait nègre revendiquant son héritage africain ». Et la fille de notre talentueux pianiste de proclamer : « d’ailleurs, mon prénom est africain ».

Et de fil en aiguille cette conversation devient une invitation à refaire un voyage en terre charentaise afin de découvrir l’historique d’un prénom.

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« La traversée », de Xavier Orville, avec Lucette Salibur

— Par Roland Sabra —
affiche_traverseeC’est un conte réaliste entre lumières vives et ombres noires au moment où le jour le dispute encore à la nuit. Elle est seule dans le creux du tronc d’un arbre de vie, desséché dont les branches portent les portraits des figures de sa vie. Elle nous dit la solitude et la misère d’existences qui peinent à être au monde sous le poids de dominations qui durent et qui perdurent de si loin qu’on en connaît plus le pourquoi mais dont on souffre encore et en corps le comment. Sans fin. Jusqu’à présent. Elle ira vers les autres, ses sœurs de douleurs. Ces vies en souffrances ce sont celles de six femmes d’un ici repérable à un lieu que l’on pourrait croire précis et localisable mais qui par ce qu’elles disent outrepassent nos petites frontières, qu’elles soient géographiques ou sociales. Elles disent haut et fort ce qui a été tu pendant tant de siècles. Elles disent la pauvreté et l’oppression. Elles appellent à la solidarité. Et c’est une enfant, Chloé, la verdoyante, l’herbe naissante, la déesse des moissons à venir en grec ancien, qui les invite à une traversée vers un monde où elles pourront être non seulement écoutées mais entendues, un monde dans lequel les chants du malheur ignoré se métamorphoseront en espérances et assurances d’accomplissement.

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Carnation et incarnation au théâtre vues par Patrick Chamoiseau

patrick_chamoiseauCet article a été initialement publié sur africultures.com, que nous vous invitons à visiter.

Patrick Chamoiseau, célèbre écrivain martiniquais, prix Goncourt pour Texaco en 1992, l’un des représentants de la Créolité avec Raphaël Confiant et Jean Bernabé, disciple inconditionnel d’Édouard Glissant, est indéniablement plus connu pour son œuvre romanesque que pour son œuvre théâtrale. Beaucoup ignorent en effet que l’auteur de Solibo le magnifique et Biblique des derniers gestes est aussi dramaturge. Ses pièces témoignent de l’intérêt de l’écrivain pour le conte, la langue créole ainsi que de son engagement politique contre le colonialisme et le néo-colonialisme : il s’inspire du théâtre grec antique avec sa première pièce écrite en 1975, une adaptation d’Antigone de Sophocle transposée dans le contexte indépendantiste martiniquais des années 70 ; il oppose les représentantes de la tradition orale antillaise et occidentale avec Manman dlo contre la fée Carabosse publiée en 1982; il confronte les croyances populaires antillaises au rationalisme cartésien dans Un dimanche avec un dorlis, pièce jouée en 2004 au festival d’Avignon dans une mise en scène de Greg Germain. Son théâtre offre aussi des réflexions sociologiques et politiques sur le monde du théâtre aujourd’hui, comme en atteste sa dernière pièce Audition sur l’esclavage, écrite en 2005 et encore inédite, où Chamoiseau s’interroge sur la couleur de peau au théâtre, sur le lien problématique entre carnation de l’acteur et incarnation du personnage.

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En novembre, un autre cinéma sur d’autres écrans

— Par Janine Bailly —

cine_autrementBelle initiative que celle de Steve Zebina, notre fringant Monsieur Cinéma, toujours actif et jamais à court d’idées qui, en lien avec le Martinique Jazz Festival, nous a ouvert par trois fois la Case à Vent, à un horaire insolite, au sein de Tropiques-Atrium. En effet, c’est à treize heures que nous étions conviés, “avec notre sandwich” (je cite Steve), à une pause cinématographique et musicale, comme en une oasis de fraîcheur et de bonheur aux heures chaudes de la journée. Proposition intrigante, un brin inquiétante peut-être : se trouverait-il un public pour répondre à la proposition ? Ou bien nous retrouverions-nous quelques-uns épars devant la toile, comme il m’est arrivé parfois de le vivre à Fort-de-France ? Non ! Pari tenu ! Si les messieurs se comptaient sur trois doigts d’une main, les dames ont bien répondu “présentes”. Dames grisonnantes libres de leur temps certes, mais aussi jeunes femmes qui avaient su ou pu se rendre disponibles, à ce moment qui les voit plutôt traditionnellement confinées aux repas familiaux !

Mardi, ce mini-cycle rendait un hommage oh combien émouvant à Billie Holiday, avec en point d’orgue la chanson “Strange Fruit” qui, plus de cinquante ans après la tragique disparition de sa créatrice, continue de nous atteindre au plus profond du cœur et de la raison.

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Cinéma sous les étoiles & « Tribute to Toto »

cine_ss_etoilesSamedi 28 novembre 2015, 20h  à Fonds St-Jacques

Cinéma sous les étoiles
Samedi 28 novembre 2015, 20h
« Tribute to Toto »
Mois du film documentaire en partenariat avec Tchoc en doc
Dans le cadre du Mois du Film documentaire, Le Domaine de Fonds Saint-Jacques – Centre culturel de rencontre – propose une rétrospective autour de Toto Bissainthe, grande voix de la musique haïtienne, grande figure militante & artiste d’avant-garde.
Toto Bissainthe a chanté avec ferveur « la pétillante misère du peuple » contre toutes les injustices.
Elle considérait sa musique comme « une main tendue à toutes les mains blessées du monde ».
Elle reconnecta Haïti « maman liberté », la première république noire, à la Caraïbe et à l’Afrique, lors de tournées mémorables.

Exposition multimédia
« An’n Alé, en avant Haïti ! », l’exposition itinérante en hommage à la grande voix haïtienne Toto Bissainthe, fait escale au Domaine de Fonds Saint-Jacques,
du 28 novembre au 18 décembre 2015.
Vingt ans après sa mort, sa fille, Milena Sandler, directrice de la Fondation Haïti Jazz, a décidé de lui rendre hommage à travers une exposition itinérante.

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Attentats parisiens : de nouvelles réactions

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Paris, 1983

Dany Laferrière à Paris – Première journée

Je marche
de jour comme de nuit
dans Paris
depuis si longtemps déjà
que je me demande
qui habite l’autre
toujours ému de savoir
qu’un poète nommé Villon
l’a fait avant moi
qu’un libérateur comme Bolivar
y a séjourné en dandy
que mon jeune voisin Jean de la rue Masson
a fêté son vingtième anniversaire jusqu’à l’aube
dans un bistro situé en face
d’une petite place faiblement éclairée.

J’aime savoir qu’il existe une ville
où les femmes aiment marcher de nuit
sans s’inquiéter des ombres et aussi parce qu’on y
trouve une station de métro avant la fatigue.
J’aime flâner dans une ville où les quartiers contrastés
fleurissent au bout de nos rêves.

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Attentats parisiens : intervention policière à Saint-Denis

policeDes tirs nourris, un centre-ville bouclé et survolé par un hélicoptère: un assaut policier d’ampleur mercredi à Saint-Denis, aux portes de Paris, a visé Abdelhamid Abaaoud, planificateur présumé des attentats qui ont fait 129 morts vendredi.

Lors de l’intervention terminée en milieu de matinée, deux forcenés sont morts, selon des sources policières, dont une femme qui s’est fait exploser, un acte sans précédent. Elle « a activé son gilet explosif au début de l’assaut », mené dans un appartement de Saint-Denis, non loin du Stade de France où l’un des attentats a été mené, a annoncé le procureur de la République de Paris, qui n’a confirmé que ce décès.

Abdelhamid Abaaoud, jihadiste belge de 28 ans, est recherché depuis janvier. Surnommé Abou Omar Soussi ou Abou Omar al-Baljiki, ce membre de l’organisation État islamique (EI), qui a revendiqué les pires attentats de l’histoire de France, est soupçonné d’avoir également projeté des attaques en Belgique. Jusque-là, les enquêteurs le localisaient en Syrie.

Les policiers d’élite du Raid ont extrait trois hommes de l’appartement, aussitôt placés en garde à vue, a précisé le procureur.

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Alerte rouge !

— Par Yvon JOSEPH-HENRI, président de l’Association A3C (Association des Consommateurs et des Citoyens de la Caraïbe)—
Trois heures pour joindre le Robert depuis Fort-de-France, bloqué pendant des heures au niveau de Sainte Thérèse avec des enfants, petits, à bord ! Et que dire des automobilistes paniqués, bloqués sur la plaine de Rivière Salée, dans l’incapacité de rebrousser chemin et qui voyaient l’eau monter ?!
Que l’eau monte, c’est une évidence de mémoire d’hommes dans un pays balayé à certains moments par les tempêtes tropicales et les cyclones. Mais ce qui s’est passé ce vendredi 6 novembre pose plusieurs problèmes non seulement récurrents mais qui s’aggravent.
1. Les embouteillages
2. Les alertes
3. La signalisation totalement inexistante
4. L’absence de mobilisation de véritables forces d’intervention sur le terrain.
Lorsque le passage d’une zone de pluie comme celle que nous avons connue met en évidence un tel désordre, et l’alliance de tous ces facteurs dont aucun n’a été véritablement amélioré au cours du temps, il y a de quoi s’interroger sur le degré réel de capacité de notre société à répondre aux risques majeurs et sur notre avenir.

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Corto Maltese. « Et nous reparlerons des gentilshommes de fortune »

— Par Michaël Mélinard —

cortomaltesse20 ans après la mort de son créateur Hugo Pratt, Corto Maltese revient pour une nouvelle aventure concoctée par Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero. Retour sur la vie du plus célèbre marin de bande dessinée que ses voyages ont confronté aux soubresauts du siècle.
Les héros sont éternels. Ainsi, Corto Maltese dont on ignore s’il est bel et bien mort, ressuscite, 20 ans après la disparition de son créateur Hugo Pratt, sous la houlette de deux auteurs espagnols, le scénariste Juan Diaz Canales et le dessinateur Ruben Pellejero dans « Sous le soleil de minuit ».
Ce personnage de marin solitaire, instantanément identifiable, dépasse largement le cadre de la bande dessinée. Il est devenu un mythe littéraire qui lui vaut nombre d’ouvrages, d’adaptations cinématographiques et même quelques chansons. Visage anguleux, créole à l’oreille gauche, redingote bleu nuit, casquette de marin, Corto Maltese cultive certes sa liberté et son indépendance. Mais il ne s’interdit pas, au gré de ses nombreuses rencontres, de s’engager pour des causes.
Pratt lui a fait vivre 29 aventures (dont une partie fut publiée dans « Pif » entre 1970 et 1973), réunies en 12 albums depuis sa création en 1967.

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Splendeurs et misères. Images de la prostitution, 1850-1910

Au Musée d’Orsay.

« Pierreuses » officiant clandestinement sur des terrains vagues dans les profondeurs de la nuit, filles « en carte » et « insoumises » racolant dans l’espace public, « verseuses » employées par des brasseries à femmes, pensionnaires de maisons closes, courtisanes recevant leurs admirateurs dans leur luxueux hôtel particulier… au XIXe siècle, la prostitution revêt de multiples visages.

Ce caractère protéiforme et insaisissable n’a cessé d’obséder romanciers et poètes, dramaturges et compositeurs, peintres et sculpteurs. La plupart des artistes du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle ont porté leur regard sur les splendeurs et les misères de la prostitution, celle-ci devenant également un motif d’élection pour les media naissants, tels que la photographie puis le cinématographe.

C’est en particulier à Paris, entre le Second Empire et la Belle Epoque, que la prostitution s’affirme comme sujet dans des oeuvres se rattachant à des courants aussi divers que l’académisme, le naturalisme, l’impressionnisme, le fauvisme ou l’expressionnisme. La ville est alors en pleine métamorphose : nouvelle Babylone pour certains, « Ville Lumière » pour d’autres, elle offre aux artistes quantité de lieux nouveaux (salons de la haute société, loges d’opéras, maisons de tolérance, cafés, boulevards…) où observer le ballet codé des amours tarifées.

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Prestations mitigées d’anciens danseurs de Preljocaj

Memento Vivere de Sylvain Groud

Memento vivere Sylvain Groud— Par Selim Lander —

« Memento mori », disaient les anciens : n’oublie pas la mort, souviens-toi que tu es mortel. Mais la maxime inverse doit être prise tout aussi au sérieux : « memento vivere », n’oublie pas de vivre ! C’est elle qui est censée inspirer la pièce de Sylvain Groud, sur une musique de Steve Reich avec l’adjonction d’une vidéo de Grégoire Korganow. La vie c’est le souffle. Le spectacle commence donc avec la projection sur un écran blanc de l’image de un, deux, trois puis quatre personnages (deux hommes et deux femmes) debout, immobiles, en train de souffler bruyamment. On nous laisse plus que le temps pour contempler cet écran qui ne se remplit que très lentement et ce prologue paraît interminable. Enfin les danseurs que l’on a vus en vidéo apparaissent sur la scène et commencent à se livrer à divers mouvements – tenant plus de la gymnastique que de la danse – sur un bruit de castagnettes. Coordonnés ou pas, comme chaque danseur se livre à ses exercices dans son coin, il ressort plutôt de cette première séquence une impression d’improvisation. 

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Preljocaj fait sa fête

— Par Selim Lander —

P1010987Pour fêter le trentième anniversaire de sa compagnie, Angelin Preljocaj a gâté la ville d’Aix (qui l’accueille depuis  1996 et a confié à Rudy Ricciotti le soin de lui bâtir un lieu, le Pavillon Noir, devenu emblématique de la nouvelle Aix, moderniste. Au programme des réjouissances, Retour à Berratham créé en Avignon et présenté ces jours-ci dans le Grand Théâtre de Provence (GTP) dont la scène possède les dimensions requises ; les deux pièces créées pour le New York City Ballet (dont nous avons rendu compte dans notre précédent billet) ; et, au Pavillon Noir, réparties sur trois soirées, quatre pièces créées par des membres actuels du ballet Preljocaj ainsi que quatre chorégraphies d’anciens danseurs du ballet.

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Souffrance au travail : évaluation individualisée des performances et tournant gestionnaire

travail_souffranceRetranscription : Isabelle Aubert-Baudron

Christophe Dejours, vous êtes psychiatre, titulaire de la chaire de psychanalyse santé travail au Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris, vous êtes responsable de l’équipe psycho-dynamique du travail et de l’action, vos travaux portent donc sur la souffrance au travail, en cause selon vous le tournant gestionnaire des années quatre-vingt, qui a donné une emprise de plus en plus importante à l’évaluation individualisée des performances, au contrat d’objectifs, résultat un collectif atomisé, vous êtes donc parfaitement dans le thème de cette semaine.

Alors tout d’abord, Christophe Dejours, une première question,une question rituelle: à la lumière de vos travaux, dans quelle mesure assiste-t-on, selon vous à une crise du collectif, et à quelles conditions pourrait-on en sortir pour donc refaire l’histoire ?

Christophe Dejours: En une seule réponse ?

France culture : On a trente-cinq minutes.

CD: Oui, je pense que le travail est un bon analyseur de la situation. C’est effectivement dans les dernières décennies que des transformations importantes ont été introduites dans des méthodes d’organisation du travail, et que ces méthodes ont une incidence majeure justement sur la vie du collectif.

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Le plasticien guadeloupéen Michel Rovelas pousse son cri inarticulé

Le plasticien guadeloupéen Michel Rovelas prépare ses deux prochaines expositions qui auront lieu en Guadeloupe et en Martinique au mois de janvier 2016

fanfan_rovelas— Par Max Pierre-Fanfan, Journaliste/Réalisateur, Ecrivain

Tel Lyncée perçant du regard les entrailles de la terre, Michel Rovélas projette sa vision ontologique dans les replis de la psyché antillaise. Ce créateur guadeloupéen, septuagénaire vif et sage tout à la fois, se donne pour tâche de permettre l’expression d’une identité antillaise longtemps contrariée, parfois niée; tout en l’inscrivant dans une relation avec la permanence et l’unité de l’Etre.
« Il s’agit, tout  d’abord, de prendre conscience de notre héritage, d’apprendre à se connaître, puis d’asseoir la domination de l’esprit », confie-t-il. Car la quête n’est plus, dans cette partie du monde, d’épices, ni d’or vierge, mais comme aux bouges de la vie, le germe même sous sa crosse, le timbre même sous l’éclair ou au foyer de sa force l’étincelle même de son cri..
Ainsi, l’art pictural, plutôt qu’un stock de poncifs à copier, fournit à cet artiste le moyen d’une introspection pour la reconquête de son authenticité et de son unité existentielles.

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11 août 2015 : le centenaire de Suzanne Roussi

Le centenaire d’une pionnière

— Par Culture & Égalité* —

suzanne_roussi

« …Ma mère, assise, à la nuit tombée, auprès de nos lits,
Villa Week-End, Petit Clamart,
pour nous conter l’histoire éternelle, celle de Koulivikou, qui n’avait pas de fin
et dont elle inventait la suite chaque soir…
Ma mère militante avide de liberté,
sensible à toutes les douleurs des opprimés,
rebelle à toutes les injustices,
éprise de littérature et férue d’histoire,
nous imposant le silence lorsque notre père travaillait,
écrivant inlassablement, de sa mystérieuse écriture,
sur des feuilles blanches à l’en-tête de l’Assemblée nationale.
Ma mère, enseignante appréciée, bien que longtemps surnommée
la « Panthère Noire » par certains de ses élèves,
occupant toutes ses soirées à corriger des copies,
souvent agrémentées de dessins par les plus jeunes d’entre-nous,
Ce dont, loin de nous gronder, elle s’amusait.
Ma mère active féministe avant la lettre,
attentive à chaque progrès de la libération des femmes.
« Ta génération sera celle des femmes qui choisissent » m’a-t-elle dit un jour… »

Ina Césaire. Suzanne Césaire, ma mère

L’ENFANCE
Jeanne Anna Marie Suzanne Roussi naît le 11 août 1915 à La Poterie, aux Trois Ilets, où résident alors ses parents : Benoît Roussi, géreur à la fois de l’habitation sucrière et des ateliers de fabrication de pots, briques et carrelage de La Poterie et Flore, son épouse, née William, institutrice sur le même site, au plus près de la rue cases-nègres.

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De retour d’Avignon

— Par Dominique Daeschler —

avignon_2015_finCette cuvée 2015 du festival d’Avignon paraît décevante dans son ensemble. Beaucoup de témoignages (immigration et sans papiers, racisme, chômage, guerres et violences policières) qui ne passent pas la barre du théâtre et restent dans une dimension « reportage » ou « jeu au public » abordant la fable brechtienne dans son aspect le plus élémentaire sans apport spécifique de mise en scène et de dramaturgie. Enfin, l’altérité édictée en credo n’atteint pas toujours son but dans des spectacles redondants (Retour à Berratham), hétéroclites (Cuando vuelva a casa), brouillons(le bal du cercle).

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Dinamo (in)

Trois argentins (C Tolcachir, M Hermida, L Perotti) membres du théâtre école Timbre 4 cosignent texte et mise en scène d’un huis clos entre trois femmes dans une caravane : Ada chanteuse en mal d’inspiration et de contrats, Marisa sa nièce ex championne de tennis et Harima clandestine planquée dans ce petit espace. Toutes trois sont confrontées à la solitude, au manque d’avenir, aux réminiscences obsessionnelles du passé. C’est Harmina qui parle une langue inconnue (petit clin d’œil à l’espéranto) qui i rassemblera le trio dans la possibilité de vivre au présent.

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Avignon 2015 (7) : Les fâcheux – Koltès, Molière

« Sous quel astre bon dieu faut-il que je sois né
Pour être de fâcheux toujours assassiné ? » (Molière)

Dans la solitude des champs de Coton

Koltès

— Par Selim Lander —

Qui ne connaît le titre, au moins, de cette pièce de Bernard-Marie Koltès montée pour la première fois en 1987 par Patrice Chéreau (auquel justement la Fondation Lambert rend hommage par une exposition en Avignon) ? Dans la solitude des champs de Coton est jouée aujourd’hui et pas par n’importe qui, puisque le comédien dans le rôle du client est celui-là même pour qui Koltès écrivit La Nuit juste avant les forêts et qui l’a créée, en 1977. Mais revenons au Champ de coton. Deux personnages se rencontrent la nuit, dans un lieu obscur : le « dealer » (mais le mot n’est pas prononcé ; il se dit simplement prêt à satisfaire tous les désirs, sans préciser lesquels) et le « client », lequel prétend aller à ses affaires et n’avoir besoin de rien. Il se revendique comme étant du monde d’en haut, où l’on travaille suivant des règles strictes dans des bureaux éclairés à la lumière électrique, contrairement à son interlocuteur qui se plaît dans la noirceur et se livre à des trafics de toute façon inavouables.

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