— Par Axel Artheron —
Lorsque l’on se penche sur les dramaturgies caribéennes francophones contemporaines, force est de constater la vitalité ainsi que la richesse d’un champ qui se définit désormais en parfaite autonomie du champ littéraire. En effet, contrairement aux dramaturgies caribéennes dites « classiques » – il faut entendre par là les œuvres fondatrice du théâtre caribéen francophone qui de Césaire à Placoly, Condé ou Schartz-Bart ont participé à la mise en place d’un répertoire théâtrale en langue française de 1950 à 1990 – qui étaient le fait d’écrivains d’abord consacrés par la littérature avant d’aborder les côtes de l’écriture dramatique[1], ces dramaturgies contemporaines dessinent un archipel de textes et de formes dont la particularité est de circonscrire un champ artistique spécifique. En d’autres termes, l’écriture théâtrale contemporaine relèverait d’une aventure scripturale, esthétique, socio-artistique spécifique et indépendante des schèmes, structures et réseaux de la littérature. Les figures et œuvres de Gael Octavia, Gerty Dambury, Alfred Alexandre, Faubert Bolivar, Guy Régis Junior, Jean Durosier Desrivières, Pascale Anin etc… structurent un système d’écriture répondant à des codes esthétiques propres et des stratégies d’édition, de réception, et de programmation.
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Littératures, Théâtre
À lire, à entendre, « La jupe de la rue Gît-le Cœur », et « Frantz »
— par Janine Bailly —
Connaissez-vous l’Œuf, au 19 de la rue Garnier Pagès à Fort-de-France ? Il y là, tapi entre ses semblables, un vieil immeuble traditionnel qui dormait au cœur de la ville, laissant un fier bananier s’épanouir dans sa petite cour intérieure, laissant tristement s’empoussiérer murs et escaliers, et faisant sous le soleil et la pluie le dos rond. Mais un jour, une association décida de le louer, pour en faire une maison d’artistes. Alors, il se réveilla, rouvrit sur la rue passante ses hautes portes, son balcon et ses volets de bois. Il se fit œuf, œuf où germent non de jaunes poussins, mais des idées, des œuvres, des créations et élucubrations diverses, enfantées par des artistes de tout poil. Ici, chacun est bienvenu, acteur dynamique autant que simple « regardeur » à l’œil toujours en éveil. Ici l’on peut voir, tout ce qui décore le lieu, tout ce qui s’expose, et qui parfois s’offre à la vente. Ici fleurissent sur les murs, sur les marches, sur sols et plafonds, toutes les couleurs de l’arc en ciel. Ici, enfin, l’on peut se rencontrer, on peut entendre.
Théâtre
« Cette guerre que nous n’avons pas faite », m.e.s. Luc Clémentin avec Vincent Vermignon.
Comment jouer des oppositions?
— Par Roland Sabra —
Du texte de Gaël Octavia Janine Bailly recense les interrogations essentielles dans son article « Dernières nouvelles de la guerre ». On s’y reportera avec intérêt. D’autant plus que le dernier mot de « Cette guerre que nous n’avons pas faite » est le mot paix, précédé trois lignes auparavant par ce cri du cœur du faux guerrier désarmé découvrant que l’enfant que sa « trop jeune épouse » à laissé à sa mère avant de partir est une fille : « C’est une fille ? C’est parfait ! Ce sera la première révolution : arrêter de vouloir faire les révolutions sans les femmes. » Alors ? Guerre ou révolution ? Révolution guerrière ou guerre révolutionnaire ? L’interrogation semble secondaire quand sur ce sur quoi elle porte, est le résultat de l’action exclusive des hommes. On ne le sait que trop dés lors que les femmes ne sont tout au plus considérées que comme des auxiliaires de combats menés par les hommes , et ceux là le fussent ils au nom d’une émancipation, la victoire acquise, quand celle-ci daigne arriver, la moitié du ciel, comme disait Mao, est invitée, sinon sommée de retourner aux cuisines de l’histoire.
Théâtre
« Cette guerre que nous n’avons pas faite » : belle traversée, en immersion dans un bar et des mots
12 mai 2017 à 20h. Tropiques-Atrium
Texte : Gael Octavia
Mise en scène : Luc Clémentin
Avec : Vincent Vermignon
— Par Geoffrey Nabavian —
A Lilas en Scène, on a pu découvrir en avant-première, avant sa création à la Scène nationale de Martinique, cette pièce signée Gaël Octavia, lauréate du Prix Etc_Caraïbe/Beaumarchais 2013. Récompense qui nous avait permis de l’entendre lue par Simon Mauclair, aux Francophonies en Limousin 2014… La voici aujourd’hui jouée par Vincent Vermignon dans la mise en scène de Luc Clémentin. Intense, drôle, incantatoire, immersif : Cette guerre… est un bonheur total. Partagé dans un bar…
Une immersion parfaite : voici ce que nous offre, dès l’entrée, Cette guerre que nous n’avons pas faite, spectacle présenté en avant-première, et en sortie de résidence, à Lilas en Scène, avant sa création à la Scène nationale de Martinique/Tropiques Atrium, à venir en mai 2017. Assis à nos tables dans le bar-restaurant où nous dînons, nous voyons tout à coup débarquer un homme dans un halo de fumée. Mis comme un soldat, il entre et commence à jouer avec tout l’espace, au milieu de nous.
Théâtre
« Circulez ! » de José Jernidier
— Par Selim Lander —
Peut-on encore évoquer le malaise antillais (le « problème identitaire ») sans tomber dans le déjà vu alors que ce thème n’a jamais cessé de hanter la conscience des auteurs antillais ? De la déréliction au ressentiment, on a déjà tout lu, tout vu. Il n’est évidemment pas question de nier la réalité du problème antillais, la vérité des sentiments qui s’expriment à ce propos sous différentes formes mais après Césaire (Le Cahier, 1939) et Glissant (Le Discours, 1979), cultiver ce thème s’avère risqué. Cela étant, l’art restera toujours un moyen de se démarquer. En Martinique, par exemple, Chamoiseau parvient à tirer son épingle du jeu grâce à l’originalité de la langue qu’il déploie dans ses récits et Confiant s’en sort également mais sur le registre de la comédie. C’est cette deuxième veine qu’exploite avec un certain bonheur José Jernidier, un auteur guadeloupéen, dans Circulez !. L’humour, parce qu’il implique une distance par rapport au sujet, permet d’éviter la lourdeur de tant de textes qui brodent plus ou moins complaisamment sur le fameux malaise.
Arts Plastiques
Formations artistiques gratuites
L’art, sous toutes ses formes, est pour Métis Gwa, le reflet d’une société et un excellent vecteur de communication des idées fortes permettant les échanges entre les hommes au-delà des frontières.
Depuis 2007, les actions menées tentent de soutenir la culture sur nos territoires d’Outre-mer et au -delà. Elles favorisent un travail sur les liens Art-Culture-Société en vue d’allier création, formation, diffusion et emploi.
Nos actions se veulent à la fois encrées dans la Caraïbe mais également en Europe et à l’International. Métis Gwa organise des Formations artistiques gratuites avec LES CHANTIERS NOMADES ouvertes aux artistes intervenants théâtre (et pour certains modules, aux artistes intervenants danse)…
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Arts Plastiques
4èmes rencontres dramaturgiques de la Caraïbe
Etc Caraïbe
Vendredi 07 novembre EPCC Martinique à 19 h
Présentation des lauréats 2013 et 2014. Lectures publiques (Jean-Durosier Desrivières, Faubert Bolivar, Wilhem Rijo, et Gaël Octavia) EPCC Martinique, 6 rue Jacques Cazotte 97200 Fort-de-France
Samedi 08 novembre EPCC Martinique ( salle Case à vent) à 10h
Emile Lansman nous parlera de l’OIF et de l’OITF ( Organisme International du Théâtre Francophone) et nous présentera les divers dispositifs auxquels les artistes et auteurs peuvent prétendre. EPCC Martinique, 6 rue Jacques Cazotte 97200 Fort-de-France EPCC Martinique ( salle Case à vent)
à 11h Danielle Vendé, directrice d’ETC Caraïbe présentera les programmes de résidences d’écritures ETc Caraïbe, en partenariat avec le CEAD Montréal, la Maison des Auteurs de Llmoges, l’EITB au Bénin, les moyens d’y accéder. Emile Lansman nous parlera de la résience de Marimont centre Wallonie-Bruxelles. EPCC Martinique, 6 rue Jacques Cazotte 97200 Fort-de-France AZWEL à 18h 30 Conférence d’Emile Lansman sur les « nouveaux mythes deu théâtre adolescent ». L’Azwell : centre commercial La fontaine Terreville Schoelcher
Marid 11 novembre Domaine de Tivoli dès 14 h
Banquet des auteurs. Mariage surprise à la clé.
Théâtre
Théâtre – Aperçu des « Francophonies en Limousin »
— Par Selim Lander —
Cela fait trente ans qu’au début de l’automne, à Limoges et dans sa région, se déroule un festival entièrement consacré à des œuvres, le plus souvent théâtrales, d’auteurs appartenant à la Francophonie (exceptionnellement français de l’hexagone). Cette année, sur dix-sept pièces inscrites au programme, cinq venaient du Québec, quatre de Belgique, trois du Congo-Brazzaville, trois autres d’Afghanistan, de Madagascar et de la Réunion. A quoi s’ajoutaient un En attendant Godot ainsi qu’un oratorio d’après Laurent Gaudé (l’auteur du Soleil des Scorta). Le festival prévoit également diverses rencontres, des prix, des lectures. C’est le cas par exemple pour deux pièces récompensées en 2013 par Etc Caraïbes (1) et l’association Beaumarchais : Cette guerre que nous n’avons pas faite de Gaël Octavia et La Jupe de la rue Gît-le-Cœur de Jean-Durosier Desrivières⋅
À Limoges même, les spectacles se déroulent au Théâtre de l’Union (qui abrite un CDN), dans trois CCM (centres culturels municipaux), en tout dans une dizaine de lieu.
En librairie, Jean-Durosier Desrivières
L’Incertain témoigne de la fécondité littéraire des Antilles
Par Selim Lander – Au temps des tablettes et des liseuses, une jeune maison d’édition martiniquaise lance une « revue de création littéraire et critique », sous la forme de petits livres au format de poche (1). L’avenir seul dira si la présentation adoptée par les copistes du Moyen Âge (une liasse de feuilles de même dimension) et continuée depuis sans autres changements que dans les techniques de fabrication, est condamnée à disparaître au profit d’autres supports. En attendant, les chiffres montrent que le papier résiste, car, même s’il est loin de disposer de la capacité de stockage des instruments modernes, il offre un confort de lecture jusqu’ici inégalé. La question de la capacité, au demeurant, importe peu à la plupart des lecteurs qui se satisfont de lire un livre à la fois et n’ont nul besoin de transporter en permanence une bibliothèque avec eux ! Si elle maintient son exigence de qualité, L’Incertain mérite donc d’échapper au sort de tant d’autres revues littéraires créées dans l’enthousiasme mais n’ayant connu qu’une existence éphémère.
Théâtre
« La carte » de Bernard Lagier
— par Roland Sabra —
Une lecture mise en espace salle Aimé Césaire au lycée Schoelcher
Dine Alougbine, le metteur en scène béninois en résidence en Martinique présentait le vendredi 03 février une lecture et une mise en espace d’un fragment de la pièce de Bernard Lagier « La carte » dans la salle de théâtre Aimé Césaire du lycée Schoelcher. Les précédentes mises en scènes des œuvres de Lagier étaient des adaptations de textes par forcément écrit pour le théâtre. Ce n’est pas le cas pour « La carte » et la différence est immédiate, dès les premières phrases on perçoit que l’adresse du texte était clairement présente lors de sa création. Il en résulte une clarté et une limpidité dans l’exposition de la situation, qu’on ne retrouvait pas toujours dans le foisonnement, la luxuriance et quelques fois la démesure de « Moi, chien créole », ou de « L’orchidée violée ». Il est possible que la lecture de Dine Alougbine ait aussi participé à cette épure.
Arts de la scène, Théâtre
Daniely Francisque : « Je me considère depuis quelques années comme un metteur en scène « en chantier »
Daniely Francisque, auteure, metteure en scène, comédienne, danseuse… :
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Daniely Francisque, portrait (photo : Carlotta Forsberg) |
Engagée! Dans toutes les acceptions les plus nobles du terme. D’abord dans son métier dont elle explore systématiquement, avec méthode et détermination toutes les palettes, ensuite dans chaque le mode d’expression retenu, sur scène elle impose avec force une présence dont l’évidence n’est pas à questionner. Les arts de la scène sont pour elle les espaces d’une construction identitaire, artistique et culturelle, qu’elle s’approprie avec un professionnalisme, pas si courant en Martinique. Elle a voulu maîtriser les modalités de l’interview qu’elle nous à accordé et qu’elle considère comme une des dimensions de son métier. Quand elle est interrogée sur son intérêt ou son désintérêt pour ce que tout un chacun connait comme les « auteurs du répertoire », à savoir les Tchékhov, Shakespeare, Brecht, Molière, etc. elle fait semblant de ne pas comprendre la question, quand celle-ci se précise elle cite des auteurs contemporains dont la plupart ont une aura limitée, il faut bien le constater, au champ culturel caribéen. Comme si la recherche identitaire qui la porte était confondue, absorbée par une recherche illusoire des racines ou la quête mythique des origines ( cf.
Théâtre
« L’Enclos de l’éléphant » et « Moi, fardeau inhérent » : choc et re-choc !
— Par Selim Lander —
L’enclos de l’éléphant d’Etienne Lepage
Nouvelle heureuse surprise grâce à ETC-Caraïbe et au festival des Petites Formes, il ne s’agit plus comme avec Françoise Dô (voir notre billet précédent) de l’éclosion d’un talent que nous avions vu bourgeonnant mais de la découverte d’un auteur québécois confirmé à travers sa pièce L’enclos de l’éléphant mise en lecture sous la direction de Lucette Salibur au milieu des spectateurs installés en cercle sur le plateau de la grande salle de l’Atrium. Se trouver ainsi au plus près des deux comédiens-lecteurs rendait encore plus intense cette plongée dans un univers d’une violence extrême quoique purement morale. Impossible de ne pas penser à Big Shoot de Koffi Kwahulé quand on entend cette pièce. C’est le même délire d’un pervers aux propos décousus et aux intentions obscures. On pense également à Congre et Homard de Gaëlle Octavia. Rapprochement d’autant plus inévitable dans ce cas que le même comédien, Dominik Bernard, qui est chargé du rôle de Paul, l’inquiétant personnage de Lepage, interprétait le mari qui joue au chat et à la souris avec l’amant de sa femme dans Congre et Homard.
Théâtre
« L’enclos de l’éléphant » : au piège des mots
— Par Roland Sabra —
Le texte d’ Étienne Lepage a été mis en scène plus d’une fois. C’est dire qu’il rencontre un réel intérêt parmi les gens de théâtre. Étrangeté d’un monde si proche et si lointain.
Après la lecture mise en espace par Lucette Salibur dans le cadre du Festival des Petites Formes, une partie du public dans laquelle, figuraient deux écrivains, a encensé, a couvert d’éloge le texte. Ont même été évoqués Dostoïevski, principalement, et Kafka en mode mineur. Qu’un objet renvoie à autre chose que lui-même est certes un hommage, quand on le compare à plus grand que lui, mais peut être entendu comme la mise en évidence de son manque à être par ce qu’il est intrinsèquement. De quoi est-il question dans ce texte ? Un homme Paul vient sonner à la porte d’une maison bourgeoise pour demander à être héberger le temps d’une averse. Il n’a pas de parapluie dit-il. Alexis, le médecin se laisse convaincre et le fait entrer. Paul affecté d’une diarrhée verbale, d’une incontinence langagière va saisir dans le filet tentaculaire de ses mots le pauvre Alexis et le contraindre à s’humilier.
Arts de la scène, Théâtre
Les premières rencontres dramaturgiques de la Caraïbe
—par Michel Dural* —
Du 22 au 24 octobre 2009, les « 1ères Rencontres Dramaturgiques de la Caraïbe » se sont tenues au Lycée Schoelcher dans la salle de théâtre Aimé Césaire, ainsi nommée il y a dix ans, à un moment où ni l’homme Césaire, ni son oeuvre, ni sa pensée ne faisaient l’unanimité à la Martinique. Schoelcher, Césaire, même combat? Le programme de ces « Rencontres… » prévoyait deux Tables Rondes avec comme thèmes « Le théâtre Jeune Public » et « Théâtre et actualité politique ». On ne pouvait rêver meilleur parrainage.
Ni meilleur espace que cette petite salle, avec ses murs noirs, son parquet noir et ses gradins rouges, où, depuis dix ans, les élèves martiniquais passionnés de théâtre apprennent à lire, à regarder, à jouer du théâtre, et à en parler.
Ils étaient là, d’ailleurs, ces élèves, dans les gradins où l’on aurait souhaité voir au moins quelques uns de ceux qui, à la Martinique, ont en charge le développement culturel et la promotion du spectacle vivant.
Ils étaient là sur scène, aussi, puisque c’est l’Option-théâtre du lycée qui ouvrait la manifestation par la lecture-mise en espace de « La robe de Gulnara », une pièce de l’un des auteurs invités, Ia québécoise Isabelle Hubert.