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Le retour de Duvalier.

— Par Jacky Dahomay—
la_faucheuse-3Ce texte, sans doute noir, est l’expression d’une expérience personnelle, mais il  se veut un hommage à tous ceux qui sont morts sous les dictatures en Haïti

Je suis en train de déjeuner tranquillement, sous le regard envieux de mon chat, quand je reçois d’Haïti, un coup de fil de Sylvie Bajeux m’annonçant  la triste nouvelle : le premier janvier, date d’anniversaire de l’indépendance d’Haïti, le président Martely est venu à la célébration officielle aux Gonaïves accompagné de Jean-Claude Duvalier. Il y avait aussi un ancien  dictateur comme Prosper Avril ! Le président Martely a fait un appel solennel aux autres anciens dictateurs pour l’aider à consolider son pouvoir. Symboliquement, c’est lourd, trop lourd !
 De rage, j’envoie promener mon assiette de court-bouillon.  Mon chat bondit hors de la cuisine puis revient, sans doute attiré par les éclaboussures de poisson, mais suspend son geste félin en une interrogation muette en me fixant du regard, comme si son étonnement d’animal interrogeait ma propre humanité. Veut-il me signifier que la rage, en politique, est toujours impuissante ? Je reste donc debout mais ma tête vacille.

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Man-Chomil au Madinina du Rire

— Par Jean-José Alpha —

La Man-Chomil de Georges Mauvois, portée à la scène théâtrale par Aurélie Dalmat du Tam Théatre, a été jouée pour le Madinina du Rire (mdr), devant un important parterre de séniors acquis à la Comédie créole, dans la salle Aimé Césaire de l’Atrium à Fort de France.

Il est vrai que du lever de rideau au dénouement final, le public rit à gorge déployé des personnages qu’il reconnait aisément. Les situations subies par les usagers du bureau postal communal où se déroule l’action, sont rythmées par les crises d’hystérie de dame Chomul (Aurélie Dalmat), postière et petite nièce du sénateur. Quant à la receveuse du bureau de poste (Suzy Singa), pendue au téléphone et débordée par ses affaires personnelles, par la balourdise de la dame Dagobert, standardiste de son état (Sarah-Corine Emmanuel), par les erreurs de comptabilité de la dame Chomul qui n’en démord pas de hardiesse, de mépris et de profitations à l’égard des usagers, elle entretient les cancans et la division entre les deux comparses pour sauvegarder son autorité, et protéger, du même coup, ses relations adultérines avec Monsieur l’inspecteur des postes Macaron (Jean Emmanuel Emile).

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Bérard Bourdon, homme de théâtre, nous a quitté.

–Par Roland Sabra–

Bérard Bourdon nous a quitté. Il était le créateur d’une des plus anciennes structures théâtrales de la Martinique le POUTY I PA TÉYAT dont les activités, outre la production de spectacles concernent aussi bien la formation d’acteurs que celle des intervenants en milieu scolaire ou en animations de quartier. Jeune adolescent il découvre le théâtre à la radio, se rend dans un atelier théâtre de la rue Mouffetard par très loin de chez lui et il découvre un immense bonheur qui ne le quittera plus : celui d’être en scène. Après des études d’art du théâtre, Cours Charles Dullin au Théâtre National populaire ( 1964-1967), il complète sa formation à l’Institut d’Études Théâtrales, à la Faculté de Lettres de Censier(1968-1970) et comme comédien professionnel il travaille avec différentes troupes. De retour en Martinique en 1972, Michel Philippe chargé de mission pour la création du CMAC l’engage comme assistant. Dès 1974, l’animation théâtrale du CMAC ( Centre Martiniquais d’Animation Culturelle à l’époque, le terme d’Action ne fera son apparition que plus tard) se confond avec ses activités multiformes dont celles de metteur en scène.

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Hommage à des aînés qui ont montré la voie

 

Présenté par José MUCRET, militant du Comité Populaire Sud

 

 

Clément BARBARA

 

           En lutte depuis son adolescence contre l’exploitation capitaliste, particulièrement actif pendant la grève des ouvriers de la canne en 1956, Clément BARBARA, originaire du Marigot, vivait au Robert quand le mouvement l’a contacté en 1971. Il est l’un des pionniers qui ont permis que les familles défavorisées s’installent sur les terrains de Cité Lacroix. En 1972, il est des premiers à organiser clandestinement les ouvriers agricoles en « Comités d’habitations ». Avec les travailleurs de « Gachette», il a constitué l’équipe fer de lance de la grève de 1974 pour toute la région centre. Pendant cette période, il s’est révélé un éminent stratège, et a conduit les troupes marchantes à travers tout le pays, se jouant des forces de répression jusqu’au guet apens de Chalvet, où seul son génie lui a permis d’échapper à la mort. Le camarade BARBARA a été un des principaux constructeurs de l’UTAM. Il était réputé pour sa disponibilité à servir les autres. Il a milité jusqu’à ces derniers jours malgré la maladie et son âge avancé.

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Une comédie introuvable

–__-

— Par José Alpha —

L’inspiration comique des évènements, des situations et des personnages portée à la scène théâtrale répond généralement au besoin de détente et de distanciation que nous procurent par exemple les humoristes en général, ou les talentueux comiques antillais de plus en plus présents sur les scènes locales et nationales.
Nous avons plaisir à les voir se débattre à notre place, dans des situations de conflits, de frustration, de mensonges, de mauvaises fois et d’impuissance.

Alors quand on annonce « le Tartuffe » de Molière, même si on ne connait pas l’histoire, on s’attend à découvrir comme tout le monde, des développements suffisamment comiques servis par la réputation de l’auteur et surtout par la jeunesse du metteur en scène, de surcroit martiniquais donc bien au fait des relations humaines volcaniques et passionnelles qui nous constituent malgré tout.

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Le « Nous » haïtien / Le « Nous » martiniquais ?

— Par Jean-Durosier Desrivières —

Note : Cet article a été publié initialement dans les colonnes du quotidien haïtien Le Nouvelliste au cours de l’année 2001 sous le titre originel : « Une mémoire en colère ». Il est diffusé ici, pour mémoire, après de légères corrections et amputations.

 

Le Comité Devoir de Mémoire Martinique, sous l’égide de Médecins du Monde, a fait de l’Atrium de Fort-de-France, le 2 mai 2001, le siège d’un colloque intitulé : « Histoire et mémoire des sociétés post-esclavagistes… ou … La révolte contre l’oubli ». C’est dans ce cadre que s’inscrit « Une mémoire en colère », la communication de l’historien haïtien Pierre Buteau, laquelle a interpellé ses pairs historiens, politiciens, professeurs d’histoire et amateurs curieux des problématiques de la région caribéenne, constituant l’humble assistance. Comment saisir les rapports que les haïtiens entretiennent avec les lieux de mémoire, avec le passé et le présent ? Telle est la question fondamentale qui, selon nous, se dégage de l’exposé du « mémorialiste ».

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Eïa pour notre « Frère Volcan » : Vincent Placoly 21 janvier 1946 – 6 janvier 1992

  — Par Rodolf Étienne —

Un mémoire simple de Vincent Placoly consisterait à le présenter comme suit : enseignant, écrivain, dramaturge, militant politique, membre fondateur du Groupe Révolutionnaire Socialiste (GRS).

Une telle présentation expliquerait à elle seule, à bien des égards, le silence qui règne autour de l’œuvre de Vincent Placoly. Pourquoi une telle affirmation ? Il suffit pour s’en convaincre de se remémorer la Martinique du temps de Placoly et notamment la Martinique politique. On l’a dit Vincent Placoly était militant au sein du GRS, une organisation politique d’obédience trotskiste, qui donc d’extrême gauche. Mais encore ?

Gilbert Pago, membre co-fondateur du GRS, dans une présentation posthume de son ami nous dit : « En 1969, de retour en Martinique,Vincent Placoly partage avec ses camarades de Génération 46, les déconvenues du Parti Communiste Martiniquais« .

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Les premières rencontres dramaturgiques de la Caraïbe

 par Michel Dural* —

theatre_drameDu 22 au 24 octobre 2009, les « 1ères Rencontres Dramaturgiques de la Caraïbe » se sont tenues au Lycée Schoelcher dans la salle de théâtre Aimé Césaire, ainsi nommée il y a dix ans, à un moment où ni l’homme Césaire, ni son oeuvre, ni sa pensée ne faisaient l’unanimité à la Martinique. Schoelcher, Césaire, même combat? Le programme de ces « Rencontres… » prévoyait deux Tables Rondes avec comme thèmes « Le théâtre Jeune Public » et « Théâtre et actualité politique ». On ne pouvait rêver meilleur parrainage.
Ni meilleur espace que cette petite salle, avec ses murs noirs, son parquet noir et ses gradins rouges, où, depuis dix ans, les élèves martiniquais passionnés de théâtre apprennent à lire, à regarder, à jouer du théâtre, et à en parler.
Ils étaient là, d’ailleurs, ces élèves, dans les gradins où l’on aurait souhaité voir au moins quelques uns de ceux qui, à la Martinique, ont en charge le développement culturel et la promotion du spectacle vivant.
Ils étaient là sur scène, aussi, puisque c’est l’Option-théâtre du lycée qui ouvrait la manifestation par la lecture-mise en espace de « La robe de Gulnara », une pièce de l’un des auteurs invités, Ia québécoise Isabelle Hubert.

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L’avenir du théâtre antillais sera carnavalesque ou ne sera pas

— Par Roland Sabra —

 

Stéphanie Bérard est « Assistant Professor de littérature française et francophone » à l’Université de Virginie aux Etats-unis. Elle publie un essai  » Théâtre des Antilles, traditions et scènes contemporaines. » chez l’Harmattan dans la collections « Images plurielles ». Il faut d’abord saluer le style de l’essai qui use d’une langue claire, compréhensible par tous, sans pour autant affadir le propos ce qui n’est pas si fréquent. On pourra regretter que l’éditeur, (par souci d’économie? ait choisi une taille de police un peu petite, ce qui ne facilite pas la lecture et que la relecture du tapuscrit  n’ait pas fait l’objet d’un peu plus d’attention pour les coquilles inévitables mais aussi pour corriger quelques confusions conceptuelles par exemple entre « hypotexte » et « hypertexte » ( p.47), outils que l’auteure emprunte au linguiste Gérard Genette.

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Comment raison garder?

  A PROPOS DES HOMMAGES A AIME CÉSAIRE :

 — par Georges MAUVOIS (junior) —

 aime_cesaire-9_300De nombreux hommages sont rendus à Aimé Césaire depuis l’annonce de son décès, le 16 avril 2008. Ces hommages nous paraissent légitimes. dans la mesure où ils manifestent toute la gratitude qu’éprouve notre peuple à l’égard d’un de ses fils les plus dévoués et les plus brillants. Car il s’agit de saluer le départ d’un fils. S’il est vrai qu’il fut un père aux yeux de nombreux compatriotes, il fut d’abord un fils, héritier d’une longue résistance dont les prémisses doivent être recherchés bien en amont de sa propre existence, à commencer par les cales puantes où se constituèrent les premiers éléments de notre devenir collectif.

 

. A Fort-de-France notamment, des propositions multiples sont en train d’apparaître. Elles vont de l’érection de monuments multiples aux plus invraisemblables projets (sur ce dernier point, on relira les dernières parutions de France-Antilles, où sont parfois mentionnés des projets pharaoniques contre lesquels Césaire eût été le premier à s’insurger) Toutes ces propositions prétendent honorer et célébrer la mémoire du défunt.

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« Agoulouland » : les limites du théâtre militant

— Par Roland Sabra —

Bérard Bourdon met en scène « Agoulouland »

« La frontière du talent ne recouvre pas  celle qui sépare comédien professionnel et comédien amateur ».

Il a fait ses premières armes en France, puis il est vite rentré au pays , comme assistant de Michel Philippe, chargé de mission du Ministère de la Culture dans le cadre de ce qui allait devenir le CMAC. Il retrouve alors, une bande de copains ayant la même volonté de s’adresser au public martiniquais. L’important étant moins le message que son destinataire, ils vont dans un esprit d’ouverture, monter des textes d’auteurs martiniquais comme Georges Mauvois, Jeff Florentiny, mais aussi européens.
Il présente aujourd’hui une pièce en créole «  Agoulouland » que lui a proposé Daniel Boukman. Le personnage est chaleureux, ouvert, il reçoit facilement, entre deux répétitions.


Roland Sabra : Pourquoi monter « Agoulouland » aujourd’hui en Martinique?
Bérard.Bourdon . : Pour quelles raisons? Et bien ce matin même, fait exceptionnel, j’avais allumé la T.V et on annonçait que l’obésité gagnait en Martinique! « Agoulouland » pose le problème de la surconsommation dans laquelle la majorité des martiniquais est tombée les yeux fermés avec son cortège de maladies somatiques, diabète, maladies cardio-vasculaires etc.

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Le « Nous » haïtien / Le « Nous » martiniquais ?

— Par Jean-Durosier Desrivières —

Note :
Cet article a été publié initialement dans les colonnes du quotidien haïtien 
Le Nouvelliste au cours de l’année 2001 sous le titre originel : « Une mémoire en colère ». Il est diffusé ici, pour mémoire, après de légères corrections et amputations.

Le Comité Devoir de Mémoire Martinique, sous l’égide de Médecins du Monde, a fait de l’Atrium de
Fort-de-France, le 2 mai 2001, le siège d’un colloque intitulé : « Histoire et mémoire des sociétés post-esclavagistes… ou … La révolte contre l’oubli ». C’est dans ce cadre que s’inscrit « Une mémoire en colère », la communication de l’historien haïtien Pierre Buteau, laquelle a interpellé ses pairs historiens, politiciens, professeurs d’histoire et amateurs curieux des problématiques de la région caribéenne, constituant l’humble assistance. Comment saisir les rapports que les haïtiens entretiennent avec les lieux de mémoire, avec le passé et le présent ? Telle est la question fondamentale qui, selon nous, se dégage de l’exposé du « mémorialiste ».

 

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L’éphéméride du 12 janvier

André Aliker est retrouvé mort ligoté à Case-Pilote le 12 janvier 1934.

André Aliker, né le 10 février 1894 dans le quartier Roches-Carrées sur la commune du Lamentin en Martinique, France et retrouvé mort ligoté le 12 janvier 1934 à Case-Pilote, est un militant communiste martiniquais. La mort d’Aliker est un détonateur pour le mouvement ouvrier en Martinique.

André Aliker est né dans une famille d’ouvriers agricoles. Il est frère de Pierre Aliker. Il suit ses études à l’école du bourg. Durant la Première Guerre mondiale, il se porte volontaire. Sa citation à l’ordre du régiment souligne : « modèle parfait de dévouement et de courage. Toujours volontaire pour les missions les plus périlleuses au cours desquelles il entraîne ses hommes par son allant, son mépris du danger1. »

De retour au pays, il travaille dans une épicerie à Fort-de-France, rue Blénac, puis s’installe ensuite à son compte dans le commerce de gros et demi-gros.

Militant, il est membre du groupe communiste Jean Jaurès et animateur du syndicat des employés de commerce. Il est rédacteur en chef, correcteur et diffuseur du journal Justice, l’organe de presse du parti communiste en Martinique, fondé par Jules Monnerot2.

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Mobilisation générale Mardi 7 mars 2023

 Le n° 287 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

C’est l’appel lancé par l’intersyndicale en Martinique avec ses dix centrales que sont la CDMT, la CFE-CGC, la CFDT, la CFTC, la CGTM, la CGTM-FSM, la CSTM, FO, la FSU et L’UNSA.

L’intersyndicale proclame : « LA RÉFORME MACRON, C’EST NON ! MOBILISATION ». … « Les sacrifices supplémentaires que Macron, Borne, le Medef veulent imposer aux travailleurs et surtout aux travailleuses, n’ont pour but que de permettre aux gros de recevoir plus de cadeaux en subventions et en dégrèvements sociaux et fiscaux ».

L’intersyndicale poursuit : « Pour imposer le retrait pur et simple du plan scélérat des profiteurs, poursuivons, amplifions, durcissons le combat, créons un rapport de force, en notre faveur ! … c’est l’affaire de toutes celles et tous ceux qui risquent d’être les victimes de la mise en application d’une telle mesure ».

Environnement : Anse Mitan, retrait du permis de construire

Environ 200  personnes ont répondu, dimanche 12 février,  à l’appel lancé par l’Assaupamar en riposte à un permis de construction de 9 villas à  l’Anse Mitan, dans une mangrove, c’est-à-dire dans le domaine public.

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La mort de Gesner Mencé

Une figure du militantisme martiniquais s’est éteinte. Gesner Mencé, membre de l’Organisation de la jeunesse anticolonialiste de la Martinique, est mort ce dimanche 12 février 2023 à l’âge de 92 ans

Hommages

Grand salut à Gesner Mencé

— Par Gilbert Pago, pour le GRS —

Le groupe Révolution Socialiste salue la mémoire de ce grand militant anticolonialiste que fut Gesner Mencé. Son décès laisse un grand vide.
Gesner Mencé fut, il y a exactement soixante ans, un des emprisonnés lors de l’affaire de l’O.J.A.M et dont il a laissé un témoignage écrit qui sert de référence à celles et ceux qui s’intéressent à cette grande page de notre histoire.
Instituteur, éducateur sportif, il a dans son enfance ducossaise connu l’époque de l’amiral Robert.
Collégien au Saint-Esprit, il est en contact avec ses condisciples de tout le centre de la Martinique, il se crée alors, naturellement un réseau pour son futur travail militant. il est connu au Lamentin où il habite, au François où il exerce, à Ducos sa commune d’enfance et d’adolescence, au Saint-Esprit où il passe ses années collège.
Normalien et jeune instituteur, il s’engage fortement dans la lutte des fonctionnaires contre les discriminations entre agents dits métropolitains et fonctionnaires locaux.

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Balisaille : parler la poésie

Mai.Poésie / Festival d’un genre majeur 26-28 mai 2022 au Saint-Esprit

 Liminaire

Aimé CÉSAIRE : ce nom seul suffirait à faire de la Martinique une terre de poésie. Le rayonnement planétaire, la puissance du verbe, la magnificence des images de l’auteur du « Cahier d’un retour au pays natal », en font l’un des plus grands poètes du vingtième siècle. Cependant, paradoxalement, pendant que le roman, le théâtre, voire le conte ou le slam tiennent le haut du pavé, la poésie y paraît délaissée.

MONCHOACHI, en dépit de la force tellurique de sa poésie, n’est pas connu au-delà de certains cercles d’initié.e.s, et n’en demande pas davantage puisque volontairement il s’est retiré sur les hauteurs du Vauclin, d’où il ne serait sorti pour se montrer en public que deux fois en dix ans.

S’il ne s’agit nullement de dire que, comme l’auteur de « Lémistè », la poésie se fait rare au pays de Césaire, il est néanmoins évident que d’un point de vue strictement institutionnel celle-ci a encore à faire sa place dans le paysage culturel de l’île.

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Kandid, Voltaire, traduction en créole martiniquais de J.M. Rosier et J.P. Arsaye, K.Editions, juin 2021.

Que des martiniquais aient voulu, en 2021, traduire Candide de Voltaire en créole martiniquais en dit long de la vision qu’ils ont de leur propre idiome vernaculaire et de la très haute estime dans laquelle ils le tiennent.

Pour Jean-Marc Rosier, écrivain-poète bilingue reconnu, et Jean-Pierre Arsaye, docteur en traductologie, qui en sont les traducteurs, cette langue tellement décriée, méritait, en effet, de se confronter à cette écriture singulière, à cette esthétique symbolique du Siècle des «Lumières».

Ce n’est ni un pari fou, -Georges Eleuthère Mauvois l’a déjà relevé avec l’Antigone de Sophocle et tant d’autres avant eux- ni une foucade voire une lubie d’intellectuels en quête de reconnaissance. C’est, avant tout, preuve, par l’exemple, que cette langue – le créole – prend, désormais place, d’autorité, dans le concert des langues qui comptent.

Les auteurs de cet ouvrage n’ont point produit une transposition du conte voltairien, mais ont effectué un véritable travail de traduction. Une traduction qui se veut, à la fois :

  • fidèle à l’écriture originelle de ce classique de la littérature française, à l’ironie si spécifique,
  • soucieuse de respecter l’idiosyncrasie orale de la langue-cible, tout en réussissant à en extirper sa littérarité intrinsèque.

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Sonjé 24 maws 61 : projections du film « La tuerie du 24 mars »

Le Maire de la Ville du Lamentin et l’Office de la Culture vous invitent aux manifestations dans le cadre des 60 ans des évènements de la tuerie du 24 mars 1961

Un peu plus d’un an après les émeutes de Décembre 1959 qui avaient fait 3 morts et de nombreux blessés à Fort de France, c’est au Lamentin que le 24 mars 1961, 3 Martiniquais sont tués et plus d’une vingtaine blessés par les balles des mitraillettes des forces de répression coloniale française.

Il faut rappeler que cette période était celle de la décolonisation surtout en Afrique où nombre de pays sous domination coloniale française accèdent à l’indépendance. C’est la période où courageusement, les Algériens luttent les armes à la main pour recouvrer leur souveraineté.

Le pouvoir colonial a peur que la Martinique aussi ne s’émancipe de cette tutelle coloniale. D’autant que la revendication nationale commence à s’exprimer ici et dans l’émigration.

Ainsi a-t-il pris l’ordonnance d’Octobre 1960 visant à museler ceux qu’il considère comme dangereux pour son système, qu’il va appliquer à Dufond, Guitteaud, Mauvois, nicolas .

En Mars 61, les ouvriers agricoles étaient en grève pour réclamer des augmentations du salaire de misère qui leur était versé, ainsi que des améliorations des conditions de travail et de paiement des salaires.

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« De quoi est-on le plus proche, lorsque l’on est éloigné de chez soi ? »

—- Par Lucien Cidalise Montaise —

Plus de 100 noms d’Absents et de Présents cités dans le « déroulé » intime des actions d’Emancipation, de Liberté et de Responsabilité  : luttes, victoires, défaites, aussi quelques fois remportées sur des adversaires qui s’appliquent à tous les instants à se transformer en diviseurs, entretenant la fragmentation de nos conflits mais aussi de nos rêves ambitieux.

Ces hommes et ces femmes, cités, absents ou présents, ont à leur façon aidé le soleil à nous « découvrir », Martiniquais et Martiniquaises et aimer notre Pays. Surtout, nous éclairer dans les choix urgents que nous devons développer pour des lendemains fertiles et humains.

Cette liste n’est pas exhaustive. Nous en avons conscience et saluons ceux que les évènements ne nous ont pas permis de citer précédemment. Mais les voilà, présents aujourd’hui ! Ces « couches d’identité » protègent-elles les voyageurs que nous sommes, pauvres en culture, mais riches en besoin d’être ? Joueront-elles toujours cette obligation de choisir la Responsabilité ? Nous sommes convaincus que nous avons toujours été Martiniquais, malgré les handicaps d’intégration qui nous cernent, puisque éminemment politiques et matérialistes.

D’où l’infini existentielle d’une autre attirance.

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Du 27 avril au… 22 mai : la longue marche

— Par Christian Jean-Etienne, Président du Comité Devoir de Mémoire —
22-Mé pli bel dat’ : C’est autour des années 1970 qu’on entend ce slogan en Martinique.
Le premier ouvrier qui a œuvré pour sortir de l’oubli cette date du 22 Mai 1848 est l’historien Armand Nicolas, véritable pionnier de ce travail de mémoire qui a publié une brochure dans laquelle il apportait des arguments de taille pour contrer ceux qui étaient favorables à célébrer la date du 27 Avril, celle du décret de Victor Schoelcher. Ce dernier choix à l’époque rassemblait le plus grand nombre, notamment les hommes de Droite en Martinique.
Toutefois le travail d’Histoire commence bien plus tôt et s’inscrit dans un contexte particulier, avec la prise de conscience collective de la population, la pensée de Frantz Fanon, les écrits d’Aimé Césaire, la quête identitaire avec le mouvement de la Négritude … il trouve son origine dans la naissance du mouvement anticolonialiste en Martinique, à la fin des années 1960 et dans les années 1970 et 1980. Cette période est jalonnée de quelques évènements mémorables : Décembre 59, l’ordonnance de 1960 qui sanctionne trois fonctionnaires martiniquais militants politiques (Jean Dufond, Armand Nicolas, Éleuthère Mauvois), l’emprisonnement et le procès des jeunes de L’OJAM (Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste Martiniquaise), les trois morts du Lamentin en Mars 1961 qui s’ajoutent à ceux du François de 1900 et le discours du maire Georges Gratiant « sur trois tombes » , les évènements de Chalvet de Février 1974 …

La Martinique est partagée en deux clans
A tous ces faits historiques qui illustrent l’histoire des peuples noirs en lutte, s’ajoute le travail de conscientisation mené par l’AGEM auprès des étudiants martiniquais qui rentrent au Pays et s’investissent dans le militantisme.

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Misié Joj

— Par Daniel M. Berté —

Lè Man moun ka pasé ek ka ratibwazé
I toujou san fouté si’y ka fè moun kriyé
Nou pa la pou pléré ni pou sa rigrété
Men nou pa ka bliyé épi nou ka sonjé

Joj Elétèw Movwa, misié lawa dé mo
Nonm ki palé anpil ek ki matjé an lo
Adan lé piès téat i mété kréyol wo
Ek sa’y kité ba nou sé pa dé pawol flo

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Un « devoir d’histoire et d’information »

— Par Serge Harpin —

« Ce sont des indépendantistes hargneux et revanchards » (dixit la Vice Présidente de Région, « Décryptage » du 15/10/15, Martinique Première Radio). L’expression, très en vogue parmi ceux de l’axe, se veut être, dans le bréviaire du parfait EPMN, un constat, une indication neutre et surtout pas un anathème. Aucun argument d’ailleurs ne suit généralement cet énoncé. Il se suffirait, pense t-on, par lui-même. Et, à vrai dire, les prédicats ou qualificatifs qui s’agglomèrent pour ainsi dire à la formule, tels « hargneux » et « revanchards» ne sont que redondances, répétitions car déjà contenus de fait dans l’acception du mot « indépendantiste » ; ceci par l’incidence du contexte d’utilisation. Un contexte historiquement et politiquement marqué puisque le mot n’apparaît habituellement, avec il faut le souligner une fréquence élevée, qu’en situation de campagne électorale où il fonctionne de manière exclusivement polémique, et ce, sous le mode d’arguties politiciennes. Certains ont pensé, sans doute sous la pression de l’opportune injonction du « no cancan », qu’il ne faudrait pas relever ce qui pourtant de toute évidence est constitutif d’une stratégie de communication de campagne.

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Louis Des Étages assassiné il y a 90 ans

— Par Frantz Édouard —

louis_des_etages-2Le dimanche 24 mai 1925 Louis Des Étages, maire de Rivière-Salée, et Charles Zizine, conseiller général canton de Ducos, ont été lâchement assassinés à l’intérieur d’une maison au bourg de Ducos par un gendarme.
Louis Des Étages, n’aura assuré son dernier mandat de Maire de Rivière-Salée que durant 8 jours.
En effet, élu le dimanche 17 mai 1925, à l’unanimité par les 17 conseillers qui composaient le conseil municipal de l’époque, il fut assassiné le dimanche 24.
Très proche des habitants de Rivière-Salée, Louis des Étages était une personnalité respectée et très impliquée dans la vie économique, sociale et politique de sa région. Il a succédé à l’ancien maire Nérée Peria dont il a été le premier adjoint⋅
Il a été d’abord instituteur et s’est orienté comme son père vers les métiers de la forge pour devenir forgeron et mécanicien. Louis des Étages et Charles Zizine étaient des hommes politiques de la fédération socialiste de la Martinique proche du député Joseph Lagrosillère⋅
A l’époque, les passions et les fraudes sont très présentes autour des élections, notamment sous l’ère du gouverneur Richard⋅ Ce jour là, le dimanche 24 mai 1925, les élections municipales de Ducos se déroulent dans une ambiance particulière et de forte tension.

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Aliker contre Aubéry, l’Altruisme contre l’Argent

— Par Pierre Pinalie —

(« Château Aubéry », de Georges É.Mauvois)

 chateau_auberyÉtonnant et passionnant ouvrage, ce livre de Georges Éleuthère Mauvois, consacré à un héros martiniquais sordidement assassiné, le noble militant André Aliker, jeté ligoté dans la Mer caraïbe en 1934, sur ordre du richissime Eugène Aubéry, usinier régnant sur le domaine du Lareinty. L’auteur, qui fut avocat au temps où l’administration coloniale l’avait révoqué de l’administration des P.T.T., nous livre sur 118 pages un extraordinaire plaidoyer fondé sur les deux plans, le civil et le pénal.

 

 

Le journal « Justice » dans un monde injuste

 

Dans la première partie, une longue série de problèmes financiers nous est présentée autour de la construction du château Aubéry, et des relations d’Aubéry avec des membres de son milieu social. Les chèques versés à des magistrats permettent à la Cour d’appel de Fort-de-France de réformer les jugements de première instance, ce qui a pour effet de décharger en 1930 les Aubéry d’une condamnation et d’une amende. Et en dehors des affaires de la riche bourgeoisie, le nouveau châtelain Aubéry est très passionné par les combats de coqs, ce qui le rapproche de modestes citoyens martiniquais ou venus des îles proches, et lui fournit ainsi une main-d’œuvre particulière hors du travail de la canne à sucre.

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