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Les lettre haïtiennes, vivement, de la France à l’Italie

Reportage

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De gauche à droite: James noël, Robert Berrouët-Oriol, Yves Chemla, Jean-Durosier Desrivières, Anthony Phelps et Joël Des Rosiers, Salon du livre de Paris, stand de la Librairie du sud

 Par Robert Berrouët-Oriol

Linguiste-terminologue

 Montréal, le 4 avril 2012

Il est des temps de haute-lisse qui se tissent et s’engravent rive gauche de la mémoire… Mon dernier séjour en Europe, à l’aune d’une hospitalité de tous les instants, a été de cette cuvée –et je me réjouis que les Lettres haïtiennes en fussent le faîtage. Avec bonheur, j’ai encore une fois arpenté les venelles du Salon du livre de Paris, Porte de Versailles, du 16 au 19 mars 2012. Auteur invité par la Région Bretagne à la version 2012 de ce Salon, j’y étais, au stand de cette Région, en dédicace pour le livre « Poème du décours » (Éditions Triptyque et Prix du livre insulaire 2010 à Ouessant, France), ainsi que pour la réédition de « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Éditions du CIDIHCA et Éditions de l’Université d’État d’Haïti).

 

D’aucuns posent que le Salon du livre de Paris est l’un des deux plus importants événements mondiaux de ce champ… Alors faut-il parler chiffres ?

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« Plantation Massa-Lanmaux », de Yann Garvoz

par MAURICE MOURIER —

 3 mars  2011

 YANN GARVOZ, PLANTATION MASSA-LANMAUX Maurice Nadeau, 312 p., 24 €

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Au XVIIIe siècle, le jeune fils d’un planteur des « colonies », après des études en France qui l’ont mis au contact des idées philanthropiques des Lumières, rentre au pays. La plantation de canne à sucre de son père fonctionne, selon l’ancien système éprouvé, sur la soumission absolue des esclaves au maître. Imprégné d’utopie rousseauiste, Donatien, qui porte le prénom du Divin Marquis, va essayer de moderniser et d’humaniser le domaine. Ce livre étrange, aux deux tiers réussi, raconte son échec.

Voyons d’abord les éléments de la réussite littéraire, qui est souvent très notable. S’agissant d’un texte et non d’une étude historico- sociologique, cette réussite repose, comme il fallait s’y attendre, sur le style. Yann Garvoz, qui est clairement perfectionniste, s’est proposé une gageure : travailler la pâte verbale, abondante et riche, de son livre, en imitant, transposant, pastichant à la fois l’oeuvre sadienne et la prose précise de l’Encyclopédie, de La Nouvelle Héloïse ou (parfois) de Bernardin de Saint- Pierre. Mais cela n’est rien.

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Glissant, poète du partage créole

— Par René de Céccatty —

Depuis des décennies, l’œuvre romanesque et poétique de ce « passeur d’écumes » s’accompagne d’une réflexion complexe, sur l’identité créole, miroir de compréhension de notre monde

 

Édouard Glissant est né en 1928 à Sainte-Marie, en Martinique. Il entreprend des études de philosophie à la Sorbonne en 1946 et vivra à Paris jusqu’en 1965. Docteur ès lettres, il fonde l’Institut martiniquais d’études et une école selon un système alternatif d’éducation. Son premier recueil de poèmes, Un champ d’îles, paraît en 1953. Il publie dès lors régulièrement des pièces de théâtre, des poésies, des essais et des romans. La Lézarde (1958) lui vaut le Prix Renaudot. Il collabore à de nombreuses revues, Présence africaine, Critique, Les Lettres nouvelles. En 1971, il fonde la revue Acoma. De 1982 à 1988, il dirige le Courrier de l’Unesco. Il vit à New York où il tient une chaire de littérature. 

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L’impensé d’une écriture belle de monde.

— Par Alaric —

 

 

Ecrire, jusqu’à ses dernières ressources physiques, écrire jusqu’à son dernier souffle, telle fut la vie d’Edouard Glissant, chercher à s’installer au Lieu de l’écriture vivante, au Lieu que son œuvre ne cessera maintenant à chaque lecture de configurer, d’occuper, d’interpeller, il dirait certainement de «héler». L’œuvre a brusquement surgi vivante contre la mort, le départ d’Edouard Glissant, lui restitue ses frontières, ses limites, ses traces, ses poétiques, ses esthétiques, sa philosophie : tout ce qu’il a essayé de penser, et d’amasser inlassablement. Elle est devenue autonome et réflexive, point besoin de médiateurs, elle renvoie à elle-même, elle nous renvoie à nous-mêmes, elle pratique la relation, elle relaye, relie, relate, tous ses propres dits. Elle est devenue elle-même un Lieu, comme l’œuvre de W. Faulkner, dont il dévoile les « ouvertures infinies » et les impossibles, «Faulkner, Mississippi» et comme celle de Saint John Perse, ces deux maîtres. Comment écrire la modernité créole dans les propres formes et langues de la parole de sa Culture, issue de la Traite négrière, de la société d’habitation et dans la société coloniale, sinon dans « un suspens de l’être, dans une conception éclatée (dérivée, démultipliée) de la nature et de la nature humaine ».

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Sexe, histoire et tectonique

 Par Dominique DOMIQUIN —

 A l’époque où la masse sombre qui domine l’embouchure du Galion s’appelait encore Fort St Charles (années 80), j’y rejoignais mon père après l’école en grimpant à travers le quartier populaire du Carmel. Cet imposant édifice militaire abritait alors l’observatoire de vulcanologie de Guadeloupe, antenne de l’Institut de Physique du Globe de Paris. J’en connais chaque pierre pour y avoir passé une partie de mon enfance. J’y ai mainte fois repoussé l’anglais à coups de canons rouillés, échappé à des fantômes aux orbites vides qui tentaient de m’agripper quand je rodais trop près des cachots. Tel Louis Delgrès, par une poterne dérobée surplombant la falaise, j’ai échappé aux troupes impériales venues rétablir l’esclavage. J’ai écrasé des amandes pour en savourer les graines. J’ai saigné des manguiers pour en récolter l’ambre, gratté la croûte des gommiers tel un indien Karib radoubant son embarcation. Mes exploits accomplis, je dévorais mon goûter avant de faire pipi sur la tombe de Richepanse. Je n’en tire aucune fierté. Ce rituel n’était pas un acte réfléchi. Il se trouve simplement que le bougre est enterré à l’endroit le plus élevé du fort, celui d’où l’on peut voir descendre le soleil sur la Mer des Caraïbes.

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L’Afrique en toutes lettres

— Par Alain Mabanckou —

CINQUANTE ANS après la décolonisation, où en est la littérature africaine francophone ? La question de l’indépendance a peu à peu déserté les romans, laissant la place à des problèmes plus contemporains, tels que la pauvreté ou la corruption. Les auteurs de la nouvelle génération, dont beaucoup vivent aux Etats-Unis ou en Europe, sont écartelés entre l’attachement à leurs pays d’origine et le faible écho que peuvent y trouver leurs ouvrages.  » Le Monde des livres  » fait le point sur ce continent littéraire souvent méconnu et pourtant riche de nombreux auteurs comme le rappelle l’écrivain Alain Mabanckou.

Les pays d’Afrique noire francophone célèbrent cette année le cinquantenaire de leur indépendance. La littérature a été le témoin immédiat de cette émancipation. Une littérature si jeune qu’il n’est pas surprenant, pour un lecteur africain, de croiser certains auteurs classiques qu’il a lus au lycée ou au collège. Sait-on par exemple que l’Ivoirien Ahmadou Kourouma – à qui l’on attribua en 2000 le Renaudot pour Allah n’est pas obligé – était en réalité, depuis longtemps, un grand classique dans l’espace francophone ?

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« Les Bonnes » : vertiges et folie dans le grenier des morts-vivants

 — par Selim Lander —

  au Théâtre de Fort-de-France

 10, 11 et 12 avril 2008

« Au moins cette beauté doit-elle avoir la puissance d’un poème, c’est-à-dire d’un crime ». Jean Genet

 Le théâtre de Genet est fait d’outrance et d’excès. Il ne se complaît pas dans le médiocre. Les sentiments ordinaires n’y ont pas leur place. Les vertus, surtout, n’existent pas. Il n’y a pas d’amour sans haine, de respect sans moquerie, de modestie sans orgueil, d’attention sans dérision. Et puis, au-delà de tout ce qui précède, il y a la malédiction suprême – « La scène est un lieu voisin de la mort » – et les comédiens ne sont déjà plus de notre monde : il leur faut « des accoutrements terribles, qui ne seraient pas à leur place sur les épaules des vivants ». Impossible donc d’aborder une pièce de Genet sans accepter d’être confronté à la cruauté sous toute ses formes : jalousie, mépris, méchanceté, jusqu’au meurtre. Il faut « que le mal sur la scène explose ».

Mais le théâtre a sa logique propre qui s’impose même à un Genet. Il est faux-semblants, retournements de situations, coups-de-théâtre.

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« La Route » de Zakes Mda

 — par Selim Lander —

Zakes Mda est un noir sud-africain, né en 1948 à Soweto, auteur de sept romans et de cinq pièces de théâtre. Il a dû s’exiler, a enseigné le creative writing à l’université d’Ohio, avant de revenir s’installer dans son pays. Sur la foi de La Route – présentée à l’Atrium de Fort-de-France les 11 et 12 avril 2008, après être passée par Avignon l’été précédent – on est forcé de conclure qu’il s’agit d’un écrivain talentueux et l’on regrette qu’il soit resté jusqu’ici si peu connu en France (trois romans ont néanmoins été traduits : Au pays de l’ocre rouge, Le Pleureur, La Madone d’Excelsior). Dieu sait pourtant qu’on pouvait redouter le pire : que peut bien apporter une pièce (de plus) sur l’apartheid qu’on ne sache déjà ? Nos craintes étaient heureusement injustifiées. Et, de fait, le théâtre n’a nul besoin de chercher des sujets originaux, les tragédiens français du Grand Siècle en étaient les premiers convaincus, eux qui revisitaient inlassablement les mythes antiques.

L’argument de la pièce, qui date de 1982, avant la fin de l’apartheid, est des plus simples : un blanc et un noir se rencontrent sur une route, un fermier et un ouvrier mécanicien itinérant.

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Zandoli pa tini pat

—  par Selim Lander —

Bestiaire chorégraphique

3-4-5 avril 2008 au Théâtre de Fort-de-France

Décidément, les mauvaises habitudes ont la vie dure. A Fort-de-France où l’on n’est pas submergé par une offre surabondante de spectacles vivants, on observe souvent que les représentations, au lieu de s’étager tout au long de l’année suivant un calendrier harmonieux, sont souvent programmées de façon à se phagocyter mutuellement. A croire que les responsables de la programmation ont suivi des études de sciences économiques et qu’ils en sont sortis convaincus à tout jamais des vertus de la concurrence.

Le 3 au soir pour la première de Zandoli, il n’y avait pas beaucoup plus de 30 personnes au Théâtre de Fort-de-France. Sans doute les afficionados du spectacle vivant s’étaient-ils précipités à l’adaptation martiniquaise de Soweto, présentée exactement aux mêmes dates, 3-4-5 avril à l’Atrium… On espère que les deux soirées suivantes seront plus équilibrées et que l’on verra davantage de spectateurs au Théâtre car il n’est pas normal que des artistes de qualité se produisent devant une salle presque vide.

Claire Moineau dans Crescendo

D’autant que le spectacle offre un prologue, non annoncé sur le programme, qui justifierait à lui seul le déplacement de tous les amateurs de danse.

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Georges Castera. Un langage à double canon pour dire l’indifférence

— par Jean Durosier DESRIVIERES —

Ces rencontres organisées en ce mois de novembre, ayant pour thème ou problématique : « Marcher sur nos morts », coïncident harmonieusement au mois des Guédés, en Haïti. Pour ceux qui l’ignorent, je dirai succinctement que les guédés sont des loas, des génies ou des esprits du Vaudou : ce sont des loas de la mort, mais aussi de la vie, car de la putréfaction renaît la vie immortelle. Ce sont les loas les plus étranges du panthéon vaudou, dit-on : leur rituel dévoile le tragique le plus macabre et l’érotisme le plus débridé. Barron Samedi, aussi dénommé Barron Cimetière ou Barron Lacroix, serait la figure la plus représentative des guédés. En effet la croix de Barron, symbole des guédés, indique la croisée des chemins qui guette tout un chacun. Et on y parvient tous, chacun à son heure. La croix de Barron, c’est ce pieu vertical qui renvoie au phallus (éros, la vie) et cette bande horizontale qui renvoie au tombeau (thanatos, la mort).

Notons que le Vaudou, qui est plus une vision cosmique qu’une religion, conçoit le monde comme un éternel cycle, contrairement à la conception judéo-chrétienne qui porte foi à l’alpha et l’oméga, au commencement et à la fin.

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Manuel Césaire aux commandes

— Par Roland Sabra —

Poster-TabouEdito du 20/10/2007

  La rentrée des Mercredi-Cinéma de l’Atrium s’est faite sur les chapeaux de roues. Il y eu d’abord  » L’avenir est ailleurs« , déjà vu et puis l’admirable « Persépolis » d’après la B.D. de Marjane Satrapi. . Plusieurs projections avec débats sont prévues pour « Gouverneurs de la rosée » déjà vu lui aussi. Côté théâtre nous avons déjà évoqué « Manteca« , et nous attendons vivement « L’échange » de Paul Claudel (08 & 09-XI-07) et « L’amour » adaptation de José Pliya du roman « Amour, Colère et Folie » de Marie Vieux-Chauvet ». Monter Claudel est une gageure difficile à soutenir. On lira avec intérêt les propos de  Brigitte Salino, confirmés à postériori par le relatif échec de « L’échange » de Julie Brochen, cet été en Avignon , dont on  a constaté, avec regret, que la profondeur, indiscutable, de sa lecture avait été trahie par une distribution un peu faible.

« Circus baobab » nous a offert un numéro de cirque, convenu, sans surprise, qui a ravi de joie une bonne partie du public, nombreux.

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« Avé l’assent » (suite) : Ecrire est un art de rencontres

  par Marius Gottin

 

 

 

par Marius Gottin

 

 

Ecrire est un art de rencontres, tout à fait le genre d’évidences que rappelait le philosophe Alain (si ma mémoire restitue fidèlement ce que j’ai retenu de mes lectures d’avant mai 68, un petit livre de moins de 200 pages et qui devait s’appeler « Propos sur le bonheur ») et qui me permet d’écrire que passer des feux de la scène à l’abat jour d’une table d’écriture n’est point chose aisée. Même si l’on se dit que les comédiens sont les plus à même de bien écrire sur le théâtre voire même des pièces de théâtre, que les…cuisiniers par exemple. Rien n’est plus faux. Ecrire relève de la magie, de l’esbroufe, de la technique aussi et pour revenir aux cuisiniers, les meilleurs sont souvent des artistes et l’Art…

 

« La trilogie des cœurs plastiques » est un beau texte, une vraie pièce de théâtre, la première écrite par Frédéric Schulz Richard, comédien qui connaît la chanson du théâtre pour l’avoir interprétée avec talent et qu’il nous restitue en la circonstance avec une écriture en abîme où le vrai le dispute au faux à tous moments, avec questions dramatiques, résolutions de conflits et autre climax final, pour nous conter une énième histoire d’amour impossible, amour difficile qu’ils sont quatre à jouer sur la scène du Moulin de Goult, sous la direction savoureuse et tout en finesse de Petra.

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Insurrection perlière Vol. I

Voyage dans l’écrit d’Aimé Césaire, par le dire et la musique, au  travers d’extraits de son œuvre

Textes et poèmes d’Aimé Césaire, lus par Nicole Dogué et Marius Gottin.

Œuvres musicales de (par ordre alphabétique) : Jacky Bernard – Nicol  Bernard – Mario Canonge – Tony Chasseur – Chris Combette – Thierry Fanfant – Jean-Christophe Maillard – Alain Ravaud – Chyco Siméon – Thierry Vaton.

Œuvres visuelles : Victor Anicet

Maquettisme : Yékri ( www.yekri.com)

Produit & réalisé par Tony pour T.C. In Productions et l’association  Dodine.

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« Avé l’assent » (1), par Marius Gottin

Le Lubéron Sud


Le Luberon est l’une des quatre montagnes sacrées de l’arrière pays d’Avignon ; le Mont Ventoux en est la plus haute, j’ai oublié le nom des deux autres mais je sais que le Luberon étend entre Forcalquier et Cavaillon ses 100 kms de montagnes bleues, comme un lézard et que c’est bien parce que les parisiens n’arrivaient pas à prononcer correctement le « e » neutre de Luberon qu’ils ont à un moment de leur fréquentation rapprochée de la région, eu l’idée d’écrire « Lubéron ».

Le Luberon peut s’enorgueillir de ses cigales, de son vin rosé, de ses maisons de pierre, de ses ocres et de ses poteries qui donnent de délicates petites choses sur le marché d’Apt le samedi matin et puis quelque part vers l’aube de l’été, entre Gargas, Viens, Saignon, Bonnieux, le moulin de Goult, Roussillon pour sa seizième édition, Les Soirées d’été en Luberon.

Imaginez vous tout d’abord un couple qui s’aime d’amour tendre autant qu’ils aiment les mots de…René Char par exemple, cela se passe bien avant la célébration du centenaire de sa naissance, qui a une telle envie de donner à entendre sa poésie, à découvrir son monde qu’ils, lui c’est un fou furieux de théâtre, Michel Richard, elle plus douce mais tout aussi obstinée qu’elle est articulée dans sa démarche, Petra Schulz, décident de créer une manifestation qui fait qu’en 1992, le Théâtre Légendes à venir propose les soirées de Gargas.

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« Lettre sur la justice sociale » de Michel Herland

par J. Brasseul


Michel Herland, Lettres sur la justice sociale à un ami de l’humanité. Paris : Le Manuscrit, 338 p., 2006.

 

La France est le pays de la justice sociale, dans les mots sinon dans les faits. Nul thème n’est aussi porteur, aussi déclamé, nulle opposition à la notion autant vilipendée. Dans les faits, il en va tout autrement, bien sûr, puisque le taux de chômage est le double de la plupart des pays développés comparables, puisque les détenteurs d’emplois font tout pour les protéger, même si c’est au détriment de ceux qui n’en ont pas, même s’il faut bloquer pour cela l’accès aux plus démunis, aux plus défavorisés, aux plus récents arrivés. Dans les faits également, les inégalités sont criantes, la richesse étalée côtoie la misère sordide, les écarts de revenus sont bien plus importants que dans l’Europe nordique, alpine ou germanique. En France, il y a une alliance de fait, comme le notait Michel Crozier (pourtant après l’éruption de 1968), entre l’individualisme anarchisant et la bureaucratie centralisatrice. C’est en tout cas la légende de couverture de son maître livre, La Société bloquée (1) : « Pourquoi la France est-elle un pays conservateur ?

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La ka espéré Godot : entre méprise et trahison. Une mise en scène de Lucette Salibur

 — Par Roland Sabra —

  «Rien à faire» Tout est dit dès les premiers mots de la pièce. A cette remarque de Gogo confronté à la difficulté, très matérielle, d’ôter sa chaussure Didi répond sur le plan philosophique «Je commence à le croire.». L’absurde n’est pas tant l’absence de sens que le trop plein de contre-sens. Ici règne le domaine du double et du dédoublement. Estragon et Vladimir, Pozzo et Lucky. Le garçon et son frère. Et même si l’inconscient d’un texte ne se love pas dans la biographie du scripteur, comment ne pas évoquer en Vladimir, Frank Beckett le frère aîné, persécuteur et en Estragon, le Sam Beckett, en voie de clochardisation, souffre douleur de la fratrie sous l’oeil accusateur du tyran maternel? Le double est signe de mort. Longtemps on a tué les jumeaux à la naissance : la nature se trompait à produire deux fois le même. Rémus est tué pour que Romulus fonde une ville qui défie la mort, une ville éternelle. A l’annonce d’un décès, les miroirs sont voilés pour éviter que le reflet du cadavre ne re-convoque la mort.

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« Pas de prison pour le vent » d’Alain Foix : hommage d’hommes de talents à des femmes admirables

 — Par Roland Sabra —


Alain Foix et la statue de Gerty Archimède à Basse-Terre

 La Martinique a de la chance mais elle ne le sait pas toujours. Elle accueillait Mardi 28 mars dans une trop grande discrétion une création mondiale d’Antoine Bourseiller : la mise en scène de Pas de prison pour le vent une pièce écrite par Alain Foix.

Antoine Bourseiller est aujourd’hui un vieux Monsieur qui a consacré toute sa vie au théâtre, à l’opéra et au cinéma. Qu’on en juge : en 1960 il reçoit le prix du Concours des Jeunes Compagnies, grâce auquel il prend la direction du Studio des Champs-Élysées. De 1960 à 1982, il est directeur de théâtre (Paris, Marseille, Orléans) et, de 1982 à 1996; il dirige l’Opéra de Nancy et de Lorraine, puis de 1994 à 2000 Les Soirées d’été de Gordes.  En 1967, invité par Jean Vilar, il avait ouvert un nouveau lieu au Festival d’Avignon, le Cloître des Carmes. Son oeuvre théâtrale est une aventure essentiellement marquée par des créations, ponctuée cependant de certaines exhumations d’œuvres classiques, telle La Marianne de Tristan Lhermitte, La mort d’Agrippine de Cyrano de Bergerac, Rodogune de Corneille, Axel de Villiers de L’Isle-Adam.

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Aimé Césaire : « Ma poésie est née de mon action »

 

Entretien
Aimé Césaire : « 

Né à Basse-Pointe (Martinique) le 21 juin 1913, Aimé Césaire n’est plus député et maire de Fort-de-France. Tous les jours, il reçoit dans son ancien bureau. Peintres caribéens, portraits, paysages, avec en prime un cadre pour le maillot n° 21, celui du footballeur Lilian Thuram. Normalien, agrégé, Césaire publie Cahier d’un retour au pays natal en 1939. En 1941, il fonde avec sa femme Suzanne et des camarades (René Ménil, Aristide Maugé) la revue Tropiques ; plus tard, Présence africaine. André Breton préface Les Armes miraculeuses en 1944. Après un séjour en Haïti, 1945 le voit entrer en politique. 1950 : Discours sur le colonialisme. En 1958, il fonde le Parti progressiste martiniquais pour consacrer sa rupture avec le Parti communiste. Parallèlement, il publie ses poèmes (Soleil cou coupé), son théâtre (La Tragédie du roi Christophe), ses discours. Une seule règle : « Pousser d’une telle raideur le grand cri nègre, que les assises du monde en seront ébranlées. »

Vous aimez votre pays. Vous le visitez toutes les semaines ?

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L’avalasse créolité et brouillard diglottique : les déchoucailles des éloges

par Robert Fournier—

 

Robert Fournier est “Associate Professor of French Linguistics” à Carleton University, Ottawa.

 

 

« Parmi les stéréotypes les plus courants au sujet de l’époque coloniale persiste celui qui veut qu’on trouvait dans les îles deux catégories bien distinctes d’individus : des maîtres et des esclaves. »

Paru dans « Robert Fournier & Henri Wittmann (dirs), Le français des Amériques, Presses universitaires de Trois-Rivières (Québec), 1995, pp. 199-230 »

 

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Dans une brochure touristique vantant comme il se doit les beautés de « ce coin de France Tropicale« , distribuée par l’Office Départemental du Tourisme de la Martinique aux congressistes venus échanger sur les études francophones dans le monde (CIEF 1990), on pouvait lire à la page 3 « Informations générales » sous la rubrique Langue,

Le français est parlé et compris par toute la population mais on y entend beaucoup ce rapide patois créole qui comporte autant de mimiques que de mots empruntés au français, à l’anglais, à l’espagnol et parfois influencé par les langues africaines. Bien entendu l’anglais est généralement compris [c’est moi qui souligne].

Le contenu de ce passage, très commode pour démarrer un séminaire de Langue et Société au cours duquel on souhaite déchouquer quelques vieux mythes et préjugés tenaces entretenus sur la dynamique des langues notamment créoles, et des gens qui les causent, est parfaitement dérisoire au plan sociolinguistique.

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