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Sciences sociales : nouveautésdu16 mai 2021

 

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

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Dans le regard de ceux qui partent.

Lettre ouverte aux candidats à la CTM

— Par Laurent Cypria  – Président du Forum Territorial de la Jeunesse Martiniquaise —

Messieurs les candidats,
Mesdames les candidates,

Avez-vous eu l’occasion de plonger votre regard dans celui de ceux qui partent?

Ils sont si jeunes, si nombreux, si résignés; et si déçus de vous tous.
Même s’ils portent au cou comme au cœur une Martinique en or, le départ a un arrière-goût de désillusion et de déception.
En les observant bien, on comprend que certains connaissent déjà les réalités si particulières de l’exil et se disent qu’ils auront l’énergie de dépasser les obstacles du quotidien; tandis que d’autres, tout plein de rêves dans les yeux, ignorent encore la morsure du froid et l’omniprésence des discriminations.

Dans leurs valises, bien calée à coté de la bouteille de rhum, ils emportent parfois l’idée que rien en Martinique n’a changé ni ne changera. Une déception amère qui «s’affinera en fût de chênes» pendant de nombreuses années avec chaque nouveau tweet du pays.
Ces derniers n’apportent en général que trois bonnes nouvelles par an:
les préparatifs du carnaval, l’effervescence du tour des yoles, et le retour du jambon de Noël.

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Ui mé tala… & Les clefs de Saint-Pierre

. — Par Patrick Mathelié-Guinlet —

UI MÉ TALA…

. Difé fondòk latè

. ka brilé tout Senpyè,

. ka woulé anba mòn

. . jik bòdlanmè.

. . An bidim niyaj sann

. . ka monté èk désann

. . èk ka pòté lanmò

. . épi gwo lanmizè

. . an mitan tjè tjim li

. kon balé lanm lanmè

. ka fè sab-la tou plat

. . anba lanmen bondyé.

. . An lanm difé

. . ka kité nou san ayen

. . sòf anpatjé rigré

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L’adoption internationale, un ouvrage de Joohee Bourgain

Reconsidérer l’adoption du point de vue des adopté·es

Une analyse du système de l’adoption internationale, pour en finir avec une série de mythes qui en déguisent la véritable nature coloniale
À quoi pensez-vous quand vous entendez « adoption internationale »: à un acte d’amour, un geste qui sauve un·e orphelin·e ?
Joohee Bourgain analyse les pratiques et les enjeux de l’adoption internationale dans une perspective antiraciste, anticapitaliste et décoloniale. À partir d’une critique des rapports asymétriques de pouvoir entre le Nord et le Sud, l’autrice déconstruit un par un les mythes qui entourent l’adoption – le mythe de l’abandon, de l’orphelin·e misérable, ou de l’adoption comme acte non-raciste, pour ne citer qu’eux. Car si cette mythologie n’est jamais questionnée, n’est-ce pas parce que l’on entend rarement les personnes adoptées s’exprimer sur ce sujet ?
L’autrice témoigne à partir de sa propre expérience d’adoptée sud-coréenne, fait le lien avec le vécu d’autres minorités, et appelle à la politisation pour que la prise de conscience individuelle soit suivie d’une organisation collective.

Joohee Bourgain, enseignante dans le secondaire, est également très militante.
Persuadée de la nécessité de rendre visible un discours critique sur l’adoption internationale et de reconsidérer l’adoption du point de vue des adopté·es, elle souhaite par ce livre libérer la parole et porter ce sujet dans le débat public.

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De la couleur de peau à la cérémonie des Oscars 2021

– par Janine Bailly –

Une cérémonie engagée ?

Lors des nominations aux Oscars 2021, le site du journal Jeune Afrique titrait « Les artistes noirs sortent enfin de l’ombre ». Que peut-on en dire aujourd’hui, après que les précieuses statuettes ont été décernées lors de cette 93ème cérémonie, tenue ce 25 avril à Los Angeles? Qu’en est-il des espoirs affichés par le journaliste Léo Pajon dans cet article du 22 avril ? 

Régulièrement fustigée pour son manque de diversité – Une campagne au nom de #OscarsSoWhite / Des Oscars si blancs, avait était lancée en 2015 afin de souligner la suprématie des réalisateurs, acteurs et producteurs blancs dans le palmarès –, et bien qu’elle semble avoir éclipsé le continent africain resté en lice avec deux réalisateurs seulement, l’Académie des Oscars a cependant sélectionné cette année « un nombre record d’Africains-Américains ». À noter que les films dans lesquels les acteurs afro-américains interviennent mettent souvent les héros aux prises avec des Blancs – gouvernement, producteur, FBI, policiers… – selon des scénarios qui jettent un regard militant sur le passé.

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Littératures : nouveautés du 25 avril 2021

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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Décès de l’historien français Marc Ferro ( 1924- 2021)

« L’image comme sujet de l’histoire »

— Par Marie-Hélène Léotin (*) —

L’universitaire et historien français Marc Ferro est décédé le 21 avril 2021 à l’âge de 96 ans. Spécialiste de la Russie, du cinéma et de la décolonisation, il a marqué plusieurs générations d’étudiants et d’historiens de la seconde moitié du XXe siècle.

On retiendra l’ouvrage collectif paru sous sa direction en 2003 : « Le livre noir du colonialisme, XVIe – XXIe siècle, de l’extermination à la repentance ». On peut également citer : « Des soviets au communisme bureaucratique », « Culture et Révolution », « Revivre l’histoire », « Révoltes, révolution, cinéma » », « Cinéma et histoire ».

Orphelin de père à l’âge de 5 ans, sa mère, juive d’origine ukrainienne, ne reviendra pas des camps. Marc Ferro s’engage dans la Résistance et rejoint le maquis de Vercors. Il est professeur d’histoire à Oran au moment de la guerre de libération nationale en Algérie.

Marc Ferro appartient au courant de l’histoire nouvelle, héritière de l’Ecole des Annales : des historiens à la fois démographes, économistes, sociologues, géographes, anthropologues, assurant une liaison étroite entre enseignement et recherche, diffusant la connaissance (France 5 et chaîne ARTE pour Ferro), stimulant les enquêtes collectives, organisant des rencontres entre les sciences humaines.

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Recta Linea. Petit traité d’humanité martiniquaise d’Emmanuel de Reynal

« En refermant la porte, il baissa les yeux machinalement et vit une enveloppe coincée sous son pied. C’était une enveloppe blanche de taille moyenne qui ne comportait rien d’autre qu’une inscription écrite à la main : Gabriel. À l’intérieur, une petite carte en bristol et une lettre. Sur la carte, on pouvait lire ceci : Gabriel, cette lettre est la première d’une longue série. Tu aurais dû la recevoir depuis bien longtemps. Pardonne-moi. Ta marraine.
Il n’avait pas le souvenir d’avoir jamais eu de marraine. »

Gabriel commence un matin à trier de vieux souvenirs lorsqu’un bruit étrange derrière la porte attire son attention. Intrigué, il ouvre la porte et découvre une mystérieuse lettre… Dans « Recta Linea », Emmanuel de Reynal nous livre une enquête palpitante au cœur de la vie martiniquaise, rythmée par des découvertes étonnantes au fil des lettres reçues par notre héros. Les secrets de famille se dévoilent… et bien d’autres encore.

L’AUTEUR : Emmanuel de Reynal

Emmanuel de Reynal est un acteur engagé dans la vie économique et sociale de la Martinique. Né en 1965 à Fort-de-France, il fait carrière dans la publicité régionale et participe activement à la vie associative de son île.

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L’Afrique, dans l’œil des photographes

Une exposition, un livre, pour connaître l’histoire du Mozambique, et pour approcher autrement le continent africain
Mário Macilau et le Mozambique : la photographie peut-elle servir à exorciser les fantômes d’un pays ?

Cette question occupe une grande place dans le travail de Mário Macilau¹ qui, à travers ses séries photographiques, scrute l’histoire récente du Mozambique². Né en 1984, arrivé à la photographie un peu par hasard, passé « de l’univers de la rue à celui des galeries », il commence à photographier la capitale, Maputo³, après la guerre civile (1977-1992), alors qu’il fréquente les enfants errants de la ville. « Au début, je considérais l’appareil photo comme un jouet, à cause des polaroïds, ça me semblait étrange. Mais après les accords de paix, en 1992, les ONG et les missionnaires étrangers ont quitté le Mozambique en laissant derrière eux des appareils photo et des caméras ». Le jeune homme tente alors sa chance professionnellement. « Puisque tout le monde cherchait du travail en pleine reconstruction du pays, je me suis dit “pourquoi pas” ? », explique-t-il. Il s’intéressera dès lors aux marginaux et aux « fantômes de l’histoire », verra ses photographies publiées dans la presse, et sera connu à l’international !

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Le voguing, la danse LGBTQ qui fait divaguer la jeunesse chinoise

Pékin – Cuir, perruques et talons hauts. En Chine, les minorités sexuelles se défoulent désormais au rythme du voguing, une danse inspirée des défilés de mode qui auraient été revus et corrigés par des drag queens.

Pression familiale, sociale et politique: lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et queers (LGBTQ) peinent à sortir du placard dans un pays qui n’a retiré l’homosexualité du classement des maladies mentales qu’en 2001. 

Leur joie n’en est que plus grande en ce samedi soir à Pékin, lors du plus grand bal de voguing jamais organisé dans l’austère capitale chinoise. 

Défilant sur la piste au son d’une house music assourdissante, les danseurs outrageusement maquillés électrisent leur public avec leurs poses lascives et leurs vastes mouvements des bras qui définissent le voguing. 

Déchaînés, des centaines de jeunes Chinois LGBTQ, dont beaucoup venus de loin, hurlent leur enthousiasme, pendant que les juges sélectionnent les meilleurs danseurs. 

« C’est la récré des marginalisés« , observe l’organisateur de la fête, Li Yifan, mieux connu sous le surnom de « Bazi« . 

A 27 ans, ce pilier des nuits pékinoises donne aussi des cours de voguing, une danse « à la forte vitalité » qui reflète « l’esprit de résistance des minorités sexuelles« . 

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Patrick Chamoiseau : « On n’a pas besoin d’universel, on a besoin de Relation »

Avec son nouveau livre, Le conteur, la nuit et le panier, l’écrivain et intellectuel martiniquais Patrick Chamoiseau poursuit sa quête de ce qui fonde et constitue le geste créatif. Il met en scène un conteur créole, qui se lève au cœur de la plantation, parmi les esclaves, et les dote d’une parole commune. Il incarne le règne du sensible dans le rapport que l’on entretient au « réel », l’accès par le « je » à un « nous », cette autre manière de vivre au monde et de vivre le monde, non plus entre des frontières, des nations exclusives, ou des absolus culturels, mais dans l’interaction avec tout le vivant.

Avec Le conteur, la nuit, le panier, son nouveau livre, l’essayiste et romancier martiniquais Patrick Chamoiseau propose un voyage poétique et galactique qui prend son essor au fond des ténèbres et s’élance dans le cosmos étoilé. Ce voyage est celui qui trace les voies et les voix de la création. L’artiste y apparaît comme l’éclaireur du monde, celle et celui par qui le concept de « Personne » peut exister dans une généalogie longue et une histoire immémoriale.

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« Mémoires de la plantation. Épisodes de racisme ordinaire. » un essai de Grada Kilomba

Ce livre a été publié il y a 13 ans à Berlin, ville où j’habite encore aujourd’hui. À cette époque, j’ai eu la chance – ou le destin – de bénéficier d’une des bourses de doctorat les plus prestigieuses du gouvernement allemand. Je venais de terminer mes études à Lisbonne où, pendant plusieurs années, dans un grand isolement, j’avais été la seule étudiante noire du département de psychologie clinique et de psychanalyse. Dans les hôpitaux où j’ai travaillé, pendant et après mes études, j’étais fréquemment prise pour la femme de ménage, parfois les patient·es ne voulaient pas que je les examine, ou refusaient même d’entrer dans la même salle et de rester seul·es avec moi. J’ai quitté Lisbonne, ville où je suis née et où j’ai grandi, avec un grand soulagement.

Je ressentais une immense urgence à partir, pour pouvoir apprendre une nouvelle langue. Un nouveau vocabulaire, dans lequel je pourrais finalement me trouver. Dans lequel je pourrais être moi.

Je suis arrivée à Berlin, où l’histoire coloniale allemande et la dictature impériale fasciste ont également laissé des marques inimaginables. Et, pourtant, il me semblait y avoir une petite différence : alors que je venais d’un lieu de négation, voire de glorification de l’histoire coloniale, j’habitais désormais un autre lieu où l’histoire provoquait la culpabilité, voire la honte.

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« Les Statues de la discorde », un essai de l’historienne Jacqueline Lalouette

Le 22 mai 2020, deux statues martiniquaises de Victor Schœlcher furent brisées. Mais le bruit provoqué par ces destructions fut vite couvert par le fracas médiatique suscité par la mort de l’Afro-Américain George Floyd tué à Minneapolis, par la police, le 25 mai. Les images de son agonie agirent comme un catalyseur et déchaînèrent dans le monde des actes iconoclastes contre les statues glorifiant de « grands hommes » blancs, dont l’action est condamnée à divers titres (esclavagisme, colonialisme, racisme).

Comme d’autres pays, la France, où tout avait donc commencé un peu plus tôt, fut touchée. Pour mieux comprendre la réalité et les enjeux du débat, et après avoir rendu compte de la situation sur plusieurs continents, Jacqueline Lalouette étudie le cas de la France ultramarine et continentale, où diverses statues liées à l’histoire de l’esclavage et de la colonisation furent contestées, vandalisées et, pour certaines, détruites. L’auteur s’interroge ensuite sur les solutions préconisées, de leur retrait à la réalisation de statues de nouveaux héros. Elle donne au final les clés de compréhension de ce débat passionné, en lui-même révélateur des oppositions mémorielles, parfois violentes, qui traversent la France.

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À paraître, de Mérine Céco : « Le Pays d’où l’on ne vient pas »

Annonce sur le site Montraykréyol 

La littérature féminine martiniquaise, qui faisait, jusqu’à tout récemment, pâle figure à côté de son alter ego guadeloupéen, s’affirme d’année en année. Avec Térez Léotin, Ina Césaire, Nicole Cage, Suzanne Dracius, Christiane Sacarabany, Jala, Anique Sylvestre, Gaël Octavia, Nady Nelzy-Odry… et tant d’autres, elle trace son chemin, certes dans un relatif silence médiatique, lentement mais sûrement, cela avec une vigueur et une inventivité surprenantes : le 25 mars 2021, le nouveau roman de Mérine CécoCe pays d’où l’on ne vient pas, qui paraît aux éditions Écriture, sera disponible en librairie.

Biographie brève : extrait de Mondesfrancophones

Corinne Mencé-Caster, de son nom de plume Mérine Céco, née en 1970 à La Martinique, est une universitaire et écrivaine française (romancière, essayiste…).

Elle suit en parallèle des études de philosophie et de littérature. À 22 ans, elle est agrégée d’espagnol puis docteur en sciences du langage (1996). Elle commence sa carrière à l’Université des Antilles et de la Guyane (UAG), en 1994, en tant qu’attachée temporaire d’enseignement et de recherche. Elle devient ensuite maître de conférences (1997-2007), puis professeur des universités, en 2009 doyen de la Faculté de lettres et de sciences humaines sur le pôle Martinique.

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Conte Dogon : Une mère qui a promis sa fille à quatre hommes à la fois

CONTE 14

Il était une fois une mère qui avait promis sa fille en mariage à quatre hommes différents.

A l’approche du mariage, elle ne sut plus que faire. Son cœur se déchira, elle se mit à pleurer et à se lamenter quand un vieux marabout vint lui rendre visite.

Ce dernier lui demanda la cause de son chagrin et elle lui expliqua la situation.

Le marabout lui demanda si elle a un chat, si elle a un chien, si elle a un âne et à chaque fois elle répondit « Oui ». Puis il lui demanda de conduire chacun de ces animaux dans une pièce différente et il transforma chacun d’eux en une copie de la fille, mais dans une quatrième pièce, il installa la fille elle-même.

Dans la première nuit l’un des prétendants entre dans la première pièce, dans la seconde nuit, le second prétendant entre dans la seconde chambre.

Dans la troisième nuit, le troisième entre dans la troisième chambre. Dans la dernière nuit le quatrième entre dans la dernière chambre.

Durant les quatre nuits, la mère ne sait même plus , parmi les quatre, qui est sa vraie fille tellement le marabout les a faites semblables.

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Jean Cocteau vu par Pedro  Almodóvar : « La Voix humaine »

Deux ans après Douleur et Gloire, le cinéaste espagnol adapte librement la pièce en un acte de Cocteau dans un court-métrage d’une trentaine de minutes où Tilda Swinton, en amante éconduite, embrase l’écran, plus altière et incandescente que jamais. The human voice-La Voix humaine¹ sort en DVD et VOD, le 19 mars 2021.

D’après Patrick Tardit  dans « Infodujour »

Tilda Swinton² donne son physique atypique, sa « pâleur », son « mélange de folie et de mélancolie », à son personnage, une femme seule, abandonnée, quittée par son amant… Si de celui-ci, jamais on n’entendra  les répliques, ou les questions, il nous sera cependant loisible, par la grâce de la réalisation, de l’imaginer…

Synopsis : Trois jours que les valises de l’homme sont faites et prêtes à partir, après quatre années de bonheur. Trois jours qu’elle l’attend, qu’elle attend de ses nouvelles, mais il ne viendra même pas chercher lui-même ses bagages. En complet bleu, elle sort acheter une hache, avec laquelle elle va s’acharner sur le costume sombre de l’absent posé sur le lit ; en ensemble rouge, elle pioche dans les pilules entassées dans le tiroir de sa table de chevet.

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Le festival de Cannes se prépare pour juillet, Spike Lee aux commandes du jury

La 74e édition du festival de Cannes, dont les préparatifs « battent leur plein » pour juillet malgré la pandémie, a un président du jury, le cinéaste américain Spike Lee, première personnalité noire à occuper la fonction.

Spike Lee devait présider le jury l’an dernier, mais le Covid a empêché le festival de se tenir. « Fidèle à ses engagements », le cinéaste assumera cette fonction lors du festival qui doit se dérouler en début d’été (6 au 17 juillet), au lieu du mois de mai, ont annoncé les organisateurs.

« Les préparatifs battent leur plein, avec de nombreux films visionnés par le comité de sélection », ont-il souligné, donnant rendez-vous « début juin » pour l’annonce de la Sélection officielle et de la composition du reste du jury, qui devra désigner le successeur de « Parasite » du Sud-Coréen Bong Joon-ho, Palme d’or 2019.

Cette 74e édition est attendue: si les conditions sanitaires permettent sa tenue aux dates prévues, il s’agira du plus important rendez-vous mondial du cinéma depuis plus d’un an. La plupart des autres grands festivals ont été contraints à l’annulation ou se sont tenus en ligne.

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« Bernarda Alba from Yana », être femme, toujours et sous tous les cieux !

Spectacle par Le Grand Théâtre Itinérant de Guyane, au théâtre Aimé Césaire de Fort-de-France. Adaptation et mise en scène d’Odile Pedro Leal.

– par Janine Bailly –

Ce qui sans doute fait la force et l’intérêt de Bernarda Alba from Yana, adaptation de La casa de Bernarda Alba du dramaturge espagnol Federico Garcia Lorca, c’est son intemporalité, ou son universalité. Un paradoxe assumé, puisque l’intrigue se déroule en une sorte de huis clos, qu’elle ne sortira jamais de la maison ou du domaine de Bernarda – si ce n’est que le reste du monde sera entrevu par les fenêtres des chambres, tour à tour permises ou interdites, seules ouvertures sur l’extérieur concédées par la tyrannie d’une mère promue, au décès de son second mari, chef incontesté de la cellule familiale. Paradoxe assumé, puisque les passions mises en scènes, les déchirements qu’elles entraînent, allant jusqu’à faire imploser un cercle exclusivement féminin, furent sous tous les cieux et de tous temps, du domaine de la tragédie ; qu’aussi la critique sociale sous-jacente à l’histoire pourrait se concevoir aujourd’hui autant qu’autrefois… Que sont suggérées, par une simple paire de longues bottes noires posées sur une chaise en ouverture de spectacle, les amours ancillaires du maître de maison… Que l’argent se révèle parfois être le moteur des actions humaines, et des choix qu’en dépit de ses sentiments intimes on se croit tenu de faire… et qu’enfin la distribution des comédiennes et comédien, multiple par la couleur de peau et les origines, donne l’idée d’un peuple guyanais mêlé, où l’on vivrait sans préjugés « raciaux » d’aucune sorte…

Sous la férule de leur mère, elles tentent de vivre, les cinq filles recluses dans le giron qu’on dit protecteur, et qui pour une longue période de deuil selon la tradition vient de se refermer sur elles, interdites les robes et dentelles trop frivoles, interdite la poudre de riz sur le visage, que d’un brutal revers de main Bernarda balaiera !

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« Mémoires d’îles » : texte d’Ina Césaire, m.e.s. José Exélis

Mercredi 17 mars 2021 – 20h Salle mobile – Saint-Esprit 

Avec : Suzy Singa, Catherine Césaire

Une nuit tropicale, une véranda en rase campagne. La pleine lune flirte avec les étoiles, les kataks bois rivalisent de concert. Nous sommes dans les années 60. Deux vieilles, deux « gran moun » Hermance et Aurore revisitent l’île du début du 20e siècle, à grands anhan de souvenirs, d’anecdotes croustillantes, douloureuses, nostalgiques et joyeuses. Mais au détour de cette parole feutrée à la limite du conte au quotidien, se révèlent des non dits, des joies et des souffrances, des peurs et des refoulements traversés d’exaltations restituant et révélant l’âme caribéenne et martiniquaise, mais aussi ses antagonismes de classes, ses conditions sociales disparates et un pan de notre histoire collective… donc du monde…

Lire la critique du 22 mars 2008 de Roland Sabra

Ina Césaire
Née en Martinique où elle s’installe après des études supérieures et un début de carrière universitaire en France en tant qu’ethnographe, elle est chargée de mission à la conservation du patrimoine de Martinique pour le CNRS. Parallèlement à ses articles scientifiques et films ethnographiques, elle a publié plusieurs recueils de contes, romans et pièces : « Ti Jean », « Rosanie Soleil », « Mémoires d’Isles »…

José Exélis
José Exélis débute au théâtre en 1984 en tant que comédien sur une trentaine de productions et a écrit cinq pièces.

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« Bernarda Alba from YANA », adaptation et mise en scène Odile Pedro Leal

11, 12 & 13 mars 2021 à 19h 30 au T.A.C.

A la mort de son époux, Bernarda Alba s’enferme avec ses cinq filles, pour les huit années que durera le deuil ! Mais le vivant du corps de ses filles la projette brutalement dans une modernité insoupçonnée. Pepe le Romano est ce grain de sel invisible qui fera dérailler la mécanique ; une organisation quasi totalitaire de la destinée des femmes ; un ordre établi…
Angustias, l’aînée des sœurs, doit épouser Pepe le Romano. Cependant, Magdalena, Amélia, Martirio, Maria Josefa, l’aïeule, toutes, dans la logique de leur corps, n’ont qu’une pensée, se « marier avec un beau garçon du bord de la mer ».
Et Adela, la plus jeune des sœurs, prend le maquis de son plaisir « Mon corps sera à qui je voudrai » ! A quelle fin ? La sublime Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca est un microcosme criant de désir et de révolte ! Une révolte qui, quand elle implose, indique la complicité de fait, naturelle, éternelle, des femmes dans ce monde choisi pour elles…
La constance de la nature humaine, à la fois rassurante et surprenante, sert le propos de l’auteur et nous offre nos meilleurs prétextes : le matriarcat, ses forces, ses contraintes ; le pouvoir, l’aliénation, la révolte ; liberté, féminité dans le monde actuel ; le monde des croyances, le monde des lois taiseuses ; le monde politique, le monde économique, le monde des hommes… que vivent les femmes.

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Steve McQueen : « Cette série était un devoir »

« Small Axe, la série coup de poing nommée aux Golden Globes, un chef d’œuvre en cinq actes » 

Steve McQueen, le  réalisateur britannique oscarisé pour Twelve Years a Slave en 2013, propose, sur la plateforme Salto, une anthologie de cinq films pour raconter le racisme qu’a rencontré la communauté noire et antillaise, à Londres, des années 60 aux années 80. Dans le  long-métrage qui lui a valu une réputation bien méritée,  il disait déjà la descente aux enfers d’un homme noir, devenu esclave dans le Sud des États-Unis, au XIXe siècle. Aujourd’hui, il choisit avec soin cinq histoires de vie, cinq histoires authentiques de harcèlement, de racisme, de discrimination et d’injustice, mettant  en scène la communauté de ces immigrés caribéens, partis de leur terre d’origine pour rejoindre l’Angleterre, et parfois aider à la reconstruire.

Télérama : En mettant en lumière des événements souvent absents des livres d’histoire britanniques, et en reconstituant avec soin les conditions de vie de la communauté caribéenne londonienne sur deux décennies, McQueen délivre une œuvre puissante, nécessaire, où l’esthétique est toujours au service du politique.

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Les diffusions en direct du Théâtre de la ville  :  « Un furieux désir de bonheur »

— par Janine Bailly —

Vendredi 26 février. Samedi 27 février à 15 heures (heure de Paris), sur Facebook  et Youtube

En direct, car il ne s’agit pas à proprement parler de “théâtre filmé”, les acteurs jouant à chaque représentation sur la scène, devant une salle privée de spectateurs, jouant jusqu’au simulacre du salut final. Un salut inhabituel, angoissant presque d’être offert et vu dans un si total silence !  Pendant ce mois de février, le Théâtre de la Ville à Paris poursuit son engagement envers la jeunesse, les soignants, les enseignants. Après J’ai trop d’amis, Nos amours bêtes, Alice à travers le miroir, Alice et autres merveilles, voici donc Un furieux désir de bonheur, diffusé en direction des familles, des hôpitaux, des centres de loisirs, et des écoles qui ne sont pas en vacances.

En écho à Olivier Letellier, qui pour présenter ce nouveau  spectacle s’appuie sur la formule « Oser dire ses désirs », Emmanuel Demarcy-Mota, directeur de la structure, initiateur  dès le premier confinement de l’opération “Les Directs”, nous rappelle une fois encore que le théâtre, s’il est empêché, continuera en dépit de la fermeture des établissements au public :  « Rien ne nous arrêtera dans notre désir,  nous ferons tout pour ne pas avoir peur ».

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« Moi, fardeau inhérent », m.e.s. & jeu Daniely Francisque, texte de Guy Régis Jr

25, 26 & 27 février à 19h 30 au T.A.C.

Une femme seule, drapée dans la nuit. Elle attend. Flamme téméraire sous la pluie sauvage. Ses mots grondent, sa révolte déborde. Elle crie sa blessure à jamais ouverte, dénonce son destin avorté. Convoquant le passé, elle exhume le secret enfoui dans son corps flétri, son fardeau. Comment transcender les blessures de la vie ? Ici une femme attend l’heure de la vengeance. Elle attend l’homme, cette charogne. Elle l’attend avec dans sa main, l’orage et le glaive. Pépite du répertoire théâtral caribéen, le texte puissant et poétique de l’auteur haïtien Guy-Régis Junior résonne avec le mouvement mondial de libération de la parole des femmes, dénonçant harcèlement et violences sexuelles. Il vient clore le triptyque théâtral #Duels2Femmes de la compagnie TRACK, initié en 2016.

Lire les divers comptes rendus sur Madinin’Art

Mise en scène & Interprétation : Daniely Francisque
Assistant : Patrice Le Namouric
Direction de jeu & Regard extérieur :Nelson-Rafaell Madel
Musique : Eddie Francisque

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Chlordécone: l’impossible prescription

À l’approche des mobilisations du 27 février 2021, un collectif de citoyens – qui craint que justice ne soit pas rendue sur l’utilisation du chlordécone – tente d’alerter l’opinion publique. « Aujourd’hui, la prescription c’est une manière de dire que nos corps, nos terres, nos enfants, nos matrices, nos santés n’ont aucune valeur devant la loi française. Accepterez-vous cela ? »

Étrange histoire que celle de la prescription dans le droit français. Si le droit romain et le droit de l’Ancien régime approuvent un principe général d’imprescriptibilité pour les crimes les plus graves (comprendre lèse-majesté, usure, simonie et duel mais également viol et brigandage), le droit révolutionnaire a érigé un corpus de règles venant encadrer la prescription des infractions afin de rendre impossible les poursuites passées un certain délai.

Il ne faut pas croire que c’est l’esprit des Lumières qui inspirait cette exception française. Car tant le célèbre criminaliste italien Beccaria que le britannique Bentham se sont opposés à cette technique d’absolution. Bentham n’hésitait pas à écrire que la prescription constitue « un appât pour les malfaiteurs, un objet de douleur pour les gens de bien, une insulte publique à la justice et à la morale ».

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Pap Ndiaye nommé à la direction du Palais de la Porte Dorée

Le Palais de la Porte Dorée :

L’Établissement public du Palais de la Porte Dorée réunit aujourd’hui le Musée national de l’Histoire de l’Immigration et l’Aquarium tropical. C’est un lieu d’échanges, fort d’une programmation culturelle et scientifique interdisciplinaire, croisant beaux-arts et histoire, sciences et société, mais aussi patrimoine et arts vivants. En 2019, il a accueilli jusqu’à 525 594 visiteurs, et se situe désormais au 25e rang des monuments et musées les plus visités de France. Pap Ndiaye, qui en a été nommé Directeur général, prendra officiellement ses fonctions le 1er mars 2021. Il succèdera, pour un mandat de trois ans, à Hélène Orain. À la tête de l’établissement depuis 2015, celle-ci est arrivée au terme de ses deux mandats.

Connu parfois sous son ancien nom de “Musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie”, le bâtiment du musée a été construit pour l’Exposition coloniale de 1931. D’abord “Musée des Colonies” – avec sa dédicace « À la France colonisatrice et civilisatrice » –, il changera plusieurs fois de nom : “Musée de la France d’Outre-mer” en 1935, “Musée des Arts africains et océaniens” en 1960 et “Musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie” de 1990 à 2003, année au cours de laquelle il ferme ses portes.

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