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Roland Gori, psychanalyste : « Face à la maladie et la mort, le ridicule des emblèmes de la richesse et du pouvoir »

— ¨Par Maud Vergnol —

« Distanciations sociale », inégalités de traitement, mondialisation en accusation… Le philosophe et psychanalyste, professeur honoraire de psychopathologie clinique, éclaire les débats que suscite la crise liée au coronavirus et analyse les effets du confinement sur les individus et sur nos sociétés. Un entretien décapant de la directrice de rédaction avec le président de l’appel des appels.

Le pays vit sous confinement depuis plus d’une semaine. Quelle analyse le psychanalyste que vous êtes fait-il de cette « distanciation sociale » imposée pour juguler le coronavirus ? Quels peuvent en être les effets à moyen terme, tant au niveau individuel que collectif ?

Roland Gori. Le terme de « distanciation sociale » est inapproprié et maladroit. Bien au contraire, il convient d’inviter à la proximité et à la solidarité sociales, tout en exigeant une « distanciation physique ». Il ne s’agit pas de se replier individuellement mais au contraire de mettre à profit ce temps suspendu pour être affectivement et socialement ensemble. De ce point de vue, les nouvelles technologies sont un moyen formidable pour « être seuls, ensemble ».

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Roland Gori : « Face au dés-œuvrement, à la désolation, réhabiliter le champ du politique »

Psychanalyste, professeur honoraire de psychopathologie à l’université d’Aix-Marseille, cofondateur de l’Appel des appels, il a récemment publié Un monde sans esprit, la fabrique des terrorismes et il y a quelques jours, avec Bernard Lubat et Charles Silvestre, le Manifeste des œuvriers (éditions Actes Sud-les Liens qui libèrent).

 Un monde dés-œuvré est un monde sans avenir », écrivez-vous. Qu’est-ce qui caractérise ce dés-œuvrement ?

Roland Gori C’est une référence à Hannah Arendt, qui distingue le travail (de nos corps), l’œuvre (de nos mains) et l’action (de la parole et du politique). Le dés-œuvrement, c’est ce qui conduit au désenchantement du monde, et à la prolétarisation des activités humaines. Cette désolation, cet esseulement, qui isole les humains, les asservit aux machines matérielles ou numériques, participent de ce que j’appelle un technofascisme, place les citoyens sous une curatelle technico-financière qui favorise, aujourd’hui, les théofascismes. Face au dés-œuvrement, face à la désolation, il faut réhabiliter le champ du politique : restituer à la parole une place centrale qu’elle a perdue au profit d’une vision du monde économique, technique.

Comment en est-on arrivé là ? Y a-t-il eu défaillance (des politiques, des intellectuels, des syndicats) ?

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Roland Gori : « Le néolibéralisme détruit les biens communs et le lien social depuis 40 ans »

— Entretien réalisé par Lucie Fougeron de l’Humanité Dimanche —

desaffiliationAprès les attentats de novembre 2015, le psychanalyste et essayiste* revient sur la nature des groupes terroristes et pose les jalons d’une réponse à une crise de civilisation qui suppose de repenser totalement le monde.
HD. De quoi les groupes terroristes qui ont mené notamment les attentats de novembre en France se nourrissent-ils ?
ROLAND GORI*. Ils émergent de la niche écologique d’une crise de civilisation qui s’est développée dès lors que les démocraties libérales ont voulu imposer ce que Pierre Bourdieu a appelé un faux universel, c’est-à-dire une raison du monde qui repose essentiellement sur le droit et les affaires. La prétention de rétablir par la tyrannie et la terreur des valeurs intégristes en matière de religion et de famille correspond à ce que la rationalité, que j’appelle « pratico-formelle » – la raison du droit et celle des affaires –, a laissé de côté : les valeurs traditionnelles de la morale et de la religion. Elles constituent le fonds de commerce d’une propagande à même d’appâter les individus les plus « désaffiliés » de notre société.

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Roland Gori : « L’enjeu politique d’aujourd’hui est un enjeu d’humanité »

Comment «néopsychiatrie» et néolibéralisme provoquent-ils un «séisme de civilisation» ? Comment s’opposer aux nouvelles «servitudes volontaires» ?

roland_gory Le psychanalyste creuse son sillon critique de la dictature de la technique et de l’évaluation. Il signe un livre manifeste dont le titre résume le défi posé au sujet contemporain : « Faut-il renoncer à la liberté pour être heureux ? »

Le psychanalyste et co-initiateur de l’Appel des appels vient de publier « Faut-il renoncer à la liberté pour être heureux ? » (éditions les Liens qui libèrent, voir l’Humanité du 7 février)⋅ Dans le prolongement de ses trois derniers ouvrages, de la Dignité de penser à la Fabrique des imposteurs, il poursuit ici son travail de critique des ravages du néolibéralisme et de la domination aveugle de la technique en un véritable manifeste de civilisation⋅

Vous parlez de «séisme anthropologique». Pouvez-vous en développer quelques-uns des aspects dont vous parlez dans votre ouvrage ?

Roland Gori⋅ Un point de départ pourrait être les travaux de sociologie d’Ulrich Beck sur « la société du risque » (1986)⋅ Aujourd’hui, il importerait moins de répartir les richesses que les risques.

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« Cette guerre que nous n’avons pas faite » : une allégorie d’Aimé Césaire

Vendredi 14 & samedi 15 avril 2023, à 19h30, au T.A.C.

— Par Selim Lander —

Beau succès que cette interprétation par Hervé Deluge de la pièce de Gaël Octavia, même si l’assistance pour la première au Théâtre municipal de Fort-de-France était moins fournie qu’elle ne l’a été dans d’autres circonstances. On la souhaite encore plus nombreuse pour les deux représentations suivantes car le texte est formidablement écrit et construit ainsi que superbement mis en scène et interprété. Gaël Octavia n’en est pas à son coup d’essai en tant qu’auteure de théâtre, sa pièce intitulée Congre et Homard qui fait s’affronter deux hommes est un bijou, pas au sens de quelque chose de joli mais d’un modèle de construction de l’intrigue. Quant à Hervé Deluge, il est un comédien courageux qui s’engage à fond dans ses projets et l’interprétation est à sa mesure. S’étant également chargé de la mise en scène, il a judicieusement pris le parti d’illustrer la pièce avec des projections – sur le socle à l’antique dont le comédien ne bougera pas pendant tout le spectacle – qui renforcent le côté humoristique d’une pièce dont le sujet est par ailleurs fort sérieux, voire douloureux, en particulier pour les spectateurs martiniquais.

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« Pensée politique » par Roland Tell

Pensée Politique n°20

Ultime et dernier texte de « Pensée Politique », pour retrouver, dans la conscience collective des Martiniquais, la nouvelle éclosion de L’Antillanité, dans la fraîcheur unique du temps présent, et dans l’atmosphère maternelle du renouveau culturel.
Certes, retour nécessaire à l’antillanité, comme à une oeuvre humaine à réaliser enfin, après tous les paradoxes déjà mentionnés de la vie politique d’autrefois. En effet, par vouloir de dépassement, ou volonté de puissance politique, par ivresse révolutionnaire aussi, la négritude s’est longtemps trouvée être la valeur prépondérante, pour frapper les esprits, pour subjuguer le peuple. On l’a vu : écrits et discours ont appris à celui-ci l’art d’avaler le mot, certes, à l’époque, trop dur pour sa denture, en des temps, pourtant dits de l’Assimilation, dont la contingence politique demeurait hors de portée, hors de prise. Pourtant, au coeur même de la vie antillaise, se trouvait l’espérance la plus proche, la forme d’existentialisme philosophique et politique la plus vive, susceptible de dégager nos significations, et nos valeurs réelles de peuples, donc celles de l’antillanité.
Par ses aspirations, ses capacités, par l’appel obscur de sa destinée à devenir monde intermédiaire, et communauté d’existence, pour la vie commune de tous les Antillais, de nombreux citoyens l’appelaient déjà de leurs voeux, certes, pour donner sens à leur condition bâtarde d’alors, entre assimilation et négritude, mais surtout pour entraîner l’histoire antillaise à son véritable accomplissement.

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« Voyage à Yoshino » au delà de nos catégories pensantes

— Par Roland Sabra —

C’est à la première partie d’un cours de philo de classe terminale autour de Perception et Raison, la première étant présentée comme la condition de la seconde que semble inviter Naomi Kawase dans «  Voyage à Yoshino. Je dis semble inviter pour un sujet occidental qui serait persuadé que ce que l’on perçoit dépend de ce que l’on sait. Il est une autre façon de recevoir le film en le considérant sous l’angle d’un débat spécifique au monde japonais entre bouddhisme et shintoïsme entre panthéisme et polythéisme le tout dans un perspective naturaliste beaucoup plus large au sein de laquelle le spectateur occidental peut trouver quelques repères qu’il lui faudra pourtant abandonner. « Voyage à Yoshino » est d’abord un voyage, une tentative de larguer les amarres de la raison raisonnante, une invitation au lâcher prise. Le sous-titre «  Vision », au-delà de la plante miraculeuse dont l’héroïne principale est à la recherche est à entendre dans son acception mystique, comme une appréhension immédiate du divin, d’un événement inconnu du passé, du lointain ou du futur ou d’un phénomène surnaturel.

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« Real » : allégorie et métaphore du dessaisissement de l’être

— par Roland Sabra —

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Que peut-on connaître au delà de ce qui nous est donné ? Atsumi, est une mangaka, une dessinatrice talentueuse de mangas. A la suite d’une tentative de suicide elle se trouve plongée dans un coma profond. Son compagnon, Koiki va se joindre à un programme médical novateur permettant une mise en relation, une prise contact de cerveau à cerveau pour la faire revenir pleinement parmi les vivants. Mais voilà que l’expérience se brouille. Quel esprit pénètre l’autre ?
Kiyoshi Kurosawa livre une fable fantastique, élégante et stylisée de fantômes japonnais pour nous questionner sur notre rapport à la réalité à une époque de mutations technologiques, véritables chevaux de Troie de l’expansion d’un imaginaire triomphant. La frontière est fragile, elle laisse passer les « Zombies philosophiques », ces spectres dessinés comme des figures de jeux vidéo, qu’Atsumi déploie et que Koiki croise dans ses voyages aux confins infinis et secrets de ce chemin vers l’autre.

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M. Attal, redonnez à l’écrit, dès le primaire, ses lettres de noblesse

— Collectif —

Un collectif d’écrivains, d’intellectuels, d’artistes… – dont Elisabeth Badinter, IsabelleCarré et Jamel Debbouze – demande au ministre de l’éducation nationale d’engager une profonde refondation de l’école

Monsieur le ministre de l’éducation nationale, nous venons d’horizons divers, écrivains,philosophes, psychiatres, professeurs, chanteurs, rappeurs, acteurs, journalistes… Nous sommes des parents et grands-parents tristes, désarmés. Des citoyens en colère mais combatifs. En cette rentrée scolaire, nous vous écrivons, monsieur le ministre, pour vous faire part d’un constat qui nous brûle, qui renvoie à l’avenir de nos enfants et dont,étonnamment, personne ne parle. Parce qu’il est trop dérangeant ? Une grande partie de nos enfants ne lisent plus et peinent à écrire. Ils peinent à écrire au sens d’articuler leur pensée et de raisonner. Nous parlons de nos enfants de 7 à 10 ans, de nos adolescents, de la génération tout-écran et bientôt intelligence artificielle [IA].

Nous parlons de la conjonction inédite de trois phénomènes majeurs dont on n’a pas encore, semble-t-il,réellement anticipé les effets, explosifs, pour les années à venir : la dégradation du niveau scolaire de l’écrit et de la lecture ; la toute-puissance des écrans dans le cerveau des jeunes à propos de laquelle les scientifiques, les professionnels de l’enfance et les enseignants tirent le signal d’alarme depuis des années ; l’expansion fulgurante de l’IA qui, demain, risque de penser à notre place.

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FAIRE-PAYS, Éloge de la responsabilisation », Patrick Chamoiseau

Nous, de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique, de La Réunion ; gens d’ailleurs et de tous les côtés ; acteurs d’associations ou d’organismes non étatiques ; membres de la société civile ; professionnels de l’éducation, de la santé, de la recherche, de l’information, de la prospective, de la coopération internationale ; pratiquants du travail social, des arts, des lettres, du numérique, de la culture…, considérons que le monde d’aujourd’hui est une alchimie de civilisations, de cultures et d’individus ; qu’il résulte de la traite des Africains, des esclavages du Nouveau Monde et du système des plantations, des grandes guerres européennes et de leurs conséquences, du colonialisme en ses méfaits et de son extension capitaliste planétaire ;
que de cette alchimie ont surgi des peuples-nations demeurés indéchiffrables aux clairvoyances des décolonisations ; que ces peuples nouveaux se sont vus embarqués dans des fictions territoriales, identitaires, historiques et culturelles qui n’étaient pas les leurs ; que ces peuples sont demeurés hors d’atteinte, souvent de leur propre conscience, toujours de la conscience de ceux qui les régentent encore ;
que les insuffisances des décolonisations ont favorisé des Etats-nations souverains, antagonistes, compétitifs, dans un dogme de libéralisme économique où la liberté ne concerne que les marchandises, les capitaux et les lois du profit, cela au détriment de l’humain, du vivant, de la planète en son entier ;

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Emmanuel Macron nous voit comme une foule et nous sommes un peuple

La communication paradoxale du président français suscite une colère et une révolte populaire assez inédites non sans risque pour la démocratie, écrit Roland Gori, psychanalyste, auteur de «La nudité du pouvoir. Comprendre le moment Macron» (2018)

— Roland Gori psychanalyste, membre d’Espace analytique, professeur honoraire des universités —

Nombreux ont été les commentaires des propos du président Macron face aux mobilisations sociales apparues à la suite de sa réforme des retraites adoptée à marche forcée à l’Assemblée nationale par l’usage désormais intempestif du 49.3 engageant la responsabilité du gouvernement afin d’éviter de courir le risque de voir rejeter un projet de loi bruyamment débattu au parlement et vilipendé par la rue. Droit dans ses bottes et dans sa posture de libéral autoritaire, Emmanuel Macron a déclaré: «L’émeute ne l’emporte pas sur les représentants du peuple et la foule quelle qu’elle soit n’a pas de légitimité face au peuple qui s’exprime souverain à travers ses élus.» Une fois encore la rhétorique présidentielle ne manque pas d’audace et entre en contradiction paradoxale avec ses actes politiques. Sauver sa majorité avec seulement 9 voix d’avance sur près de 600 députés et en mettant plusieurs millions de personnes dans la rue devrait rendre la prétention à la légitimité populaire moins arrogante…

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Faire-Pays

Éloge de la responsabilisation

A l’initiative de l’écrivain Patrick Chamoiseau, un collectif d’artistes et d’universitaires appelle, la société civile à soutenir le « processus de responsabilisation » lancé par des élus de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique, de Mayotte, de La Réunion, de Saint-Martin, en faveur de nouvelles relations avec l’État français.

Le texte « Fairepays. Eloge de la responsabilisation » sera prochainement disponible dans son intégralité aux Editions Le teneur. Lire des extraits=>

NOUS,

De la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique, de la Réunion ; gens d’ailleurs et de tous les côtés ; acteurs d’associations ou d’organismes non étatiques ; membres de la société civile ; professionnels de l’Éducation, de la Santé, de la Recherche, de l’Information, de la Prospective, de la Coopération internationale ; pratiquants du travail social, des Arts, des Lettres, du Numérique, de la Culture…,

CONSIDÉRONS,

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« Nous sommes des psychologues et nous ne serons jamais des vendeurs de soins psychiques »

— Collectif —

Alors que le dispositif MonPsy entrera en vigueur le 5 avril, plus de 2 000 psychologues dénoncent, dans une tribune au « Monde », la gabegie du gouvernement et expliquent pourquoi ils entendent boycotter ce protocole, qu’ils étaient pourtant nombreux à appeler de leurs vœux.

Tribune. Depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron et Olivier Véran se félicitent d’une réforme concernant le remboursement de consultations auprès d’un psychologue qu’ils présentent avec emphase comme une avancée historique pour les personnes en situation de détresse psychique.

Que l’on ne s’y trompe pas. Beaucoup de psychologues sont favorables à un dispositif de remboursement des séances au nom d’une égalité d’accès aux soins psychiques. Et puis, ne boudons pas notre plaisir : notre métier est enfin reconnu d’utilité publique, loin des clichés sulfureux qu’il charrie encore parfois. Pour autant, le dispositif MonPsy, qui entrera en vigueur à partir du 5 avril, est inacceptable et dangereux pour nous comme pour nos futurs patients.

L’ensemble de la profession n’a cessé de le dire, mais nos demandes et propositions sont restées lettre morte. Si bien que nous, psychologues libéraux et exerçant en institution, sommes aujourd’hui déterminés à boycotter ce protocole dont nous étions pourtant nombreux à louer les motifs initiaux.

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Pour refonder le service public hospitalier

— Par Les invités de Mediapart —

Au moment où le « Ségur de la santé » s’achève, cinq collectifs se sont associés pour lancer un appel à la tenue d’un « Atelier de travail et de réflexion démocratique et populaire » pour la refondation du service public hospitalier. Chercheurs en science sociale et soignants s’unissent pour réinvestir les collectifs de soin et inventer une « gouvernance » démocratique.

Au moment où le « Ségur de la santé » s’achève sur une note amère et qu’il laisse sans réponses des questions essentielles sur le devenir du service public hospitalier, cinq collectifs se sont associés pour lancer un appel à la tenue d’un « Atelier de travail et de réflexion démocratique et populaire » pour la refondation du service public hospitalier. A l’origine de cet appel : le Collectif Inter-Hôpitaux, les Economistes Atterrés, le Collectif Inter-Urgences, le Printemps de la Psychiatrie et les Ateliers Travail et Démocratie  entendent s’atteler  à recueillir la parole de celles et ceux qui ont traversé la crise sanitaire, soignants comme soignés, et à travailler à la fois à concevoir et conforter des collectifs de soin plus autonomes et à œuvrer pour la mise en place d’une  autre gouvernance de l’hôpital public. 

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Retraites : Monsieur le Président, soumettez votre réforme au référendum

Après plus de deux mois de mobilisations sociales d’une ampleur historique, une majorité de Français demandent toujours le retrait de la réforme du système de retraites voulu par le gouvernement. Alors que les projets de loi commencent à être examinés à l’Assemblée nationale, tout est organisé pour contourner le débat devant la représentation nationale et inciter les parlementaires à voter à l’aveugle, avec le recours programmé à pas moins de 29 ordonnances. Même le Conseil d’État a rendu un avis très sévère, relevant « la fausse promesse d’un régime universel », des projections financières « lacunaires », mais aussi des dispositions « contraires à la Constitution ».

Ce niveau de défiance à l’égard d’une réforme « inédite depuis 1945 et destinée à transformer pour les décennies à venir un système social qui constitue l’une des composantes majeures du contrat social », comme le souligne à juste titre le Conseil d’État, pose un problème démocratique majeur. A ce stade, seule une consultation populaire permettrait de le résoudre. Un référendum sur le retrait du projet gouvernemental doit être organisé, pour que le peuple ait le dernier mot.

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Sauver l’hôpital!

La lettre adressée à Emmanuel Macron

M. le Président de la République Française

Palais de l’Elysée

55 rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris

« Monsieur le Président,

Le Grand débat que vous avez organisé a réclamé « plus de service public ». Il a mis au premier rang la Santé et l’Hôpital public.

Pourtant la situation sur le terrain est devenue réellement intenable : les difficultés d’accès aux soins s’accroissent, la qualité et la sécurité des soins se dégradent et nous observons l’épuisement et l’inquiétude des personnels hospitaliers.

Ces difficultés, les usagers de l’hôpital public les constatent tous les jours et en parlent dans les courriers qu’ils adressent aux directions hospitalières.

Des drames se produisent, touchant toutes les catégories professionnelles de l’hôpital mais également les patients. Ces pertes de chance liées au manque de moyens sont inacceptables. On ne peut plus, vous ne pouvez plus attendre de nouveaux drames pour mettre en œuvre un plan d’urgence pour sauver l’hôpital public.

Nous, usagers de la santé et citoyens, soutenons la demande des personnels hospitaliers d’un financement supplémentaire, nécessaire pour :

– Assurer l’ouverture de lits afin que les malades puissent être hospitalisés quand c’est nécessaire et qu’ils ne passent plus des heures voire des jours à attendre couchés sur des brancards ;

– Embaucher le personnel nécessaire dans tous les services pour assurer l’accueil, la sécurité, la qualité et la continuité des soins ;

– Revaloriser les salaires des personnels hospitaliers sachant que nous sommes en 26e position sur les 35 pays de l’OCDE pour le salaire des infirmières.

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La pensée “décoloniale” renforce le narcissisme des petites différences »

80 psychanalystes s’insurgent contre contre l’emprise croissante d’un dogme qui, selon eux, ignore la primauté du vécu personnel et dénie la spécificité de l’humain.

— Manifeste —

« Les intellectuels ont une mentalité plus totalitaire que les gens du commun », écrivait George Orwell (1903-1950) dans ses Essais, Articles et Lettres.

Aujourd’hui, des militants, obsédés par l’identité, réduite à l’identitarisme, et sous couvert d’antiracisme et de défense du bien, imposent dans le champ du savoir et du social des idéologies racistes. Ils usent de procédés rhétoriques qui consistent à pervertir l’usage de la langue et le sens des mots. Ils détournent la pensée de certains auteurs engagés dans la lutte contre le racisme qu’ils citent abondamment, comme Frantz Fanon (1925-1961) ou Edouard Glissant (1928-2011) et qui, au contraire, reconnaissent l’altérité et prônent un nouvel universalisme.

La pensée dite « décoloniale » s’insinue à l’université. Elle menace les sciences humaines et sociales sans épargner la psychanalyse. Ce phénomène se répand de manière inquiétante. Nous n’hésitons pas à parler d’un phénomène d’emprise, qui distille subrepticement une idéologie aux relents totalitaire en utilisant des techniques de propagande.

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L’Appel des appels, acte II : les nouvelles insurrections

Dix ans après la publication de Pour une insurrection des consciences, des professionnels entre autres du soin, de l’éducation, du social se réuniront les 6 et 7 septembre à Marseille.

Décembre 2008 : à l’initiative de deux psychanalystes, Roland Gori et Stefan Chedri, un Appel des appels, ayant vocation de rassembler tous ceux qui luttaient contre la « casse » de leurs métiers, était lancé. Près de 90000 « professionnels de l’humain » s’y sont reconnus. Ont suivi des journées de travail, la constitution d’une Association, la construction d’un site, et dès 2009 un premier ouvrage au titre ambitieux : « Pour une insurrection des consciences », coordonné par Roland Gori, Barbara Cassin et Christian Laval, paru aux Éditions des Mille et une nuits. Cet ouvrage réunit des contributions de professionnels du soin, de l’éducation, de la recherche, de l’enseignement, du travail social, de la justice, de la culture et de l’information révoltés par les nouvelles procédures technocratiques et comptables inspirées du néolibéralisme, engagées par les réformes lors de la présidence de Nicolas Sarkozy. Aucune de ces analyses qui alertaient sur la perte de sens des métiers, l’emprise de l’évaluation comptable, la prolétarisation des professionnels et la mise en servitude des citoyens, n’est devenue obsolète.

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« Emmanuel Macron ne gouverne pas les Français, il les soumet »

— Par Roland Gori, psychanalyste, professeur émérite de Psychopathologie clinique à l’Université d’Aix-Marseille —
L’autre pour Emmanuel Macron n’est qu’un autre lui-même. Il veut les Français à son image, à l’image des clones qui l’entourent et l’adorent.

Que l’on s’en réjouissance ou qu’on le déplore, il est bien un héros de notre temps, “personnalité sociale” de cette nouvelle élite qui a rompu le pacte de solidarité républicain. Emmanuel Macron s’avance en conquérant pour qui ne compte que la performance, la réussite.

Il descend dans l’arène de l’opinion publique témoigner de ses convictions, élans de ses conquêtes, causes de ses succès. C’est ainsi disait Freud que s’avance le conquérant porté par un narcissisme maternel qui fait que rien ne lui résiste: “quand on a été le favori incontesté de la mère, on en garde pour la vie ce sentiment conquérant, cette assurance du succès, dont il n’est pas rare qu’elle entraîne effectivement après soi le succès.”

La passion maternelle pour son enfant idéalisé induit une confiance à toute épreuve chez celui qui en reçoit le privilège.

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Gilets jaunes : nous ne sommes pas dupes  !

L’appel des artistes, créateur et créatrices

Depuis plusieurs mois le mouvement des Gilets Jaunes, sans précédent dans l’histoire de la Vème République, bat le pavé de nos rues.

Un mouvement de citoyen.ne.s, né spontanément, qui ne se rattache à aucun parti politique.

Un mouvement qui mobilise des dizaines de milliers de français chaque samedi, depuis plus de 6 mois, et qui est soutenu par des millions d’autres.

Un mouvement qui réclame des choses essentielles : une démocratie plus directe, une plus grande justice sociale et fiscale, des mesures radicales face à l’état d’urgence écologique.

Ce qu’ils demandent, ils le demandent pour tou.te.s. Les Gilets Jaunes, c’est nous. Nous artistes, technicien.ne.s, auteur.rice.s, de tous ces métiers de la culture, précaires ou non, sommes absolument concerné.e.s par cette mobilisation historique.

Et nous le proclamons ici : nous ne sommes pas dupes.

Nous voyons bien les ficelles usées à outrance pour discréditer les Gilets Jaunes, décrits comme des anti-écologistes, extrémistes, racistes, casseurs… La manœuvre ne prend pas, ce récit ne colle pas à la réalité même si médias grand public et porte-paroles du gouvernement voudraient bien nous y faire croire.

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L’ultime errance d’Emmanuel Macron.

— Par Jacky Dahomay —

En cette journée du 17 novembre, il me semble important de revenir sur la semaine précédente, celle de cette marche du Président Macron sur les traces de la guerre 1914-1918. Il me semble que ce long périple, s’inscrivant dans ce qu’il a défini lui-même comme une « itinérance mémorielle » mérite d’être analysée. Comment expliquer que, rompant avec les « commémorations » officielles habituelles du 11 novembre, le président Macron ait voulu effectuer une « itinérance mémorielle » se déroulant sur plusieurs jours ? Tout se passe comme si Emmanuel Macron avait commencé une sorte d’errance de son pouvoir dont les manifestations d’aujourd’hui ne sont que le prolongement. Mais il se pourrait que ce surprenant périple s’inscrive dans une sorte d’errance ultime caractérisant le fondement politique de son pouvoir néolibéral. Si tel était le cas, la crise actuelle que connait la France, pourrait être son ultime errance dont la fin nous échappe encore.
Pour commencer, demandons-nous ce qu’a voulu signifier Macron avec l’expression étrange de « itinérance mémorielle » ? Notons que ce mot vient de la téléphonie, c’est la traduction de « roaming » : possibilité d’utiliser un téléphone mobile sur un autre réseau que celui d’origine.

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Contre Marine Le Pen et le parti de la haine

— Appel des psychanalystes —

Le Front dit national réduit la nationalité aux ancêtres. Il en fait, non un choix de tous les jours, mais un héritage archaïque. Il est l’avatar actuel du séculaire courant contre-révolutionnaire qui naquit jadis de l’hostilité aux Lumières, gloire de la France. Ce courant d’idées a déjà été au pouvoir : ce fut, sous l’Occupation nazie, l’aventure de la Collaboration. Qui est tenté par une seconde expérience oublie ou ignore la nature abjecte de la première.

L’élection à la présidence de la République aura lieu les 23 avril et 7 mai. Les élections législatives se tiendront les 11 et 18 juin. Depuis plusieurs mois, tous les sondages d’opinion placent Marine Le Pen en tête du premier tour de la présidentielle. Nul ne peut exclure qu’elle l’emporte au second. Chaque jour nous entendons des voix que cette éventualité effraie, angoisse, indigne, révolte.

De fait, l’idéologie lepéniste menace les libertés publiques. Elle exacerbe les tendances qui portent à l’exclusion, la haine et l’affrontement. Dans un contexte européen et mondial qui voit s’étendre l’exploitation nationaliste des insatisfactions populaires, l’élection de Mme Le Pen fracturerait notre société, avec des conséquences désastreuses.

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Mary Prince d’après The History of Mary Prince, récit autobiographique d’une esclave antillaise

— Par Michèle Bigot —

M.E.S. Alex Descas

avec Souria Adèle

Théâtre municipal de Fort-de France, 2/02/2017

Ce spectacle présenté en 2015 à l’Albatros, dans le cadre du festival d’Avignon par la compagnie Man Lala, présente une séquence de textes extraits d’un récit autobiographique. Il s’agit du premier témoignage publié en 1831 à Londres, sur les conditions de vie de son auteur, Mary Prince dans les colonies britanniques. Née esclave dans une colonie des Bermudes vers 1790, elle est vite séparée de ses parents lors d’une vente des esclaves de la maison. Ses premiers maîtres la traitent avec humanité; elle bénéficie même d’un enseignement rudimentaire, et elle est trop jeune pour comprendre sa condition d’esclave. Mais très vite elle fait l’apprentissage de l’affliction par la séparation brutale d’avec les siens dans son plus jeune âge. Ecoutons-la:

Je ne savais ni où j’allais, ni ce que mon nouveau maître ferait de moi, j’avais le coeur brisé de chagrin et mes pensées retournaient sans cesse vers ceux dont on m’avait si brusquement séparée. Je n’arrêtais pas de me dire: « Oh, ma mère!

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La semaine de 4 jours et/ou de 32 heures, de quoi parle-t-on?

La semaine de quatre jours est une revendication économique et politique pronant une semaine de travail standard réduite à quatre jours au lieu de cinq. Lancée dans les années 1990 en Europe, et soutenue par des hommes politiques tels que Jacques Delors ou Gilles de Robien, elle est l’une des quinze propositions du Collectif Roosevelt.

Le principe est de mieux partager le temps de travail, y compris dans le secteur privé, ce qui conduit à engager de nouvelles personnes, et par là à réduire le chômage tout en dégageant du temps de loisir supplémentaire pour les salariés. On parle alors de « partage du temps de travail ».

La formule a été initiée et véhiculée par Pierre Larrouturou dès 1993. Elle a été mise en application par la droite en 1996, avec une loi facultative votée à l’initiative de Gilles de Robien, la loi Robien sur l’aménagement du temps de travail, qui a été abrogée avec la promulgation des lois Aubry.

D’après Pierre Larrouturou, 400 entreprises (restaurants, auto-écoles, SSII, TPME) ont pu profiter de la Loi Robien entre juin 1996 et juin 1998.

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A «l’Obs», un licenciement très politique

— Par un collectif —presse_free
A l’état d’urgence, à la déchéance de la nationalité, au 49.3, il manquait encore une vilenie pour achever le quinquennat, et la voici : la presse aux ordres. A un an de la présidentielle, le premier hebdomadaire de la gauche française, l’Obs, a brutalement décidé d’engager une procédure de licenciement à l’égard de sa numéro 2, Aude Lancelin. On a du mal à croire que les raisons de cette éviction puissent revêtir un caractère «managérial», comme s’obstine à le soutenir curieusement la direction du journal.

On lit, en effet, dans la presse qu’il y aurait eu un conflit entre la prétendue ligne de M. Croissandeau, dite «de toutes les gauches», et celle d’Aude Lancelin que certains ont voulu mensongèrement réduire à la «gauche de la gauche». Il suffit de lire les éditoriaux dudit directeur de la rédaction pour s’apercevoir que «toutes les gauches», ce sont, en fait, les seules «gauches» de Hollande, Valls et ­Macron…

Nous autres savons très bien, au contraire, que l’un des seuls lieux réellement ouverts à toutes les gauches dans ce journal était précisément les pages dédiées aux idées, aux interventions intellectuelles, aux débats, dont Aude Lancelin avait plus particulièrement la charge.

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