Reconsidérer la place des pères dans les politiques familiales
Les quatre sénateurs appellent à adapter les politiques de soutien à la parentalité aux défis et réalités des outre-mer
« Le soutien à la parentalité outre-mer ne saurait être le parent pauvre des politiques familiales. » C’est tout l’objet d’un rapport sénatorial dévoilé mardi pour un meilleur accompagnement à la parentalité dans les outre-mer.
Les élus, Annick Billon et Elsa Schalck, rapporteures de la délégation aux droits des femmes, Stéphane Artano et Victoire Jasmin, rapporteurs de la délégation aux outre-mer, préconisent de faire de la prévention auprès des collégiens et des lycées, de reconsidérer la place des pères dans les politiques familiales et mieux accompagner les jeunes familles.
« Il faut reconsidérer la place des pères dans les politiques familiales » en les associant davantage « aux dispositifs de soutien à la parentalité », car la « stratégie de survie économique en lien avec le versement des prestations familiales » peut avoir des « conséquences financières et éducatives », a indiqué l’une des rapporteures, Elsa Schalck, sénatrice LR du Bas-Rhin, lors d’une conférence de presse.
Vingt recommandations
« Il est urgent d’agir pour toutes les familles des outre-mer. Le rapport formule 20 recommandations autour de quatre axes », déclarent les sénateurs. Ils souhaitent mieux sensibiliser aux enjeux et responsabilités de la parentalité, aider et accompagner les familles précaires et vulnérables, renforcer les services de proximité pour tous et soutenir les acteurs associatifs et mieux coordonner les actions.
Les territoires ultramarins se distinguent par une forte prévalence de monoparentalité (59 % en Martinique, 52 % en Guadeloupe, 46 % en Guyane et 38 % à La Réunion contre 25 % dans l’Hexagone). Elle ne fait généralement pas suite à une séparation mais commence dès la naissance et se poursuit pendant la majorité de l’enfance, selon ce rapport issu des travaux de la délégation sénatoriale aux outre-mer et la délégation aux droits des femmes.
La part des naissances non reconnues par le père est également importante : 68 % en Guyane, 63 % en Guadeloupe, et 54 % en Martinique contre 10 % dans l’hexagone.
Mieux s’adapter pour une meilleure réactivité
Lutter contre les grossesses précoces et/ou non désirées est également un « enjeu d’éducation et de prévention » qui nécessite de dispenser des « séances obligatoires d’éducation à la vie affective et sexuelle dans tous les collèges et lycées des outre-mer », soutient le rapport. Par ailleurs, les sénateurs insistent sur l’importance « d’accompagner les parents le plus tôt possible, dans tous les moments de leur vie de parent, y compris les plus difficiles », et pour cela « renforcer les acteurs locaux de proximité et mieux coordonner les actions ».
Les cinq dispositifs principaux de soutien à la parentalité (réseaux d’écoute et d’appui aux parents, lieux d’accueil enfants-parents, contrats locaux d’accompagnement à la scolarité, médiation familiale, espaces rencontres) et le programme des « 1.000 premiers jours » sont inégalement déployés dans les outre-mer, ont constaté les sénateurs qui recommandent d’accélérer en l’adaptant, leur déploiement.
Ils préconisent aussi de « densifier les lieux d’accueil enfants-parents et les écoles des parents, en particulier en Guyane, à Mayotte et à Saint-Martin où des plans urgents de rattrapage sont nécessaires » et de « développer les mesures judiciaires d’aide éducative et d’aide à la gestion du budget familial ».
Source : AFP / S.A. / 20minutes.fr