— Par Lucien Cidalise-Montaise —
Bientôt les élections. Personne d’autres que les Martiniquais ne puisent dans cet instant d’actualités, cette puissance d’évocations de toutes sortes qui transperce la croûte des années turbulentes et excitent les ambitions de chacun, mettant en sourdine ou en exécutant à mort, toutes les promesses passées!
« Pawol en bouch’ pa chaj ! » devient la principale distraction de tous ceux qui ressentent les frémissements de la Mission à remplir. Les bouches et les mémoires se délient en faisant leur Carnaval. C’est à celui ou à celle qui remplira le « mieux » les vides provoqués lors d ’interviews. Les réminiscences fleurissent toutes fanées et s’étiolent. Impossible se présente en possible…
Les classes sociales s’affichent à leur façon sauf les « élites » bourgeoises qui dans l’ensemble se taisent. Se flagellant. Elles ne peuvent en effet s’avérer différentes de leurs homologues occidentales, affairistes, antisociales, puisque nées du même terreau. L’argent devient l’élément fondamental des choix. Les scandales éclatent et pourrissent l’atmosphère…Tous les partis politiques sont porteurs de solutions adéquates. Toutes les formules d’union sont utilisables !
Le peuple lui, écoute mais ne retient plus rien. Il ne tire aucune leçon de ces grands-messes où le ridicule ne tue plus. La logomachie n’est plus une maladie, c’est une comédie ! Toutes les formules d’union sont utilisables !
La métaphore célèbre « La présence sur une table de toutes les pièces d’une montre, ne suffit pas à la faire fonctionner ! » prend ici tout son sens. Il faut un plan d’assemblage, donc une stratégie ! La gauche Martiniquaise en a-t-elle une ? Aujourd’hui tous les mots de la Politique qui ont un sens finissent par être prostitués. Le terme autonomie par exemple. Il est d’une ambiguïté malsaine et le confondre avec Responsabilité relève d’une stratégie littéraire trompeuse. D’où les consignes suivantes : « Utilisons ce mot avec parcimonie ». Il devient un Fardeau non plus un Engagement. Un tourment plutôt qu’une Espérance ! …
Cessons de l’expérimenter en le faisant « bêler par des manieurs de charabia ! ». En politique, rappelons qu’une succession de cris ne peut remplacer un instant de réflexion consensuelle. Quant à l’Indépendance, Parlons-en ! Elle étouffe. De flamboyante, elle est aujourd’hui autiste.
L’utopie de la gauche martiniquaise actuelle, rémora du requin socialiste français a brûlé sa part de rêve et d’idéal ; bien que pour certains l’Assemblée Unique reste encore la seule lampe qui « éclairera » notre pays. Oui, mais ceux qui géreront cette Assemblée auront-ils tous la même volonté politique ? Utiliserons-t-ils l’ampoule ou la bougie pour nous aider à y voir plus clair ?
La responsabilité dont trop de politiciens ont fait leur démagogie crédo sera toujours épinglée à un rapport de force politiquement déséquilibré. L’Europe est là. Conquérante et soucieuse de sauvegarder ses intérêts économiques et stratégiques. Nos droits démocratiques ne seront plus des victoires politiques, mais des acquis de possédants, qui les intègreront dans leur vision sociétale. Cela s’appelle le Paternalisme. Le rouge symbolique ne sera plus de mise. Cela s’appelle le Réalisme.
Le travail de reconquête sans R majuscule, sera celui de l’argent, de l’argent !! Cela s’appelle le Capitalisme sauvage sans contreparties idéologiques durables !
Comment peut-on envisager le nouveau fonctionnement de notre pays au lendemain de Victoires ou Défaites, alors que nous sommes si peu propriétaires de nous-mêmes et si éparpillés dans nos convictions ?
Comment diriger un pays si naïvement expérimenté, alors qu’il est de plus en plus évident, que les institutions françaises : structures et lois nées du néo libéralisme qui gangrènent le Monde et la France, s’investissent ici très peu, n’offrant aucun espoir à toute tentative de gestion différente ?
Comment abandonner le terrain dit «national » type carcan et tenter de réinvestir à l’échelon local environnemental ?
De nouveaux rapports conflictuels avec le Pouvoir que la gauche martiniquaise réclame avec ardeur, imposent un nouveau pari. Il ne s’agit plus de Réclamer en prétendant l’Egalité, mais Accorder en intégrant la Responsabilité, donc les moyens, à nous-mêmes. Essentiellement.
Imposer la conscience politique en remobilisant les couches populaires et en définissant les priorités que l’absence de perspectives à enfermer sans retour dans l’apathie et la débrouille.
Repérer les forces politiques susceptibles d’intervenir. Cette attitude doit être subordonnée à des considérations électoralistes structurelles.
Aujourd’hui deux tendances politiques dominent la scène en s’affirmant porteuses des valeurs de la Gauche !!
Le Parti dominant dirigé par un seul Général confronté à des problèmes complexes. Tiraillé par plusieurs clans, nés de son histoire. Ses intellectuels (fidèles) côtoient les pragmatiques (clientélistes) sous les regards ambitieusement gourmands des nouveaux élus.
L’autre Parti, dans l’opposition est aussi dirigé par quelques Généraux, perpétuellement en proie à des prurits idéologiques lorsque mis en face d’évènements passés, puisque non unis !
Le reste se cherche, quelquefois se trouve.
Un jour, Démocrates, adeptes de la République, un autre, Révolutionnaires disciples de la stratégie de la dénonciation permanente. On y trouve aussi perdus, ceux qui ajoutent foi à des vieux rêves utopiques, bien qu’ayant participé à réduire à néant les principales composantes de cette vision idéaliste.
Dieux des Cieux et d’ailleurs, à la veille d’évènements essentiels pour nous et nos enfants, inspirez nos penseurs politiques de Gauche !
Suppliez- les de faire fi de leurs divergences et de leur arrivisme exacerbé et de se poser la question. L’ultime : « Que pouvons-nous faire d’humain et d’universel pour notre Pays ? » Que deviendront les immigrés parqués sauvagement ?
Le confinement, création diabolique leur sera-t-il appliqué ?
Sont-ils comme nous comptabilisés ?
Ont-ils droit à notre respect ?
Et Nous ?
Habités par les mêmes inspirations, nous devons tout faire pour que la courbe relationnelle s’améliore vite, remplacée par celle du respect et du courage. Il faut toujours avouer pourquoi vous êtes pour. Nous devons tenter ensemble d’obtenir pour notre Pays, non pas quelque chose, mais un Résultat.
Alors, nous pourrons crier ensemble Vous et Nous, en écho au célèbre « I have a dream »* de Martin Luther King, « Our dream came true »*
Lucien CIDALISE-MONTAISE (15/04/2021)
Article modifié, donc adapté, tenant compte de l’actualité
*« J’ai fait un rêve »
*« Notre rêve s’est réalisé »