— Par Florent Grabin, président de P.U.M.A.
Un projet structurant s’inscrit dans la ligne des priorités de développement de la Région et dans un axe ayant un potentiel de croissance appréciable démontré. Celui-ci provoquant un effet multiplicateur dans l’économie régionale. Actuellement, nous constatons qu’il y a une grande vacance sur la réflexion, avec des conséquences directes sur notre environnement géographique, social et l’avenir face au déclin démographique largement amorcé.
Curieusement, nous n’entendons aucune organisation développer son analyse sur cette absence qui pourtant est la colonne vertébrale de l’aménagement d’un territoire. En écoutant le discours ambiant, pour certains, les risques naturels majeurs sont un domaine que l’État devra continuer à gérer. Après une longue discussion réflexion avec différents corps de métiers de la société civile, nous considérons que les projets structurants orientés vers le développement économique et l’aménagement de la Martinique restent en tout premier lieu le plus gros gisement d’emplois et d’équilibre social.
Pour élargir la réflexion, nous invitons toute la population à s’associer au débat pour qu’à terme nous puissions voir enfin l’arrêt du ‘’bricolage permanent’’ qui donne l’impression d’un vaste chantier. Dans notre pays, il est constant de ne voir que des travaux de confortement face à un financement qui se réduit comme peau de chagrin. Ceci contraindra nos dirigeants à rentrer, pour de vrais projets dans la logique du Partenariat Privé Public (PPP), à l’exemple de notre TCSP.
Selon nous il y a urgence à se lancer sur ces différents travaux structurants, à savoir :
a) La reprise complète de tout le réseau d’eau de boisson, d’assainissement et d’électricité.
b) La construction de logements neufs.
c) Le traitement des communes du littoral qui seront impactées par la montée des eaux du fait du réchauffement climatique.
d) Le développement du Grand Nord.
e) La mise à niveau de nos routes pour une meilleure circulation.
f) la mise à niveau de haute qualité environnementale notre tourisme
Ces cinq éléments sont devenus le calvaire de toute une population, avec pour conséquences de graves dégâts collatéraux, sanitaires, sociaux et économiques. Cela fait des années que tout le monde connait la situation de notre réseau d’eau de boisson et on poursuit inexorablement le colmatage sans se soucier du consommateur. Les rapports se font et se refont, sans énerver nos décideurs, quand seront-ils prêts à donner de l’avenir à ces projets ?
Assez souvent nous allons puiser dans la réserve incendie pour continuer à alimenter la population, alors pourquoi ne pas moderniser nos réservoirs en augmentant les volumes tout en les mettant aux normes parasismiques, avec un système de blocage en cas de casse.
Concernant le réseau de transport de l’eau, il y a l’intérieur un biofilm de produits chimiques à savoir : tous les pesticides qui ont été utilisés dans notre agriculture, qui ont généré des sous-produits. Ce cocktail chimique, dont la »chlordecone », est livré à la population par le principe de re-largage dans certains réseaux. Selon les services de l’État, les normes admissibles ne sont pas dépassées, ce qui est un mensonge scientifique sans précédent.
Concernant l’assainissement, il est inacceptable d’entendre ce mensonge d’État, co-relayé par la classe politique sur la qualité des plages. Nous entendons régulièrement que l’eau de baignade était bonne l’année dernière, alors que la loi fait obligation de donner la qualité au quotidien. Dans le même temps, nous assistons aux mises en demeure faites aux communes concernées, pour non-conformité de leurs stations d’épurations.
Pour les logements, il est assez curieux de voir que nos bailleurs publics se contentent de gérer un parc vieillissant. Or leur vocation est de construire des logements sociaux. Où sont les programmes de confortement parasismique ? Où sont les programmes de constructions neuves ? Où est la modernisation du vivre ensemble ?
Tous les grands scientifiques attirent l’attention des décideurs sur le réchauffement climatique qui aura pour conséquence chez nous, la montée des eaux sur tout notre littoral. Cette nouvelle étape écologique ne se passe pas que dans nos écrans de télévision qui nous montrent ce qui se passe chez les autres ; faut-il attendre d’avoir les pieds dans l’eau pour commencer à réagir ?
Le développement du Grand Nord est l’Arlésienne de la Martinique, qui a toujours donné à nos pseudos aménageurs l’inspiration pour écrire leur roman ; la réalité est là, implacable seule la conurbation centre fait l’objet de réflexions et autres bricolages que nous subissons en permanence. Malgré les élucubrations de toute notre technocratie, nous supportons la concentration croissante, les embouteillages, la surpopulation automobile et l’échec qui nous plonge dans un grand souk digne du Moyen-Orient, alors que le besoin urgent de notre population, c’est d’avoir un travail et un logement sur tout le territoire.
Une fois que cette exigence est comprise, il faudra pouvoir se déplacer rapidement, en toute sécurité et sans calcul inconfortable pour tous. Re-profiler les routes, quitte à avoir des tracés différents, (au risque de contrarier les ‘’non à tout’’) va s’imposer en tenant compte de l’évolution technologique des moyens de transport et de la logistique, pour se rendre d’un point à un autre et mettre toute l’ile en valeur.
Afin de faire face à l’offre concurrente des Îles voisines, il nous faudra nous orienter vers un tourisme de haute qualité environnementale. Avec cette option, le monde agricole, de l’eau et tout ce qui de prêt ou de loin constitue la vie sociale et environnementale de notre Martinique.
Nous devrons faire vivre cette réflexion Pour Une Martinique Autrement, afin que nos décideurs, toutes tendances politiques confondues s’en emparent, en vue de préparer l’avenir de nos enfants et faire de la Martinique un pôle d’excellence écologique.
Pour l’association écologique P.U.M.A.
Le Président
Florent GRABIN