La chercheuse Marie Buscatto a enquêté.
— Par Fara C. —
Malgré leur succès croissant, mis en lumière par Jazz à Saint-Germain-des-Prés et Jazz’Hum’ah notamment, les femmes du jazz peinent à obtenir la reconnaissance qu’elles méritent. Interview avec Marie Buscatto, auteure de l’édifiant livre « Femmes du jazz »
Le bilan de l’édition 2014 de Jazz à Saint-Germain-des-Prés confirme, année après année, le succès des femmes artistes que ce festival s’attache à mettre à l’affiche : concerts à guichets fermés (ou quasiment) pour Tricia Evy, Kellylee Evans, Sofie Sörman, Youn Sun Nah, Eliane Elias, Natalia M. King… De même, les rencontres publiques programmées et animées par Helmie Bellini (voir vidéo ci-dessous), par ailleurs talentueuse chanteuse, ont pour la plupart rempli la salle mise à disposition dans le cadre d’un partenariat par le café Les éditeurs.
Nous avions observé un engouement similaire lors de l’édition 2013 de Jazz’Hum’ah à la Fête de l’Huma, pour les prestations scéniques d’Airelle Besson, Anne Paceo, Elise Caron, Laïka, Macha Gharibian, Géraldine Laurent…
Pourtant les « jazzwomen » de talent n’obtiennent pas autant de travail, ni la même médiatisation, que leurs homologues masculins. Marie Buscatto, chercheuse au CNRS et auteure du riche et captivant ouvrage « Femmes du jazz » (1), nous livre sa réflexion sur cette discrimination, surprenante en un secteur pourtant réputé comme ouvert d’esprit.
Fara C. : Au sein du milieu très majoritairement masculin du jazz, quelle réalité recouvre la marginalisation des ‘jazzwomen’ vivant en France ?
Marie Buscatto : Mon enquête ethnographique, menée dans le monde du jazz français entre 1998 et 2010, m’a effectivement permis d’identifier la marginalisation des femmes chanteuses et instrumentistes. Non seulement les femmes musiciennes de jazz sont peu nombreuses – 8% environ. Mais surtout, même les plus reconnues sur le plan musical ne réussissent guère à en vivre et à se maintenir de manière pérenne dans la création musicale, comparativement à leurs collègues hommes. Cette situation est la même pour les chanteuses, très majoritaires dans leur activité (65% des chanteurs sont des femmes !) que pour les femmes instrumentistes (4% des instrumentistes sont des femmes).
Fara C. : Nombre de femmes officiant dans le secteur du jazz ont maintes fois constaté que leurs homologues masculins se considèrent comme peu conformistes et ne pensent pas avoir de comportements discriminatoires envers les femmes. Comment expliquer ce paradoxe ?
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