Où il est question du « plan de soutien aux médias »

La lettre du « Club Presse Martinique » à  Édouard Philippe, publiée sur RCI, le 10/06/2020

Le président du « Club Presse Martinique », Adams Kwateh, a interpellé le Premier Ministre sur la situation des médias privés. Dans un courrier adressé le 9 juin à Édouard Philippe, il lance l’alerte sur la situation des journalistes pigistes, qui souffrent des effets de la crise du Covid-19 sur les médias privés.

Dans son rôle de promotion des activités des médias et la défense de la pluralité de l’information, le « Club Presse Martinique » veut ainsi attirer l’attention  sur « les menaces de disparition de la presse et les médias privés dans notre île »,  en espérant très fort et très vite un arbitrage favorable.

L’annonce par Annick Girardin, le 1er juin dernier, d’un plan de soutien aux médias locaux n’a pas échappé à la sagacité des membres du « Club presse Martinique ». Mais ces derniers ont aussi entendu que ce plan qui consiste en la diminution des cotisations sociales, l’attribution d’aides directes et l’ouverture d’un « crédit d’impôt communication » pour les annonceurs, est toujours en arbitrage à Matignon. 

 

« Monsieur le Premier Ministre,

Pendant l’urgence sanitaire de ces derniers mois, les médias en Martinique ont été présents aux côtés des professionnels de santé, des autorités politiques et administratives, pour relayer le plus largement possible des informations vérifiées. Ce travail incessant de vérification et de rigueur dans la transmission reste encore le paravent contre la circulation massive, et tout autant nuisible, des fausses informations sur la pandémie.

Ces reportages, investigations, enquêtes et programmes spéciaux sont certes, le fondement du travail journalistique, mais ils ont été produits dans des conditions d’extrêmes contraintes – la baisse des effectifs dans les rédactions et le travail à distance. Durant les deux mois de confinement, aucun recours n’a été fait aux pigistes qui forment pourtant une partie importante de la production de l’information dans nos rédactions. Et pour cause, la crainte de mettre leurs vies en danger, mais aussi les rémunérations à leur attribuer.

C’est dans ce contexte hypertendu que l’unique quotidien de la Région Caraïbe, France-Antilles, a repris ses activités uniquement en ligne, après plus de deux mois de suspension pour cause de redressement judiciaire, puis la cession du titre à un nouvel actionnaire. La version papier attendue en ce mois de juin est entourée d’un certain nombre d’incertitudes liées à l’impression et la diffusion du journal et au potentiel de la publicité. Ces mêmes raisons ont privé, et continuent encore à priver les lecteurs de leurs hebdomadaires : Justice, Le Progressiste, Antilla.

En outre, l’année 2020 est celle qui marque le Centenaire du journal “Justice” qui porte, dans ses colonnes, la trame de l’histoire contemporaine de la Martinique. Toutes les manifestations envisagées par le Comité de rédaction de “Justice” et les professionnels de l’information pour les célébrations du Centenaire, le 8 mai dernier, ont été soit annulées, soit reportées pour cause de crise sanitaire.

Dans son rôle de promotion des activités des médias et la défense de la pluralité de l’information, le Club Presse Martinique attire votre attention sur les menaces de disparition de la presse et les médias privés dans notre île. Le Club Presse Martinique suit de près les actions menées depuis un mois par les associations regroupant les professionnels des médias en Outremer, auprès de certains de vos ministères. C’est ainsi que le Club Presse Martinique est attentif à l’annonce faite le 1er juin 2020, par Madame la Ministre Annick Girardin, sur la préparation d’un plan de soutien aux médias locaux. Le Club espère un soutien économique conséquent, afin que les organes privés puissent survivre aux conséquences de la pandémie.

Ces aides concernent :

• La diminution des cotisations sociales,

• L’attribution des aides directes,

• L’ouverture d’un crédit d’impôt communication aux annonceurs.

Votre arbitrage est déterminant afin de donner un nouveau souffle à nos médias, à la fois pourvoyeurs d’emplois et acteurs historiques de la diversité des opinions dans nos territoires.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma très haute considération.

Adams KWATEH, Président du « Club Presse Martinique »

 

Qui est Adams Kwateh ? (d’après People Bo Kay)

Dans le milieu de la presse locale Adams Kwateh est bien connu. Passionné, déterminé, engagé et professionnel, il est le président du « Club presse Martinique ». 

Adams Kwateh a quitté le Sénégal pour la Martinique. Il a trouvé tout de suite ses marques dans cette île d’adoption. S’il Il se définit comme « un fils de la Casamance et de la Terre africaine », il affirme avec constance sa double filiation auprès d’Aimé Césaire et de Léopold Sedar Senghor. 

En 1991, il a intégré le quotidien de presse écrite, France-Antilles Martinique. À l’époque, c’est Henry Mangattale qui lui a donné sa chance. Depuis, il en a fait du chemin ! Il fait partie des incontournables au sein de la rédaction du quotidien Martiniquais. Il est en charge des entretiens « Grands Témoins », qui permettent de retracer les grandes lignes de l’histoire de Martinique à travers le regard de celles et ceux qui y ont participé, et qui sont toujours là pour en témoigner. Adams Kwateh est également critique de théâtre.

Le 4 juin 2016, son travail a été récompensé par le Prix Mondiapress, catégorie presse écrite. La cérémonie a eu lieu dans les salons de l’Unesco à Paris. Absent pour l’occasion, c’est son confrère Jean-Jacques Seymour, membre du jury, qui a récupéré le prix à sa place.

 Qu’est-ce que le Prix Mondiapress ? 

Ce prix a été créé par l’association “Culture et Art premier”. Il s’agit d’un prix symbolique permettant de récompenser et de mettre en lumière les personnalités médiatiques, journalistes et animateurs qui, par leur travail et leurs actions, diffusent, mettent en avant et font exister les peuples et les cultures africaines et caribéennes dans le monde. Et qui contribuent à en montrer une image positive.

 

Plan de soutien aux médias : le secteur s’impatiente !

(D’après Marina Alcara-Nicolas Madelaine, publié le 11 juin 2020 dans « Les Échos »)

Des mesures de soutien comme des crédits d’impôt pourraient être intégrées dans le projet de loi de finances rectificative de juin et seraient suivies d’un plan plus global en fin d’été. Mais pour la presse et l’audiovisuel, il y a urgence.

Il y aura bien un plan d’aide de l’État pour les journaux et l’audiovisuel, même s’il se fait encore désirer… Ces derniers jours, le secteur des médias, durement touché par l’effondrement des recettes publicitaires, s’impatiente et l’Elysée calme le jeu. « Il y aura bien des mesures spécifiques pour la presse et les médias en complément des 3,5 milliards d’euros déjà annoncés pour le secteur de la culture » (un chiffre comprenant la prise en charge du chômage partiel, les prêts garantis par l’État, l’année blanche pour les intermittents, les fonds de solidarité, le soutien à Presstalis… )

La presse devrait être soutenue au-delà des 200 millions apportés ou promis à son principal distributeur en difficulté, Presstalis. Ainsi, un crédit d’impôt sur les abonnements (dont bénéficieraient les souscripteurs) est en attente d’arbitrage. Le président Emmanuel Macron en avait déjà parlé lors de ses voeux à la presse en janvier. Le secteur pourrait aussi bénéficier d’un crédit d’impôt éditeur qui allégerait ses dépenses en masse salariale de journalistes. Un plan pour la filière presse attend aujourd’hui le feu vert politique. « J’attends un vrai plan, comme il y en a déjà désormais dans de nombreux pays. Tout le secteur des médias est ébranlé », plaide cependant Marc Feuillée, patron du Figaro (…)

En revanche, le crédit d’impôt sur les dépenses de communication demandé par une grande partie du secteur semble abandonné, mais l’Élysée indique que la question n’est pas tout à fait tranchée.

D’autres aides directes seraient aussi poussées par des parlementaires, comme un soutien de l’État sur les coûts liés à la TNT et au DAB+ (en radio) ainsi qu’une aide directe aux médias locaux qui ont durement souffert de la crise (notamment les radios locales et médias d’Outre-mer).

Fort-de-France, le 11 juin 2020