— Par Florent Grabin, Président de l’association écologique P.U.M.A. —
La CTM a invité les socio-professionnels à découvrir, le mardi 14 novembre 2023 ses grands projets, au Palais des Congrès de Madiana. Le monde du BTP largement représenté est très en attente de l’ouverture de ces projets, dont la visibilité nous a largement fait défaut ces dernières années. Au vu l’importance du sujet, nous vous ferons part de notre contribution en plusieurs volets en rappelant que nous, PUMA, avons pour devise : ‘’Mobiliser l’homme en critiquant les faits… Proposer pour s’orienter vers les choix optima’’. Critiquer les faits … Oui c’est une action que certains ont perdue de vue afin d’éviter les mesures coercitives de la classe politique qui a tendance à s’énerver quand, dans la population il y a de l’indignation ; mais rassurez-vous nous avons fait le choix d’avancer à visage découvert.
Lors de cette présentation, nous n’avons pas été surpris par l’absence de la démocratie directe, très prônée par tous ces élus lors des prises de paroles publiques, au-delà du discours, la réalité en est toute autre. Le sentiment implacable des dirigeants est dominant, dans cette présentation nous étions face à : ‘’j’ai décidé que nous allons faire…’’, cette formule n’est, évidemment pas faite pour la cohésion nationale.
Qui a eu l’idée de ce projet de Zone franche à Pays-Noyé à Ducos ? Ce nom de quartier devrait ouvrir la voie à la décroissance de la bêtise politique. Ce projet part du Grand-Port de Fort-de-France, passe dans la Mangrove tout le long de l’Autoroute, de la RN 5, pour aboutir Pays-Noyé à Ducos, ceci en vue de dédoubler ces voies de circulation. Pour rappel, ce projet remonte du Conseil Général que nous, PUMA, avions démonté en demandant comment a-t-il fait pour obtenir l’autorisation de l’État pour traverser de la Mangrove dans le Domaine Public Maritime (DPM) et quel montant avait été provisionné pour l’indemnisation des expropriations commerciales se trouvant dans le tracé de cette route ? En absence de toute réponse, ce projet avait été retiré. Aujourd’hui le Président de l’exécutif nous répond que ce sera une voie aérienne, pourquoi pas ? Nous attendons les premières planches de cette étude.
Cependant ce qui est révélateur c’est que le syndrome de l’autruche est clairement collé à la collectivité qui refuse d’écouter pour comprendre : Le réchauffement climatique aura une incidence irréversible sur l’élévation du niveau de la mer ; l’absence de toute réflexion politique sur le sujet montre le bricolage permanent pour les projets structurants. C’est ainsi qu’à Rivière-Salée il est prévu un rehaussement de la chaussée pour pallier l’inondation de la RN 5 qui était prévisible. Aussi nous soumettons à la réflexion de nos décideurs de mettre une plaque, visible de tous, sur les vestiges du Pont Bac en inscrivant : ‘’Ci git une partie de la Rivière-Salée.
Où est passée la voie de la raison ? Quel Martiniquais peut affirmer ne pas connaitre les fonctions d’une Mangrove ? La baie de Fort-de-France est actuellement au même niveau de la plaine de Petit-Bourg où passe la RN 5, y compris dans la Zone du Quartier Trénelle à Rivière-Salée. Nos élus proposent de rehausser dans un premier temps la route sur environ 1, 50 m de haut. Cependant tous les Scientifiques prévoient une montée de la mer sur 3 m minimum dans tout le Golfe du Mexique, y compris des Antilles dans la Caraïbe ; concernant les vagues de submersions, elles iront à des hauteurs dépassant les 10 m. Ce sont des éléments factuels qui sont documentés dans toute la littérature scientifique, dans ces conditions faut-il en déduire que notre Collectivité n’a pas dans sa bibliothèque ces ouvrages ? Où sont leurs études qui permettent à la population de connaitre la réalité ?
En voulant doubler cet axe routier, la collectivité signe ses nombreux échecs :
- En termes de transport public, sur terre et en mer,
- Aménagement du territoire,
- Absence d’un Schémas Aménagement Régional, (SAR),
- Absence du Schémas de Mise en Valeur de la Mer, (SMVM).
Dans le même temps, est mis sous le tapis le débat sur le rapport financier des recettes l’Octroi de Mer, sur l’importation des véhicules, de leurs pièces et accessoires, les carburants, sans oublier les recettes sur les médicaments pour traiter toutes les pathologies environnementales liées au stress des embouteillages.
Cela fait des années que nous, PUMA, invitons nos dirigeants à prendre en compte ces éléments, qu’il faut regarder sans phares, ni lampe de poche, afin de préserver les biens, tout le patrimoine écologique et notre biodiversité pour revenir à la réalité. Nous avons un considérable retard sur les enjeux climatiques, l’inaction est inadmissible, ce n’est pas un héritage à laisser à nos enfants. La mise en œuvre de ce projet aboutira à créer une digue empêchant l’écoulement naturel des eaux de ruissellement des bassins versants de la zone, avec un important volume de résidu hydrocarbure en provenance de l’augmentation des véhicules qui vont fréquenter cette voie. Pourquoi ne pas réfléchir à l’installation d’un téléphérique entre ces différentes Zones d’activités et les Centres bourgs de la conurbation Ducos, Lamentin, Fort-de-France et Schoelcher ?
Le moment est venu de lancer impérativement des études avec la participation massive de la population afin de mettre en évidence : les protections des 25 communes du littoral par la création de digues ou toutes autres solutions, la recherche de matériaux, la mise en valeur des déblais. L’importance de ce chantier va nécessiter un énorme financement ; nos Cadres territoriaux auront pour devoir de proposer les plans adéquats à nos élus.
L’actualité vient de plus en plus nous montrer les conséquences du dérèglement climatique à travers le monde, faut-il conclure que cette visibilité ne se passe que chez les autres ? Nous avons le devoir de tout mettre en œuvre pour faire prendre conscience à nos élus que dans la population il y a des citoyens qui se demandent : Où est passée la voie de la raison ?
Nous faisons confiance à la sagesse en indiquant qu’il est temps de se réveiller, Pour Une Martinique Autrement, avant qu’il ne soit trop tard.
Pour l’association écologique PUMA
Le Président Florent GRABIN
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