Ôter du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco la « soup jounou »

Lettre ouverte à Patrick DELATOUR, ministre de la Culture

« Haïti doit imérativement faire désinscrire la « soup joumou » de la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco.

— Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

M. Patrick DELATOUR
Ministre de la Culture
République d’Haïti
Port-au-Prince
Haïti

Montréal, le 7 février 2025.

OBJET / (1) Désinscription la « Soup joumou » de la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. (2) Inscription de l’Acte de l’Indépendance d’Haïti du 1er janvier 1804 sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

Au cours des dernières années, au creux du continuum contextuel et politique où l’on a vu le PHTK néo-duvaliériste confier diverses missions à plusieurs « intellectuels serviles », une vaste opération de propagande identitaire affabulatrice a été conduite à l’échelle internationale auprès de l’Unesco. En dehors des moindres fondements historiques, cette vaste opération de propagande identitaire affabulatrice a permis de faire accéder la « Soup joumou » au statut a-historique de « Soupe de l’Indépendance », de « Soupe de l’identité nationale haïtienne » sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

Des « intellectuels serviles » ont ainsi été missionnés pour accomplir des tâches diverses et soigneusement ciblées :

1Louis Naud Pierre, sociologue, principal rédacteur de la « Constitution » lamayòt de l’inculpé Jovenel Moïse.

2–Fritz Dorvilliers, politologue, agent-louangeur dans la presse nationale de la pseudo « révolution éducative » de Nesmy Manigat à l’Éducation nationale. Nommé plus tard consul général d’Haïti à Montréal pour services rendus, il a été abruptement révoqué à la demande du gouvernement fédéral canadien dans une scabreuse affaire de blindés qui n’auraient pas été livrés à la Police nationale d’Haïti.

3Dominique Dupuy, ex-agent propagandiste de la « Soup joumou » / « Soupe de l’Indépendance » / « Soupe de l’identité nationale haïtienne » en vue de son inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

4Bochitt Edmond, ex-agent propagandiste et ex-ambassadeur d’Haïti à Washington. Il a été révoqué dans une scabreuse et fort lucrative affaire de commerce de vrais/faux passeports haïtiens.

Voir l’article « Le rôle des « intellectuels serviles » dans l’arsenal idéologique érigé par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste » en Haïti » (par Robert Berrouët-Oriol, Madinin’Art, 22 novembre 2024).

L’on observe que dans le même continuum contextuel et politique l’une des institutions les plus respectées du système des Nations-Unies, le Programme alimentaire mondial, le PAM, alertait, à partir d’enquêtes de terrain, sur une réalité bien différente. La population haïtienne, loin, très loin des fantasmes identitaires du cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste relatifs à la pseudo « Soupe de l’identité nationale haïtienne », faisait face à une situation de famine chronique affectant 5 millions 400 mille personnes à l’échelle du pays tout entier.

Voir les documents suivants :

ÉTUDE DE RÉFÉRENCE (60 pages) : «   La fable de la « soup joumou », soi-disant « soupe de l’Indépendance », dans le brouillard de la patrimonialisation et de l’arnaque identitaire » (par Robert Berrouët-Oriol, Madinin’Art, Martinique, 11 décembre 2024). 

ARTICLE : « La « soup joumou » dotée du statut chimérique de « soupe de l’Indépendance » ou l’histoire d’une frauduleuse affabulation dénuée de fondements historiques » (par Robert Berrouët-Oriol, Madinin’Art, Martinique, 18 novembre 2024).  

Amplement diffusés en Haïti et à l’échelle internationale, ces deux documents établissent en toute rigueur qu’avec l’opération « Soup joumou » la population haïtienne a été la cible d’une vaste arnaque identitaire destinée, entre autres, à fournir à un régime prédateur de « bandits légaux » autoproclamés un début de crédibilité/légitimité qu’il n’a jamais eue.

À travers les échanges réguliers que nous avons avec la société civile haïtienne, il s’est dégagé un consensus : Haïti doit entreprendre dès maintenant d’utiles démarches en vue de faire :

  1. Désiscrire la « Soup joumou » de la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

  1. Inscrire l’Acte de l’Indépendance d’Haïti du 1er janvier 1804 sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

Il s’agit là manifestement d’une œuvre de justice et de réparation relevant du mandat du ministre de la Culture de la République d’Haïti. Elle est conforme aux prescrits de la Constitution haïtienne de 1987.

(*) Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue, Conseiller spécial, Conseil national d’administration du Réseau des professeurs d’universités d’Haïti (REPUH)