Le film sud-coréen, qui traite du gouffre entre classes sociales, a gagné l’Oscar du meilleur film, ainsi que ceux du réalisateur, du film international et du scénario original.
La 92e cérémonie des Oscars va rentrer dans les annales. Elle a vu triompher, dimanche 9 février, Parasite, de Bong Joon-ho, le premier film sud-coréen récompensé à Los Angeles par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences. Ce thriller a raflé quatre Oscars : ceux du meilleur film, réalisateur, film international (où il affrontait Les Misérables du Français Ladj Ly), ainsi que scénario original.
Parasite, satire cruelle sur le gouffre entre classes sociales, avait déjà été récompensé par la Palme d’or au 72e Festival de Cannes, puis le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère. « Merci, je vais boire jusqu’au matin », a déclaré Bong Joon-ho en acceptant la récompense de meilleur réalisateur.
Pour les experts, c’est un énorme coup de théâtre : 1917, de Sam Mendes, partait favori de la compétition. L’audacieux film de guerre britannique a toutefois remporté trois prix techniques, que sont le mixage son, les effets spéciaux et la cinématographie.
Moins surprenant, les prix attribués aux acteurs sont la copie conforme de ceux décernés lors des Golden Globes. Ainsi, Joaquin Phoenix a été sacré pour le rôle principal dans le film controversé Joker, de Todd Phillips. C’est le premier Oscar pour le comédien de 45 ans qui avait déjà été nommé trois fois précédemment, dont deux fois pour un rôle principal.
C’est également la consécration pour Renée Zellweger, qui a été désignée meilleure actrice pour son incarnation de la légende d’Hollywood Judy Garland, dans le film Judy de Rupert Goold. La comédienne d’origine texane avait déjà reçu l’Oscar du meilleur second rôle pour Retour à Cold Mountain en 2004.
Brad Pitt et Laura Dern ont été sacrés meilleurs seconds rôles. Avec son rôle de cascadeur tranquille dans Once Upon a Time… in Hollywood, de Quentin Tarantino, Brad Pitt l’a emporté face aux vétérans Al Pacino et Joe Pesci (The Irishman), Anthony Hopkins et Tom Hanks. Le film de Quentin Tarantino a également obtenu le prix du meilleur décor.
Laura Dern a, elle, été récompensée pour son rôle d’avocate impitoyable dans Marriage Story, du réalisateur Noah Baumbach. Si elle a déjà décroché cinq Golden Globes, c’est le premier Oscar pour la comédienne qui fêtera lundi ses 53 ans et qui avait été nommée pour la première fois en 1992 pour Rambling Rose.
« American Factory », meilleur documentaire
Réalisé par Julia Reichert et Steven Bognar, American Factory, dont Barack et Michelle Obama ont acheté les droits via leur maison de production, a reçu, lui, le prix du meilleur documentaire. Il relate la reprise par un milliardaire chinois d’une usine automobile dans l’Ohio, en 2014.
Le long-métrage du studio Pixar (Disney) Toy Story 4, réalisé par Josh Cooley, s’est vu décerner l’Oscar du meilleur film d’animation. C’est la dixième statuette obtenue par le studio Pixar dans cette catégorie qui a été créée en 2002. Une déception pour J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin.
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The Neighbors Window, de Marshall Curry, obtient le prix du meilleur court-métrage, quand Hair Love, de Matthew A. Cherry et Bruce W. Smith, reçoit celui du court-métrage d’animation et Learning to Skateboard in a Warzone (If You’re a Girl), de Carol Dysinger, celui du court-métrage documentaire.
La bande originale de Joker décroche l’Oscar de la meilleure musique originale, (I’m Gonna) Love Me Again, dans le film Rocketman, est sacrée comme meilleure chanson. Côté scénario adapté, c’est Jojo Rabbit, de Taika Waititi, qui a été primé.
Dans les catégories plus techniques, Les filles du docteur March, de Greta Gerwig, décroche le prix pour les meilleurs costumes ; Le Mans 66, de James Mangold, celui pour le montage son et le montage ; Scandale (Bombshell), de Jay Roach, celui pour le maquillage et coiffure.
Une sélection critiquée pour son manque de diversité
La sélection des Oscars a une nouvelle fois été critiquée pour avoir négligé la diversité culturelle et ethnique, un reproche récurrent. Hormis la Britannique Cynthia Erivo (Harriet), tous les acteurs et actrices en lice cette année sont blancs et aucune femme n’a été retenue chez les réalisateurs.
L’Académie des Oscars a toutefois mis en avant le fait que les femmes n’ont jamais été aussi présentes dans les nominations : 65 sur 209 candidats au total. Peut-être pour faire oublier la polémique, la soirée des Oscars, produite par deux femmes, a choisi un grand nombre de vedettes internationales d’origines diverses afin de remettre les prix, parmi lesquelles l’Espagnole Penelope Cruz, la Mexicaine Salma Hayek et l’Israélienne Gal Gadot.
Source : LeMonde.fr avec AFP