Ornette Coleman, né le 9 mars 1930 à Fort Worth (Texas) et mort le 11 juin 2015 à New York1, est un saxophoniste ténor et alto, trompettiste, violoniste et compositeur, précurseur majeur du free jazz.
À quatorze ans, il étudie le saxophone alto puis, deux ans plus tard, le saxophone ténor. Il commence par jouer dans des orchestres de rhythm and blues dans le Sud des États-Unis. Il s’installe à Los Angeles où il est contraint de travailler comme liftier tout en étudiant l’harmonie, la théorie musicale (largement en autodidacte) et en élaborant ce qui deviendra l’essentiel de son style, tant sur le plan harmonique que rythmique (frôlant l’atonalité soutenue par un tempo fluctuant).
Coleman épouse, en 1954, la poète Jayne Cortez (en) dont il divorce en 1964. Leur fils Denardo, nait en 19562.
L’accueil parmi ses pairs est mitigé, mais déjà il reçoit l’appui de certains d’entre eux. C’est le bassiste Red Mitchell qui le découvre. Il enregistre en 1958 son premier disque pour la firme Contemporary de Lester Koenig (« Something else! The Music Of Ornette Coleman », avec Don Cherry, Walter Norris (en), Don Payne, Billy Higgins), puis en 1959 « Tomorrow is the question! » (avec un quartet sans piano incluant Don Cherry, Red Mitchell, Shelly Manne)… La même année, il obtient ses premiers engagements dans des clubs de jazz, à Los Angeles, puis New York où il utilise un saxophone alto en plastique.
Déjà il suscite de fortes oppositions, mais continue régulièrement à enregistrer, désormais pour la firme Atlantic, avec Charlie Haden, Billy Higgins, Ed Blackwell, Don Cherry, (« The shape of jazz to come » (1959), « Change of century » (1959), « This is our music » (1959)).
En 1960, l’album « Free Jazz: A Collective Improvisation » sonne comme un manifeste, bien que son auteur ait exprimé plus tard sa gêne devant ce concept. Dans ce disque, improvisé sans préparation par deux quartets (un sur chaque canal stéréo) : Don Cherry et Freddie Hubbard à la trompette, Ornette et Eric Dolphy, Scott LaFaro et Charlie Haden à la contrebasse, Higgins et Ed Blackwell à la batterie. C’est le premier exemple d’improvisation collective dans le jazz d’avant-garde.
En 1962, on le retrouve aussi à la trompette et au violon.
En 1965, il revient sur la scène musicale (après deux ans de relative inactivité), en Europe ou au cinéma (« Chappaqua suite ») souvent avec David Izenzon (b) Charles Moffett (d), puis avec son fils Denardo, batteur dès l’âge de douze ans (1966). Il obtient une certaine reconnaissance (il est couronné « Jazzman of the Year » en 1966 ; puis entre au « Hall of Fame » en 1969 par la revue « Down Beat »).
Ornette Coleman en 1971, Ornette Coleman Quartet, Sigma 7
Ornette Coleman à Ludwigshafen, 2005
En 1972, il développe le concept d’harmolodie (« Skies of America » avec le London Symphony Orchestra, où les musiciens jouent simultanément la même mélodie à différentes hauteurs et dans différentes tonalités), et poursuit une carrière un peu chaotique, enregistrant cependant régulièrement dans de multiples contextes (intégrant musiques traditionnelles, free jazz, rock, funk), mais aussi avec un de ses anciens quartettes (Cherry, Haden, Higgins), avec le guitariste Pat Metheny et avec son groupe électro-acoustique Prime Time. En 1991, Coleman participe à la bande-son du film de David Cronenberg, Naked Lunch.
Gai, primesautier, timide, réservé, provocateur, voire scandaleux, dynamiteur tranquille, habile compositeur, instrumentiste discuté, admirateur de Charlie Parker dont il prolonge mais dynamite le style, même pas artiste maudit pourtant tant il se plaît à vivre dans une relative obscurité, il a longtemps suscité jugements contrastés, polémiques, voire agressions physiques. Son influence est diffuse et contrastée ; le free jazz perdure en partie sur les bases qu’il a énoncées, mais le funk le revendique également comme précurseur, témoignage du vivant paradoxe de son existence et de son art. Lou Reed et Daevid Allen ont souvent fait part de leur profonde admiration pour son travail.
Coleman a rarement participé aux albums d’autres musiciens : Jackie McLean, en 1967, (album sur lequel Coleman joue de la trompette), Claude Nougaro en 1976 (adaptation du « Gloria » de Don Byas sur l’album Femmes et famines), James Blood Ulmer en 1978, Joe Henry (Scar) en 2001 et Lou Reed en 2003 sont les rares exceptions.
Également trompettiste et violoniste, il était considéré comme l’un des précurseurs du free jazz.