« Oliwon d’imaginaire créole », de Rudy Rabathly

— Par Jean-Marc Terrine —

Rudy Rabathaly ancien rédacteur en chef du quotidien France-Antilles, ne lâche pas la plume. Il continu à regarder le pays en laissant tomber l’information et la langue qui communique : le discontinu.

Avec ce pas de côté, depuis qu’il a quitté la presse, il est libre pour parler avec le langage du quotidien : aller à la rencontre des quatre-croisées des langues (français et créole), mais aussi des gestes-corps et des silences qui parlent.

Le continu.

Son livre c’est ça.

Avec ses fragments de deux mots quatre paroles il nous fait driver dans les oliwon du pays. Les alentours de la vie en Martinique, Avec une pensée du bricolage, cette pensée sauvage développée par Claude Levis Strauss.

Il nous fait entendre la beauté de la voix sauvage, primitive du peuple qui dit la vie dans une langue-langage, qui mofwaz. Paroles et gestes populaires qui parlent, chuchotent et gesticulent la vie, l’ordinaire, Les kriyé lavwa de tous les jours pour dire ses affaires de la vie : travai, amour, joie, souffrance, départ, non-dits.

Oliwon une écriture vagabonde, qui erre et qui puise dans notre imaginaire et non dans notre imagination. Ce geste de l’écrivain, cette chorégraphie du langage des aliwon nous dit notre manière de vivre. Et donne à l’auteur une liberté et une richesse dans son écriture. Il n’est plus sous le poids de la presse, sa narration échappe aux standards de la littérature.

Il joue dans son dernier livre avec deux genres la poésie et les nouvelles pour donner de la vie et du rythme, de la couleur et du rire au lecteur. Son livre vous emporte dans les oliwon de son langage qui attrape par des sauts dans la ronde de la vie et ses bordages, Oliwon d’imaginaire, un ferment qui monte et un vent qui souffle page à page dans la parole-nouvelle-poétique de Rudy Rabathaly. Un livre-langage qui enivre. Beaudelaire aurait aimé ça : « Et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront, ‘Il est l’heure de s’enivrer, pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie ».

Plateau fofo

Le 23 décembre 2024

Jean-Marc Terrine

 

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« Oliwon d’imaginaire créole », de Rudy Rabathaly

Aujourd’hui, si tu entreprends une dame dans la rue, même avec la plus grande des galanteries que tu penses, ça peut finir en bal brésilien et donc au poste.

Heureusement ou malheureusement (seules les dames peuvent dire), ce n’était pas toujours comme ça auparavant…

Depuis qu’elle était jeune demoiselle, la belle et pulpeuse Désirette a toujours reçu de belles paroles de la multitude de prétendants qui tournaient autour d’elle pire que de gros vonvons jaunes autour de sa grosse flfleur d’acacia. Mais Désirette n’a jamais eu besoin d’aller à la police pour personne. Elle a toujours été maîtresse de son corps.

C’est pas des paroles de doucines qu’elle a pas entendu voler autour d’elle quand elle marchait sur les trottoirs, montait dans les cars ou bien en revenant de la boutique. Des fois même, en sortant de la messe…

Nouvelles & poésie K. É ditions

ISBN : 9782383470229

www.keditions.com

Rudy Rabathaly, ancien rédacteur en chef à France-Antilles journal local où il a exercé durant 37 années. Il est l’auteur de Tonbé Lévé Bonne voyage» d’imaginaire créole» et de Pawol anba fey ; écrits imaginaire créole.

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