Pour la première conférence de presse 68e du Festival d’Avignon, son directeur a dû annoncer l’annulation de la première représentation, Le Prince de Hombourg, dans la cour d’honneur du Palais des Papes..
Dans la cour de l’université des sciences, rebaptisée «site Louis-Pasteur de l’université», sous un dais digne de celui que Giorgio Strehler laissait flotter au-dessus de La Cerisaie, un Olivier Py, calme, ferme, spirituel, a donné la première conférence de presse du 68e Festival d’Avignon. Celle de la présentation de l’ensemble de la programmation des trois semaines – du 4 juillet au 27 juillet – de son premier festival comme directeur.
Homme de culture et de passion, il s’est toujours très bien exprimé. Il sait qu’il lui arrive d’employer des «grands» mots. Mais qu’a-t-il aujourd’hui à opposer au désir de destruction qui anime certains représentants de la Coordination nationale des intermittents et précaires. Il ne peut opposer que sa sincérité d’artiste incontestable et de directeur déterminé. Devant une assistance qui réunissait la presse internationale, nationale, régionale, télévisions, radios, journaux, il a parlé sans aucune note pendant une petite heure vite passée parce qu’il n’est jamais ennuyeux.
Il était grave parce que les premières nouvelles n’étaient pas heureuses: avant-hier soir, les personnels du festival ont revoté. Lundi, ils s’étaient prononcés pour le maintien du festival. Mais il fallait se déterminer sur la grève fixée par la CGT-spectacle au 4 juillet. C’est à dessein, évidemment, bien qu’ils s’en défendent aujourd’hui et balancent des communiqués pour dire qu’il faut que le festival ait lieu, que l’organisation syndicale a choisi la date d’ouverture du Festival d’Avignon. Et si la situation s’envenime, elle sera autant responsable que les intermittents ingérables ou manipulés par SUD.
Bref. Hier, c’était grève et les deux premières prévues n’ont pas eu lieu. Le Prince de Hombourg dans la cour – mais on devait le voir sur France 2, puisqu’il avait été enregistré la veille et l’avant-veille – et Coup fatal, cour du lycée Saint-Joseph. De toute façon, des orages violents étaient prévus hier soir sur la Cité des papes, et ces deux spectacles sont en plein air.
Olivier Py a donné le mode d’emploi des remboursements et reports et parlé du fond après avoir remercié les équipes du festival, qui, depuis trois semaines, travaillent d’arrache-pied pour que tout se passe bien. «Avignon, c’est une communauté d’esprit qui traduit cette année une inquiétude politique, une inquiétude métaphysique. Faire de l’inquiétude une impatience», pourrait être une belle mission d’Avignon a-t-il dit. Et, s’excusant pour les «grands» mots, il a poursuivi: «Ce qui fait la transcendance d’Avignon, c’est la beauté et c’est le collectif. L’orgueil du festival, c’est de faire renaître la joie de la vie de l’esprit.»…/