— par La Confédération Paysanne —
Le scandale des œufs contaminés au Fipronil, qui a éclaté la semaine dernière, prend chaque jour plus d’ampleur. Nous découvrons qu’il touche aujourd’hui la France. En réalité, ce scandale n’est pas seulement celui de la filière œuf, c’est bien celui de tout un système, celui de l’agro-industrie et du modèle économique de libre-échange dans lequel elle prospère.
Dans ce jeu fait de concurrence souvent déloyale et de tricherie généralisée, toutes les parties sont fautives. Des entreprises qui, aux règles sanitaires, préfèrent leur chiffre d’affaire et n’hésitent pas à commercialiser des produits frauduleux. Des Etats qui, sous couvert de compétitivité et de performance économique, se rendent coupable de laxisme voire de complicité avec ces entreprises. Enfin, des importateurs qui, pour baisser toujours plus les prix d’achat, préfèrent importer de l’étranger des œufs à la qualité incertaine, au mépris de la production paysanne de très grande qualité qui existe dans notre pays.
Les perdants eux, sont toujours les mêmes. Les producteurs, sur lesquels s’exerce la pression sans limite de la compétitivité économique. Les animaux, considérés comme de simples générateurs de matière première agricole, et que l’on n’hésite pas à abattre par millions lorsqu’ils ne sont plus rentables. Et bien sûr les consommateurs, à qui le système agro-industriel ne fournit ni la qualité, ni la confiance qu’ils méritent.Il serait salutaire que ce scandale entraîne une prise de conscience généralisée et que l’on tire collectivement les leçons de cette crise, comme de toutes celles qui l’ont précédée.
Les Etats Généraux de l’Alimentation s’ouvrent avec l’espoir pour les paysans et les consommateurs de voir enfin évoluer les choses. L’enveloppe de 5 milliards d’euros promise par le gouvernement constitue assurément un formidable levier, encore faudra-t-il avoir le courage de l’utiliser pour permettre enfin à l’agriculture paysanne de répondre pleinement à la demande légitime d’une meilleure alimentation pour tous, et de redonner du sens à notre métier en replaçant le paysan au cœur du système de production.