— Par Philippe Pilotin —
Mon corps est un virtuose en musique
Mais celle qu’elle pratique
Ne concurrencera jamais la classique
Et n’égalera pas non plus la symphonique.
C’est dans les toilettes qu’il compose,
Avec ou sans volonté, toujours il ose
Et le fait toujours en prose
Même si ce n’est jamais à l’eau de rose.
Il ne lit pourtant pas le solfège
Mais quand je m’assieds sur un siège,
Il sort toujours des notes en cortège
Qui donnent chaque fois un florilège.
Ses concerts sont de vrais récitals
Surtout après certains plats en régal.
Même si ses prestations ne sont pas conviviales,
Elles ne sont pas pour autant immorales.
Quand il déroule ses gammes,
Entre chromatiques et diatoniques, pas d’amalgame.
Il s’affiche sans aucun état d’âme
Car pour lui ce n’est pas un mélodrame.
Personne ne lui donnera jamais raison
D’autant plus que son la n’est point au diapason
Et surtout, avec ses parfums hors combinaison,
Aucune chance qu’elle soit une musique de salon.
On la reconnaît partout et à tout vent
Car elle n’est point l’œuvre d‘instruments à vent,
Si bien que ses rythmes tambours battants,
Au sein du public, font de vrais mécontents.
Quand sur scène avec ardeur, il se projette,
Personne ne souhaite qu’il se répète
Et surtout à l’occasion de grandes fêtes.
Cela peut devenir un vrai casse-tête.
Parfois, sans même l’entendre résonner,
Elle vous monte désagréablement au nez
Que l’on se demande tout étonné
Qui parmi nous l’a entonné.
Personne n’a osé la transcrire
Car à les entendre dire,
Aucun musicien ne voudra la lire
Ni même la reproduire avec une lyre.
De cette œuvre loin d’être éphémère,
Jouée sans l’art, mais avec la manière,
Si naguère, on pouvait en tirer matière,
Elle serait déjà tube bien avant-hier.
Quoiqu’en disent les sages,
Elle se joue sans mesure à tout âge
Et de s’en priver, c’est un dommage,
Même si très souvent, cela enrage.
Ce style de musique se joue en solo
Et chacun à sa guise fait des trémolos.
Parfois, il y a ceux qui rigolent dans le lot
Quand d’autres vous traitent de salaud.
Sur scène ou en plein air,
Depuis bien des millénaires,
L’humain n’a jamais apprécié son air
Que ça la rendue tellement impopulaire.
Philippe PILOTIN