REPORTAGE – Le mouvement commencé après la manifestation du 31 mars contre le projet de loi travail ne faiblit pas. Des milliers de manifestants se sont réunis mardi soir place de la République à Paris pour une sixième Nuit debout.
Comme chaque soir depuis près d’une semaine, la Nuit debout a commencé mardi soir par une assemblée générale, une agora citoyenne où chacun peut prendre la parole. La foule s’assied et la jeune Savannah, médiatrice de «l’AG», présente l’ordre du jour: bilan de la manifestation du jour contre la loi travail, propositions d’actions, réflexion autour de la pérennisation du mouvement…
Mais ce n’est pas un jour comme les autres. Lors de cette nouvelle journée de mobilisation contre la loi El-Khomri, les forces de l’ordre ont procédé à 130 interpellations, des lycéens et étudiants pour la plupart. Kévin, un militant, informe l’assemblée que 21 personnes sont encore gardées à vue et propose d’aller manifester devant le commissariat dans lequel elles sont retenues. Il n’en fallait pas plus pour déclencher un vote – car ici tout se vote à main levée – mais aucune majorité ne se dégage.
19 heures – «Pas de libération, pas de circulation»
Finalement, une centaine de volontaires part se réunir devant le commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris pour réclamer la libération de ses «camarades». Sans réelle concertation, les manifestants prennent possession de la route, bloquant au passage un bus. «Pas de libération, pas de circulation», entonnent en chœur les manifestants.
Au bout d’une trentaine de minutes de blocage, la commissaire de police – accompagnée d’une cinquantaine de CRS – entame une discussion et promet de libérer les gardés à vue si la route est évacuée. Mais le vote sera négatif. «On n’a pas confiance», explique un étudiant avant de demander la libération de cinq personnes en «preuve de bonne foi». La commissaire refuse et un marchandage commence, chaque camp ne voulant pas céder à l’autre. Pourtant, alors que la situation semble bloquée, les manifestants finissent par obtenir gain de cause puisque tous leurs «camarades» sont libérés au bout d’une dizaine de minutes. «Je ne comprends toujours pas pourquoi ils nous ont arrêtés», confie alors une jeune femme qui a été retenue pendant plusieurs heures.
20h30 – «Deux minutes de parole par personne»
Les manifestants du commissariat regagnent ensemble la place de la République et relatent leur expédition à la foule. «Nous avons gagné parce que nous avons agi, ils peuvent nous matraquer on n’arrêtera pas de manifester», jubile un étudiant devant un parterre qui l’acclame. Mais pas le temps de s’appesantir, il y a un ordre du jour à respecter…