— AFP —
La mairie de Paris met à l’honneur l’enfant terrible de l’art contemporain à l’occasion de la 13e édition de la Nuit blanche, qui se tient ce samedi soir.
Paris, « capitale du street art » ? C’est en tout cas l’ambition de la mairie de Paris, qui mettra à l’honneur l’enfant terrible de l’art contemporain à l’occasion de la prochaine Nuit blanche, samedi, en lui ouvrant largement ses murs. L’adjoint de la maire de Paris en charge de la Culture, Bruno Julliard, en a fait la promesse, lors de la conférence de presse de présentation de la Nuit blanche début septembre : « Paris doit devenir la capitale mondiale du street art. »
« On constate vraiment un emballement des Parisiens (…). Il y a un emballement des décideurs, qui apprécient l’image de modernité associée au street art ; un emballement des galeries d’art contemporain parisiennes, où les ‘street artistes’ ont massivement fait leur entrée. C’est devenu un champ majeur de l’art contemporain où Paris a une place importante (…). Nous avons envie d’être dans ce train de la modernité, de l’excellence », a déclaré l’élu à l’AFP.
Ainsi, le point d’orgue de cette 13e édition de la Nuit blanche sera-t-il un musée à ciel ouvert du « street art contemporain », dans le 13e arrondissement, où se rencontreront les propositions de jeunes artistes dans le domaine de l’art contemporain ou des arts numériques, et un grand nombre d’oeuvres de street art réalisées par des artistes de renom comme Swoon, Spy, Borondo, Tristan Eaton ou Thomas Canto.
Certaines de ces oeuvres, pérennes, auront vocation à s’inscrire dans le parcours de street art que la mairie du 13e s’efforce de dessiner depuis 2010, en mettant à profit les façades aveugles de ses grands ensembles. L’arrondissement compte déjà une quinzaine de grandes fresques, dont une signée de la star américaine Obey, rue Jeanne d’Arc, et une autre place de Vénétie de l’artiste portugais Pantonio, qui se revendique comme le mur peint le plus haut d’Europe.
« Avec la Tour 13, on a planté le drapeau ! »
Ce parcours est le fruit de la rencontre entre le maire du 13e Jérôme Coumet (PS), lui-même passionné et collectionneur d’art, et le galeriste Mehdi Ben Cheikh, fondateur de la galerie Itinerrance. Pour l’un comme pour l’autre, Paris est d’ores et déjà la capitale du street art, au moins au regard du nombre de galeries et de ventes publiques qui s’y réalisent.
Un événement organisé en octobre 2013 par Mehdi Ben Cheikh a particulièrement marqué les esprits : l’exposition éphémère de la Tour 13. Pendant 30 jours, des dizaines de milliers de visiteurs se sont pressés dans les appartements de cette tour vouée à la destruction, pour voir les oeuvres et installations de 80 « street artistes ». « Avec la Tour 13, on a planté le drapeau ! » se réjouit Jérôme Coumet, qui organisera prochainement dans sa mairie une exposition du Français C215.
Plus nuancée, la galeriste pionnière Magda Danysz estime que « Paris est en bonne position, même s’il est difficile pour un mouvement comme le street art de se géolocaliser ». « Si tant est qu’on le puisse, Paris est déjà une place importante et a une histoire. C’est un lieu de réflexion, de rencontre, de production (…). Beaucoup d’artistes sont passés par Paris, comme (l’Américain) Futura. Il y a beaucoup d’accompagnateurs, comme (la styliste) Agnès B, les éditeurs, les critiques », poursuit-elle.
Pour amplifier le mouvement, la mairie de Paris compte notamment sur l’ouverture à l’automne 2015 de La Place, centre culturel dévolu aux cultures urbaines. Le Conseil de Paris a aussi approuvé mercredi un voeu du groupe PRG visant à identifier 200 murs susceptibles d’accueillir des oeuvres.
Bruno Julliard met pourtant en garde : « Il ne s’agit pas de mettre en route une usine à eau tiède, ce n’est pas parce que c’est une oeuvre labellisée street art que ce ne doit pas être une oeuvre de qualité. »