— Par Jean Samblé —
Le 11 juin, un nouveau gouvernement a été formé en Haïti avec pour objectif de rétablir la sécurité et la stabilité dans un pays ravagé par la violence des gangs. Cette formation fait suite à la nomination par le conseil présidentiel de transition d’un Premier ministre intérimaire, Garry Conille, dont la désignation avait été actée deux semaines auparavant. L’arrêté détaillant les membres du nouveau cabinet a été publié dans Le Moniteur, le journal officiel haïtien. Garry Conille, médecin de formation et ancien directeur régional pour l’Unicef, exercera également les fonctions de ministre de l’Intérieur. Dominique Dupuy, représentante d’Haïti à l’Unesco, sera en charge des Affaires étrangères.
Un contexte de crise multidimensionnelle
Depuis des décennies, Haïti est plongée dans une instabilité politique chronique. La situation s’est aggravée fin février lorsque les gangs, déjà responsables de violences dans de nombreuses régions du pays, ont coordonné des attaques contre des sites stratégiques, affirmant vouloir renverser l’ex-Premier ministre Ariel Henry. Celui-ci, très contesté, a annoncé sa démission le 11 mars, permettant ainsi la mise en place d’un conseil présidentiel de transition en avril. Ce conseil, composé de neuf membres (sept avec droit de vote et deux observateurs), a pour mission de nommer un Premier ministre et de former un gouvernement inclusif avant le 7 février 2026.
Les défis du nouveau gouvernement
Garry Conille, qui a déjà été Premier ministre pour une courte période en 2011-2012, fait face à une tâche titanesque. Le pays, où la capitale Port-au-Prince est à 80% sous le contrôle de gangs criminels, doit être stabilisé sur les plans politique, sécuritaire et humanitaire avant de pouvoir organiser des élections – les premières depuis 2016. Les gangs, accusés de meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon, constituent une menace constante pour la population et l’État haïtien.
L’appui international et l’arrivée de la Force Multinationale
Pour lutter contre cette violence endémique, Haïti attend le déploiement d’une force multinationale menée par le Kenya. Cette mission, soutenue par l’ONU, verra les États-Unis jouer un rôle logistique crucial, bien qu’ils ne fourniront pas de troupes. Le président kényan William Ruto a annoncé que les premiers contingents de policiers kenyans devraient être déployés en Haïti « probablement la semaine prochaine ou la suivante ». Cette force multinationale viendra en aide à la police haïtienne dans ses efforts pour rétablir l’ordre et la sécurité.
Vers des élections libres et équitables…
La formation de ce nouveau gouvernement marque un tournant crucial pour Haïti, un pays en proie à une crise complexe et profonde. Avec un soutien international et une détermination renouvelée, le Premier ministre Garry Conille et son équipe ont devant eux la lourde tâche de guider Haïti vers un futur plus stable et sécurisé. Le chemin vers des élections libres et équitables reste semé d’embûches, mais c’est un objectif essentiel pour sortir le pays de cette impasse historique.