Pour David Cayla, membre des Économistes atterrés, la réponse à l’inflation se trouve au niveau de notre indépendance productive.
La Marseillaise : Apporter une réponse à l’inflation ciblée sur les professionnels est-il pertinent ?
David Cayla : Sur le court terme, il n’y a pas de réponse parfaite à l’inflation. Mais l’idée selon laquelle il faudrait apporter une réponse ciblée sur les professionnels relève du bon sens. Nous sommes confrontés à un « choc d’offre » et la présence de l’État est nécessaire. C’est un amortisseur ponctuel. En revanche, si l’on estime que la hausse de l’énergie est un phénomène durable, l’État ne peut continuer à soutenir indéfiniment les entreprises. L’enjeu à long terme est de trouver un moyen de sécuriser nos approvisionnements énergétiques et d’avoir un système de production relocalisé.
Comment l’inflation devient-elle une spirale contagieuse ?
D.C. : C’est un effet de ricochet simple à comprendre : l’énergie est au cœur du fonctionnement économique. Il n’y a pas aujourd’hui une production qui n’a pas de composantes énergétiques. Lorsque les coûts de l’énergie augmentent, cela entraîne des coûts supplémentaires souvent répercutés sur les prix. Un État stratège devrait relancer des politiques énergétiques aujourd’hui affaiblies. Si l’on souhaite posséder une énergie décarbonée, il faudra créer des filières de production d’énergies renouvelables et cesser de les voir se construire à des milliers de kilomètres. Nous vivons une crise énergétique durable.
Quelles sont les réponses politiques viables pour juguler l’inflation ?
D.C. : Le courant économique dominant estime que l’inflation est un problème monétaire. C’est un raisonnement un peu court. À mon sens, la réponse dépend de notre système de production. Une relocalisation d’une partie de la production et l’investissement dans des filières courtes est indispensable. La relance de l’énergie décarbonée qu’est le nucléaire me semble nécessaire. La création d’un secteur public de l’énergie et la planification écologique sont également deux leviers à activer. Il s’agit de remettre l’État au cœur de la gestion des filières productives. Enfin, la dernière chose centrale est de « démarchandiser » certains secteurs stratégiques. Nous ne pouvons pas organiser la transition écologique et énergétique par un système de marché.
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