Avant les trois coups rencontre avec des élèves du collège Édouard Glissant.
— Par Dominique Daeschler —
C’est un mercredi après midi et les élèves de quatrième sont tous autour de de leur prof d’anglais Rosette Lima pour répéter une comédie musicale « Nous sommes tous martiniquais » qui sera présentée le 12 juin au Grand Carbet de Fort de France.
Qu’on se souvienne : depuis dix ans le collège Glissant utilise en classes une méthode d’ «adéquation par l’image» issue d’une mallette pédagogique conçue par DK qui, s’il n’est pas du sérail de l’Éducation Nationale, a une grande expérience des relations humaines . L’image, la dynamique de groupe avec échanges, soutien, auto -évaluation, la prise de parole sont autant d’éléments qui projettent les élèves dans une meilleure connaissance de soi, en créant du partage et de la confiance. Au rendez -vous : une réussite scolaire sans précédent et une appréhension du vivre ensemble qui chasse la violence.
C’est bien cette appréhension du vivre ensemble qui est valorisée dans Nous sommes tous martiniquais qui fait suite à Stop Violence, Dérive ludique, Moi fils de la mer et la vidéo Say No. Fermement dirigée par Rosette Lima la répétition commence avec une chanson de Piaf. Il y a des éléments de décors et de costumes pour revisiter l’histoire des peuples arrivés dans l’île et composer ce beau mélange de cultures qui constitue une identité propre.
On rit, on se bouscule mais tout s’arrête avec les indications et les réflexions de la metteuse en scène : « plus de lenteur dans la déambulation – ne fais pas le pataquès – tu n’es pas avec nous- reprends ». Indications scéniques et d’humeur sont données sans imposer. On sent que les élèves ne rechignent pas à reprendre – avec l’emploi du français et de l’anglais- un texte joliment troussé qui ne craint pas la rime ! L’écoute, le respect mutuel impressionnent.
Rencontrés après la répétition, Larissa, Aymeric, Nicolas, Timothée, Kendra, Camélia, Chrystal -Ann parlent de l’importance de constituer une équipe solidaire, de la joie de monter sur scène. Bien sûr les filles sont sensibles aux jolies tenues de danse indienne dont les bases leur sont enseignées par une danseuse professionnelle). Certains évoquent la concentration (Timothée), d’autres le trac et la façon de la canaliser (Nicolas qui a l’expérience de la scène et joue du piano entre deux tableaux) ou bien encore l’intérêt de connaître son histoire (Kendra, Camélia, Chrystal Ann). Plus prosaïquement, avec la fierté de ce qui rassemble, Aymeric évoque ce qui a été organisé pour récolter des fonds : une tombola, un marché. Sur l’acquisition de la confiance en soi (Larissa), le pari est gagné.
Leurs yeux brillent, ils ont conscience de vivre une belle aventure et si, pour l’instant, ils n’ont pas celle de la réalité du public c’est sûr, ils vont « y aller » avec générosité.
Alors on ne peut manquer de se demander : pourquoi cette expérience -dont on peut apprécier les résultats sur dix ans- n’est -elle pas généralisée ?
Dominique Daeschler