—-Par Marie-Laurence Delor —
Nous sommes en risque sanitaire systémique. Il serait temps que les politiques et les collectivités martiniquaises le comprennent. Il serait temps que la société civile (associations, syndicats et autres groupes d’influence) s’en préoccupent. Il serait temps que les médias et les intellectuels s’y intéressent. Le risque sanitaire systémique peut s’entendre, dans le cas martiniquais, comme un effet cumulé de pollutions délétères (chlordécone, sargasse, brume de sable…) dans un contexte de faillite des structures de traitement des déchets de toutes sortes et de crise des politiques publiques de santé. La question de la chlordécone s’inscrit dans cette configuration globale d’urgence sanitaire.
Une urgence pour laquelle il faut d’abord compter sur l’intelligence collective des martiniquais et pour laquelle le message à délivrer à l’État doit être simple et clair: nous exigeons d’être les principaux acteurs et d’être financièrement accompagnés pour la recherche et la mise en place des solutions que nous estimons possibles à court, moyen et long terme. C’est dire que nous sommes, société civile et société politique, en responsabilité ou en irresponsabilité de notre devenir.
C’est cette position du problème, qui échappe à l’activisme rouge, vert, noir d’inspiration afro-centriste. Le parti pris de radicalité et de « panique morale » pèsera peut-être, par peur de la contagion, sur la gestion du dossier de la chlordécone. Ce qui est certain, en revanche, est que ces choix et la finalité qu’ils servent en réalité, la construction d’une notoriété politique, rétrécissent gravement « l’horizon des évènements ».
La « panique morale » renvoie sous le mode de la sur-dramatisation, de l’amalgame et de l’extrapolation à des faits avérés: la responsabilité, pour la chlordécone, de certaines entreprises békés. On en interdit ainsi une compréhension globale pour favoriser en sous-main la diffusion d’idéologies le plus souvent discutables.
Fort de France, le 02/02/2020, Marie-Laurence DELOR