Nous jeunes Martiniquais, Américains, Français et Européens…

— Par les élèves de Terminales littéraires du lycée Joseph-Zobel de Rivière-Salée —

patrimoine_immateriel« Il n’est plus possible de fermer les yeux »

Ainsi vit la terre, les hommes l’habitent, l’utilisent, et la brisent. Tandis que le libéralisme arrive à son stade ultime, les biens communs, eux, rencontrent leurs échéances. Ces biens par nature inaliénables : l’eau, la terre et les semences, Patrimoines de l’Humanité, sont, sous la pression du libéralisme, de l’exaltation du pouvoir et de la recherche obsédée du profit, happés par le marché. Avec la complicité du politique, il se donne le droit de faire de chaque être naturel, vivant et culturel une propriété privée.
Aujourd’hui cette question s’impose comme l’une des plus importantes du monde actuel, suite à de nombreuses réflexions philosophiques et morales sur la problématique du vivant et le devenir de l’humanité. Il n’est plus possible de fermer les yeux et de passer outre la question des OGM et du brevetage du vivant. Bien trop de citoyens ne se voient pas offrir l’occasion d’être informés sur les jeux de convoitises et d’appropriation du vivant ainsi que les enjeux qu’ils suscitent sur l’avenir du monde.
Alors que la population reste évincée, de nombreuses multinationales créent progressivement la possibilité de breveter des génomes : humains, animaux ou végétaux, génétiquement modifiés ou pas. Ces brevets ne sont en vérité qu’une garantie de monopole sur ce qu’il y a de plus communautaire. Posant des questions d’ordre éthique, ces brevets sont établis sur des biens jusqu’alors hors commerce : les matières vivantes, et font ainsi des biens communs une propriété privée sous prétexte qu’ils ont été travaillés. Travailler une matière vivante appartenant au patrimoine de l’humanité est-ce une raison suffisante pour qu’elle soit privatisée ? Les OGM sont utilisés à des fins stratégiques et permettent ainsi l’appropriation d’un bien quel qu’il soit, entravant le droit de chaque individu à disposer de la nature librement. Les agriculteurs perdent peu à peu leurs droits légitimes et ancestraux, et sont contraints d’acheter leurs semences. Peu à peu l’agriculture et l’alimentation deviennent des activités dépendantes des multinationales qui s’imposent comme propriétaires de semences.
La contamination des cultures non-OGM, des cultures traditionnelles, et ancestrales, par les OGM fortement présents dans les champs pose de sérieux problèmes. Pourra-t-on faire encore le choix de manger des aliments issus de l’agriculture biologique ? La contamination d’OGM fortement présente dans les champs, entrave les cultures non OGM et les contamine à leurs tours. Un problème commercial survient également, car selon la loi actuelle, seules les semences inscrites dans le catalogue officiel peuvent être commercialisées et échangées, ce qui condamne les agriculteurs et commerçants de semences anciennes, qui résultent de siècles de travail de tous les peuples.
Or la population demeure inconsciente de ce qui se trame, les lois sont modifiées sans consultation démocratique, et les procès se multiplient.
Il est essentiel et responsable de créer l’occasion pour chaque citoyen de réaliser la situation d’aujourd’hui, et d’agir armé de connaissances pour l’avenir de l’humanité.
A NOS ELUS
Ainsi, nous jeunes Martiniquais, américains, français et européens, nous vous demandons solennellement de vous engager sans compter dans le cadre de vos mandats républicains, à la défense de nos droits et de notre volonté politique aujourd’hui affirmée. On ne saurait breveter les produits de la Nature. Nous demandons aux élus, d’amener chaque collectivité territoriale : Conseil Général, Conseil Régional et Commune de France, à se prononcer, pour que remonte jusqu’aux instances la volonté des peuples et des individus de proclamer :
Article I
– Le Patrimoine de l’Humanité : l’eau, la terre et les semences comme une richesse collective et partagée, ne pouvant être en aucun cas un objet de brevet, d’appropriation et de marchandisation.
Article II
– La Culture des OGM comme un danger pour l’écosystème. Dorénavant aucune innovation ne pourra être mise en exploitation si la preuve n’est pas faite d’une absence totale de risques pour la biodiversité et l’écosystème.
Article III
– La Culture des OGM comme une atteinte aux droits humains qui, du fait de leur propagation, contaminent les champs de semences ancestrales, et dès lors annule le principe du libre choix du citoyen. Ni la présence de pesticides et d’herbicides, ni l’expansion des cultures OGM ne doivent empêcher que chacun puisse faire le choix d’une alimentation issue de l’agriculture biologique.
Article IV
– L’Alimentation humaine et animale sans OGM comme principe, au regard du manque de garantie et des risques pour la santé publique.
Article V
– Le Droit de chacun de cultiver et d’échanger les semences ancestrales.
Article VI
– Le Droit des populations à être informées et le devoir de tous les pouvoirs publics de créer les conditions du libre choix en mettant à la disposition de chacun, toutes les informations nécessaires.
Article VII
– Le Devoir des institutions publiques de toujours travailler en vue de l’intérêt général et de refuser de se soumettre à la pression des lobbies quelques qu’ils soient.
Les élèves de Terminales littéraires du lycée Joseph-Zobel de Rivière-Salée