Lettre de La Coordination Nationale des Intermittent.e.s et Précaires (CNIP)
Monsieur le Président.
Quitte à vous surprendre, nous aimerions, en premier lieu, vous remercier : grâce à vous, nous savons que lamobilisation paye. C’est un message important à envoyer à tou.te.s.
Nous avons entendu vos robinsonnades.
Nous vous prenons au mot sur votre annonce d’une année blanche. Vous l’avez citée comme étant votre concession à la demande unanime du monde culturel. Soit. Mais, tel le diable se cachant dans les détails, la ministre du travail cache trop souvent dans les décrets vosintentions, et trop rarement nos revendications.
Ainsi, nous vous rappelons que cette année blanche (dont vous n’aimez pas le nom) représente une demande précise: celle d’un renouvellement des droits à date anniversaire, a minima au taux d’indemnisation précédent, dèsmaintenant, et jusqu’à un an après la reprise normale de nos activités. Il ne s’agit pas de prolonger de quelques mois, jusqu’en août 2021, les indemnisations, mais de permettre, durant toute cette période, le renouvellement sur douze mois.
Vous n’avez surtout évoqué qu’une partie de nos revendications, ne répondant qu’aux intermittent.e.s du spectacle, quand, tou.te.s, nous vous parlons des intermittent.e.s de l’emploi ! Si vous ne voyez pas bien de qui on parle, il s’agit de tou.te.s les intérimaires, extras, vacataires, saisonnier.ère.s qui travaillent dans l’hôtellerie, la restauration, le service, les personnels d’entretien… La liste est longue de celles et ceux qui, eux.elles aussi, sont employé.e.s en contrats courts, qui eux.elles aussi sont dans l’incertitude de leur avenir, qui eux.elles aussi, plus que tou.te.s sont dans l’urgence. Tou.te.s celles et ceux que vous avez, comme toujours, passé sous silence.
Si le chômage partiel était la réponse adéquate aux salarié.e.s en emploi stable, les salarié.e.s en emplois discontinus en sont pour la plupart exclu.e.s. Et pourtant, avec cette mesure, le gouvernement prétend avoir résolu le problème de tou.te.s les salarié.e.s.
Si, dans les conditions que nous vous avons rappelées, l’année blanche pourrait être une réponse adéquate aux intermittent.e.s du spectacle, elle ne concerne pas les autres intermittent.e.s de l’emploi.
Ce sont donc 2.3 millions de personnes qui ne disposent d’aucun dispositif d’aide, et qui désespèrent que l’on s’intéresse à elles.
Vos effets de manches (de chemise) ne trompent personne et ne suffiront pas ;
PAS QUAND LA SITUATION DE TOU.TE.S LES OUBLIÉ.E.S EST AUSSI DRAMATIQUE !
Vous ne faites qu’enflammer la colère de millions de travailleur.se.s en emploi discontinu. Nous faisons partie de ces travailleur.se.s. Nous avons les mêmes loyers à payer, la même incertitude quant à la reprise de nos activités,les mêmes bouches à nourrir, la même passion pour l’activité que nous exerçons. Nous ne vous avons pas demandé de sauver la créativité de notre pays, nous exigeons des mesures sociales claires et précises pour tou.te.s.
Pour le régime général, maintien des droits à l’assurance chômage jusqu’à la reprise totale des activités etneutralisation du décompte du capital de droits usés pendant la période de confinement
Ouverture immédiate et inconditionnelle de droits pour tou.te.s les exclu.e.s du système d’assurance chômage
Abrogation des 2 volets de la dernière réforme de l’assurance chômage rédigée par le seul ministère du travail
Vous avez souhaité une journée pour parler culture, grand bien vous fasse.Nous exigeons une journée pour parler intermittence de l’emploi et droits sociaux.
Vous nous demandez de nous réinventer, nous sommes prêt.e.s, dès demain, à réinventer notre système d’assurance chômage, nous avons des propositions pour que tou.te.s sans exception puissent en bénéficier.Car, plus que jamais, ce que nous défendons, nous le défendons pour toutes et tous.
Nous attendons des actes et pas des opérations de communication.
La Coordination Nationale des Intermittent.e.s et Précaires (CNIP)Le 7 mai 2020