« Nos Célèbres Inconnus » une série de dix vidéos historico-musicales de 5mn

« Nos Célèbres Inconnus » est une série de dix vidéos historico-musicales qui met en lumière des musiciens classiques d’outremer, souvent oubliés mais au destin extraordinaire. Réalisée pour le portail outremer de France Télévisions, la série a été conçue par Marie-Claude Bottius, une artiste lyrique passionnée par la redécouverte de talents ultramarins. Chaque épisode, d’une durée d’environ 5 minutes, présente un artiste ultramarin et explore son parcours exceptionnel dans le monde de la musique classique.

Pendant le confinement de 2020, Marie-Claude Bottius a redécouvert un trésor musical, un cycle de mélodies composées par Maïotte Almaby, une compositrice martiniquaise des années 1920. Ce moment a inspiré la création de la série, qui vise à faire revivre la mémoire de ces artistes ultramarins souvent méconnus.

La série couvre cinq femmes et cinq hommes originaires de différentes régions d’outremer : deux martiniquais, deux guadeloupéens, deux guyanais, deux réunionnais et deux polynésiens. Chaque épisode est une plongée dans l’histoire romanesque et singulière de l’artiste, soulignant son impact sur la grande histoire de la France.

Marie-Claude Bottius introduit chaque artiste en début d’épisode, et des spécialistes tels que Loïc Félix (artiste lyrique), Bertrand Dicale (journaliste et écrivain) et Sylvie Chalaye (historienne du théâtre et anthropologue) apportent leurs éclairages. Enfin, des musiciens et artistes contemporains interprètent des extraits des œuvres du musicien présenté, illustrant ainsi l’héritage musical de ces figures.

La série, réalisée par Guillaume Klein et produite par Marie-Pierre Bousquet d’Axe Sud, est soutenue par la Sacem et le CNC. Chaque épisode offre une perspective unique sur la contribution des artistes ultramarins à la musique classique, soulignant l’importance de reconnaître et de célébrer cet héritage culturel souvent mésestimé. La série peut être visionnée sur le portail outremer de France Télévisions à l’adresse suivante : lien vers la série.

Nos célèbres inconnus

Les artistes présentés

Maïotte Almaby
Martinique (1890 – 1939), chanteuse, pianiste et violoniste
De son vrai nom, Marie Eustasie Didier, Maïotte est née à Toulon le 29 mars 1890, de parents martiniquais. Premier prix de violon et de chant au conservatoire de Paris, elle rentre en Martinique, y devient professeur de musique, se marie, mais décide de retourner dans la capitale pour y mener une vraie carrière musicale.

Chanteuse, compositrice, et cheffe d’orchestre, elle écrit des oeuvres classiques, folkloriques et devient célèbre pour ses biguines très en vogue dans les années 30, notamment au Bal Blomet. Joséphine Baker interprète et enregistre même Madiana, son célèbre morceau en hommage à la Martinique. Elle décède en 1939 mais auparavant est célébrée par l’Opéra Garnier lors de son gala du tricentenaire en 1935.

Marius Cultier
Martinique (1942 – 1985), pianiste, compositeur
Ce pianiste et compositeur est né à Rivière Pilote en 1942. Il révèle très jeune son génie en remportant dès 1958 : Porto-Rico le Premier Prix du Piano International Contest pour son interprétation magistrale de Round Midnight (Thélonius Monk).
En 1967, il s’installe au Canada pendant 8 ans et collabore avec des artistes prestigieux comme Miles Davis.

Jules Fossy
La Réunion (1879 – 1966), auteur-compositeur, pianiste et chef d’orchestre
Voilà ce que Jules dit de lui-même dans son autobiographie : « né en 1879 à Saint-Denis de La Réunion, ma seule passion c’est la musique, détestant la politique. Cet art m’a été enseigné par le très cher frère Isaïe. Je fus appelé à faire partie de la Société Philharmonique comme clarinettiste, sous la direction de M. Jacob de Cordemoy…Depuis 1925, sous le majorat de M. Jean Chatel, j’étais chef de la fanfare municipale jusqu’en 1940. »

Georges Fourcade
La Réunion (1884 – 1962), chanteur, guitariste
D’abord employé dans un commerce, Georges Fourcade décide de prendre des cours de solfège avec Jules Fossy comme professeur. Ce dernier devient son ami et le compositeur de la presque totalité de son répertoire. Par la suite, il joue de la guitare, écrit des textes de chansons et enregistre des disques, notamment Le Barde créole, ainsi que Caiamb Et Sombrere. Georges Fourcade est le premier interprète réunionnais à graver sa voix sur 78 tours, par les firmes Odéon et Pathé. Remportant un certain succès à l’exposition Universelle de Paris en 1931, il devient alors le premier interprète réunionnais connu en France métropolitaine.

Josy Masse
Guyane (1937 – 2019), chanteuse
Du patrimoine musical qu’elle laisse à la Guyane, beaucoup retiennent sa chanson «Oyapock», véritable cri d’amour pour ce fleuve sur les rives duquel elle naît en 1937. Là, elle est bercée au rythme des musiques traditionnelles qui résonnent toujours en elle. Alors que ses parents veulent qu’elle devienne une chanteuse lyrique, Josy Masse reste fidèle au créole et revient souvent sur sa terre natale.

Germaine LubinGuyane (1890 – 1979), artiste lyrique

Germaine Lubin est née le 1er février 1890. Son père, pharmacien guyanais, lui enseigne le piano dès l’âge de six ans. À 18 ans, elle entre au conservatoire. Son timbre fait l’admiration de Gabriel Fauré. En 1912, elle obtient trois premiers prix et commence sa carrière à l’Opéra-Comique.
Sa voix de soprano dramatique et son superbe physique la destinent aux grands rôles wagnériens dans l’époque troublée de la première et de la seconde guerre mondiale. Elle vit une carrière internationale et enchaîne grands rôles et créations à l’opéra. Grande vedette, elle est ovationnée sur toutes les grandes scènes européennes et notamment à Bayreuth. Elle est même complimentée par Hitler à l’époque !

• la libération, elle est frappée d’indignité nationale et souffre de ses relations passées avec les Allemands. Jusqu’à sa mort à l’âge de 89 ans, elle enseigne, notamment à des artistes internationaux comme Régine Crespin et Udo Reinemann.

Robert Mavounzy
Guadeloupe (1917 – 1974), saxophoniste et clarinettiste
Né le 2 avril 1917, Robert Mavounzy est un saxophoniste français d’origine caribéenne qui s’est illustré dans le jazz et la musique antillaise et qui fut classé par la revue Jazz Hot premier saxophoniste de France, puis d’Europe.

Yves Roche
Polynésie (1929 – 2022), auteur-compositeur, pianiste et chef d’orchestre
Né le 2 janvier 1929, Yves Roche s’installe en Polynésie dans les années 50 et travaille à Radio Tahiti. L’auteur, compositeur écrit certaines des plus emblématiques mélodies de l’archipel. Il crée son label Manuiti en 1965 où au fil des ans, de nombreux artistes viennent enregistrer des chansons que, souvent, il a composées.

Esther Tefana
Polynésie (1948 – 2021), chanteuse
Née dans une famille de musiciens, Esther sera bercée, dès son plus jeune âge, par les envolées de l’accordéon de son papa, Ladis Tefana, dit « Papillon ».
Elle a rencontré Sammy Davis Jr, Line Renaud, Tom Jones… Esther Tefana, qui a partagé sa vie entre un amour total de la musique et la promotion du fenua, incarne l’une des plus belles voix de la belle époque.
La diva polynésienne aura voyagé partout dans le monde, offrant une magnifique image de Tahiti et des îles, une sensibilité et un charme que chacun gardera dans son cœur. Durant ses quarante ans de carrière, Esther Tefana réalise 27 albums.

Fernande de Virel
Guadeloupe (1881 – 1953), pianiste et violoniste
Née en 1881 à Sainte-Anne, Fernande de Virel est la fille de la grande chanteuse Marie de Virel. Après de brillantes études scolaires, elle entre au conservatoire de musique de Paris pour y étudier le piano et le violon. En 1902, elle obtient un premier prix de violon et un deuxième prix de piano et se destine au professorat. Elle rencontre maître Henri Jean-Louis-Baghio’o natif lui aussi de la commune de Sainte-Anne. Ils se marient et ont une petite fille, Cécile.
Assez rapidement, le domicile parisien se transforme en haut lieu de la musique et plus précisément de la musique traditionnelle des Antilles – Guyane. Professeure de musique, elle compose et crée les arrangements de nombreuses chansons de Saint-Pierre. Afin de stimuler sa fille dans cette tendance, Fernande lui compose deux chansons : Mamzelle Ka Ou Tini et Chocolat à la Doumite. Elle meurt en 1953 en nous laissant sa célèbre fille, Cécile, plus connue sous le nom de Moune de Rivel.v