— Par Jacky Dahomay—
Ainsi, le Préfet de Guadeloupe a décidé d’affréter un avion spécial pour expulser un certain nombre d’Haïtiens de notre territoire. Quelle est l’urgence ? Quel est le danger ?
En vérité, il ne fait qu’appliquer le durcissement de la politique macroniste concernant l’immigration. Si on peut admettre que tout État doit pouvoir contrôler ses frontières notamment concernant le banditisme et le terrorisme, tous les immigrés ne sont pas des délinquants en puissance. Le durcissement du gouvernement macron concernant l’immigration est l’option politique de se rapprocher des idées d’exxtrême droite, tendant à dominer en France. En effet, le vocabulaire de l’extrême droite et du RN en particulier, a envahi l’ensemble du champ médiatique et politique français. On utilise comme allant de soi les expressions telles que « identité nationale » (qui apparaît pour la première fois avec Jean-Marie Le Pen). Ou encore le « communautarisme », l’ensauvagement », le « séparatisme ».
La problématique de l’identité propre à l’extrême droite n’est pas du tout celle d’une tradition authentiquement républicaine. Pour cette dernière, la nation est volonté, la nation est contrat et ne peut se réduire à l’identité culturelle, fût-elle majoritaire. Il faut donc distinguer entre intégration républicaine et assimilation culturelle.
Pour l’extrême droite, la nation, selon une longue tradition antirépublicaine issue de Barès, de Josph de Maistre puis de Maurras, est nation- ethnique et ainsi on a du mal à admettre la diversité culturelle. En ce sens, la France a du mal à reconnaître sa diversité culturelle (qu’elle vit comme une menace) c’est-à-dire sa réelle créolisation et ainsi a triomphé notamment avec Zemmour une conception de la nation comme un « Nous » s’opposant à un « Eux » posé comme ennemi. Hier ce fut le Juif, aujourd’hui c’est l’émmigré, Noir ou Arabe.
C’est donc dans un tel contexte politique dominant l’opinion et la politique gouvernementale en France, que le Préfet de Guadeloupe prend une telle décision d’expulsion. Or, pour nous Créoles, les Haïtiens ne sont pas nos ennemis mais nos frères. Issus du même bateau en quelque sorte. L’émigré haïtien sur notre sol ne réprésente aucun danger, ne développe ni délinquance ni terrorisme.
Non, nous n’oublions pas qu’Haïti est le premier pays, comme l’a dit Césaire, où la négritude se mit debout. Nous n’oublions pas que c’est où, dans l’hsitoire de l’humanité, c’est la première fois qu’a réussi une révolution anti-esclavagiste. Nous n’oublions pas Toussaint, Dessalines , Christophe et bien d’autres. Nous n’oublions pas que les Noirs, dans toute l’Amérique, au Nord, au Sud et dans toute la Caraïbe rêvaient de fuir l’esclavage et de réfugier en Haïti qui demeura un symbole pour beaucoup de Noirs.
La France, pays dit des Droits de l’homme, ne doit pas oublier qu’elle a imposé à Haïti une dette, censée réparer la libération de l’esclavage, que le pays de Toussaint à du payer jusque sous la IV° République. Un véritable scandale.
Si domine dans le monde un système néolibéral qui permet la circulation des marchandises et de la finance, nous n’oublierons jamais que les Haïtiens sont nos frères, comme tous ces peuples qui luttent sur la planète contre les dominations de toutes sortes.
En toute fraternité, soyons tous présents samedi Place de la Victoire.
Jacky Dahomay