— Les n° 282 & 283 (spécial Pérou) de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
3100 personnes dans les rues de Fort-de-France, dixit la police. 3500, selon Martinique La 1ère. Pas de chiffre officiel des organisations. Des estimations individuelles toujours plus fortes, mais pas toujours basées sur des techniques adéquates ! Une certitude partagée en tout cas : la mobilisation a été forte, malgré une préparation faite syndicat par syndicat, sans réelle intersyndicale.
Le rejet de la « réforme » Macron est total dans l’opinion, comme l’est le refus du non–lieu dans l’affaire du chlordécone. Une banderole très remarquée de Lyannaj Pou Dépolyé Matinik faisait d’ailleurs le lien : « Retraite /Chlordécone : même mépris ! », proclamait–elle avec raison.
Ce rejet vient de loin. C’est l’exigence d’une fin de vie décente pour tous et toutes, puisque la société a les moyens de l’assurer. Il suffit pour cela, que les richesses produites ne finissent pas principalement dans les poches des actionnaires du grand capital. Celui-ci grossit des ponctions répétées, et chaque jour plus insolentes, sur les ressources potentielles de la Sécu.
L’argumentation du pouvoir a échoué à convaincre. C’est pour cela que plus de deux millions de personnes ont manifesté en France. Ce qui est un bon début. Le lancement du prochain grand rendez–vous au 31 janvier 2023 est évidemment tardif et peu mobilisateur.
Mais des initiatives seront prises avant, en France comme chez nous. Les organisations syndicales de Martinique ont enfin décidé de se voir et appellent à un rendez–vous public lundi 23 janvier à 18h à la maison des syndicats. Il faut y répondre positivement.
Ne nous cachons pas l’existence de différences d’appréciation au sein du mouvement ouvrier, entre celles et ceux qui ne veulent croiser le fer que sur la retraite, et d’autres, dont nous sommes, qui soulignent le lien très fort entre les questions de retraites, d’emploi, de pouvoir d’achat, d’attribution des ressources soit au capital, soit au bien public. Bien entendu, il serait naïf de croire qu’une orientation stratégique ou tactique peut être imposée face à une autre. Il serait contre-productif de le tenter.
Mais les réflexions sur l’opportunité ou pas de lier les combats, ne doivent pas empêcher de parler, de débattre, et de « frapper ensemble » sur ce qui unit, sans renoncer à la ligne juste de la convergence des luttes.
C’est de « frapper ensemble » en poursuivant la confrontation d’idées qu’il s’agit, et c’est sur cela que la population jugera et agira en dernière instance.
Annou Doubout ! Annou mobilizé!
Conciergerie-Service / SIMAR /CDC : un conflit aux enjeux importants
Depuis des mois, les salariés de Conciergerie–services se mobilisent pour voir clair dans le jeu de deux entreprises : la leur, qui effectuait les tâches de conciergerie pour la Simar, et cette dernière, qui a décidé de reprendre le marché.
En règle générale, les transférés gagneraient au change puisqu’ils garderaient leurs acquis, en bénéficiant des avantages en vigueur dans la nouvelle structure.
Dans le cas présent, Conciergerie–Services (CS) assigne la Simar en justice pour obtenir le transfert des salariés, et donc ne pas avoir d’indemnités de licenciement à payer. La Simar refuse cette marche à suivre, et tient à imposer de nouveaux contrats individuels.
Ces contrats se feraient avec une ancienneté réduite de moitié, et une augmentation drastique des tâches de nettoyage aux dépends des autres tâches de conciergerie. Ajoutez-y, une perte d’avantage en termes de logement ! Tout laisse à penser que, derrière ces modifications, se trouve le groupe CDC-Habitat, filiale immobilière de la caisse des dépôts et consignation (CDC), qui a fait main basse sur une Simar rentable jusque–là.
La perte d’un petit pouvoir local s’accompagnerait donc, si on laisse faire, d’une régression mécontentant la totalité des salariés de CS, mais aussi des salariés de la Simar elle-même. De plus, les salariés de l’entreprise de nettoyage (clean building) intervenant aujourd’hui dans les tâches de propreté de la Simar, ne savent rien du sort qui leur est réservé.
Il se trouve que la CTM et les municipalités sont directement concernées du fait de leurs relations contractuelles avec la Simar.
Les salariés de CS qui ont dû se battre, pour connaître le détail des tractations entre leur entreprise et la Simar, frappent à toutes les portes, pour faire entendre leurs exigences les plus élémentaires.
Leurs intérêts coïncident avec ceux de la majorité de la population, locataires en premier lieu, bien sûr. En grand nombre dans la manifestation du 19 janvier, ces camarades ont besoin de la solidarité populaire.
CES GENS SE GAVENT PENDANT LA CRISE
Le quotidien français Libération du 16 janvier 2023, cite une étude du cabinet Proxinvest.
Le revenu moyen en 2022, des présidents exécutifs des entreprises du CAC 40, a atteint 7,9 millions d’euros. Ils ont donc encaissé 59% de plus entre 2022 et 2019, soit pour chaque membre de ce petit monde, un gain de 389 SMIC annuels.
Ces trois années citées, étaient celles de la crise Covid.
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Le n° 283 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S.
Pérou : Appel de l’organisation Súmate al Nuevo Perú
Dans les régions de Costa, Sierra et Selva, la grève est totale pour la démission de Dina Boluarte. La lutte continue !
Le Pérou s’est arrêté durant la grève nationale contre la dictature de Dina Boluarte.
Sans aucun doute, la grève nationale de jeudi dernier 19 a été une démonstration politique puissante, massive, énergique et combative au niveau national, de rejet et de condamnation du régime dictatorial de Dina Boluarte, de son cabinet ministériel, du Congrès mafieux et de l’escalade répressive et meurtrière qui a coûté la vie à plus de cinquante compatriotes, meurtres qui ne doivent pas rester impunis.
L’état d’urgence, dont Boluarte entendait qu’il immobiliserait et ferait taire les cris de refus et l’indignation de 71% de la population, n’a pas atteint son objectif. Des millions d’entre nous sont descendus dans la rue et le mouvement reste ferme, malgré les arrestations, le « terruqueo » [qui consiste à assimiler tout manifestant à un terroriste], l’utilisation indiscriminée des forces policières et militaires qui, hier encore, ont fait de nouvelles victimes ; malgré cela, le mouvement s’étend à l’échelle nationale, il se renforce parce que nous agissons avec la conviction que ce sont nous qui les avons mis au gouvernement, et que maintenant, nous avons tous les droits et toutes les raisons, pour exiger qu’ils partent tous.
Si Dina Boluarte, la droite réactionnaire et leurs députés l’avaient compris, rien de ce qui se passe actuellement n’arriverait, et la sortie de crise serait sur la bonne voie, mais malheureusement ce n’est pas le cas, car les puissants intérêts politiques et économiques de la droite sont en jeu :
C’est le contrôle de l’État, la défense du système qu’ils sentent menacés, c’est la défense de leurs entreprises, de leurs privilèges, C’est pourquoi ils résistent au changement, et c’est aussi pourquoi le peuple démontre tant de fermeté, d’unité et de maturité dans la lutte pour les changements structurels. Ces changements structurels pour lesquels nous avons voté lors des dernières élections, et dont aujourd’hui nous réaffirmons l’exigence dans la lutte directe dans la rue et pour lesquels nous devons consolider l’unité et continuer la bataille.
Nous saluons l’effort et la conviction des camarades venus de différentes régions du pays qui ont été arbitrairement détenus, réprimés aux points de contrôle de la police avec l’intention d’empêcher leur arrivée dans la ville de Lima, mais qui, surmontant toutes les difficultés, étaient finalement présents, ont pris leur place dans nos rangs, formant la marée humaine qui a rempli et fait vibrer les places, les rues, les quartiers résidentiels de notre capitale, en scandant ensemble les mots d’ordre de « Dehors Dina Boluarte ! … Fermeture du Congrès !… Élections immédiates !… Assemblée constituante ! » C’est l’unité, la fraternité et la solidarité qui définiront le cours politique du pays.
Ce n’est donc pas l’envoi d’une armée de policiers, ni la militarisation du pays pour massacrer le peuple, ni la déclaration de l’état d’urgence, ni le couvre-feu, comme le réclament les héritiers du Fujimontesinisme [de l’ex dictateur Alberto Fujimori et Valdimiro Montesino, son conseiller et chef du service secret]. La solution, Mme Dina, c’est votre démission et la prise en compte immédiate des demandes que des millions de Péruviens réclament au niveau national. L’opinion publique internationale : gouvernements et organisations civiles et démocratiques, expriment leur solidarité avec le peuple péruvien et exigent que le massacre cesse et que la démocratie et le respect des droits de l’homme soient rétablis.
Cependant, hier soir, dans un message à la nation, Mme Dina, hautaine et menaçante, a réaffirmé qu’elle continuera dans la position qu’elle a usurpée, et a annoncé qu’elle va réprimer avec plus de force, en s’appuyant sur le seul soutien dont elle dispose : la police, les forces armées et ce qui est encore plus grave, une lettre circule sur les réseaux dans laquelle elle demande au Congrès d’autoriser l’entrée de forces armées étrangères, avec des armes de guerre, sur le territoire national. C’est tout simplement trahir le pays, un fait que nous dénonçons et rejetons fermement et que le peuple ne permettra pas. Où sont vos appels au dialogue ? Où est la paix, l’ordre dont vous vous réclamez?
Depuis Súmate – Nuevo Perú, avec le peuple, nous rejetons toutes les mesures répressives et nous réaffirmons que nous continuerons dans ce processus de lutte historique et sans précédent, supérieur à la « Marche des 4 Suyos » qui a mis fin à la dictature de Fujimori en 2000. Aujourd’hui, une nouvelle étape de la lutte politique s’ouvre. La conscience populaire de milliers de personnes n’accepte ni les dictatures, ni l’autoritarisme, ni les bricolages répétés d’un modèle économique qui n’a fait qu’engraisser les portefeuilles des groupes au pouvoir,. Nous voulons des changements fondamentaux en faveur des majorités oubliées par les gouvernements en place, pour cela, l’acceptation d’une Assemblée constituante libre et souveraine pour enterrer définitivement la Constitution de 1993 et reconstruire le pays sur de nouvelles bases se développe.
Cette lutte n’est pas terminée, la force et la conviction du peuple sont intactes. Nous avons besoin de la plus grande unité d’action dans les rues, une plus grande centralisation et direction est urgente, profitons de la présence à Lima de milliers de frères et sœurs des régions pour nous organiser et tenir une grande assemblée générale avec des mécanismes démocratiques et représentatifs, pour construire un organe centralisateur, pour discuter et approuver un plan de lutte jusqu’à ce que nous renversions l’usurpatrice et assassine Dina Boluarte. Que les centrales syndicales mettent tout leur appareil au service de cette assemblée.
DINA HORS DE LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE
NON A LA MILITARISATION DU PAYS
REJET TOTAL ET ÉNERGIQUE DE LA PRÉSENCE DE TROUPES ÉTRANGÈRES
STOP A LA RÉPRESSION ET AUX MEURTRES
ÉLECTIONS GÉNÉRALES, ASSEMBLÉE CONSTITUANTE.
LIMA, 20 Janvier 2023.