Des niveaux de vie et un taux de pauvreté stables malgré une inflation élevée
En 2022, le niveau de vie annuel médian(1) des personnes vivant dans un logement ordinaire en France métropolitaine s’est maintenu à 24 330 euros, restant quasiment stable par rapport à l’année précédente (-0,1%). Les écarts de niveau de vie entre les ménages les plus modestes et les plus aisés ont également peu varié, ce qui a conduit les indicateurs d’inégalités à rester proches de ceux de 2021, des niveaux parmi les plus élevés observés depuis 1996.
Cette année a été marquée par une forte inflation (+5,2%), poussant le gouvernement à mettre en place divers dispositifs pour protéger le pouvoir d’achat des ménages, comme l’indemnité inflation et le plafonnement de la hausse des loyers à 3,5%. Bien que ces mesures aient permis une très légère augmentation du niveau de vie des ménages (+0,3%), l’arrêt des aides destinées à compenser les interruptions d’activité dues à la crise sanitaire, ainsi que la réduction des aides au logement, ont pesé lourdement sur les ménages les plus modestes.
En conséquence, 9,1 millions de personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté(2) monétaire en 2022, fixé à 1 216 euros par mois pour une personne seule, soit 14,4% de la population. Ce taux de pauvreté reste élevé et quasi stable par rapport à 2021. Cependant, l’intensité de la pauvreté, mesurée par l’écart entre le niveau de vie médian des personnes pauvres et le seuil de pauvreté, a légèrement diminué en 2022.
Le taux de privation matérielle et sociale a augmenté pour atteindre 13,1% début 2023, contre 12,9% début 2022. Ce taux reflète le renoncement des ménages à certains biens ou services essentiels, tels que la possession de deux paires de chaussures en bon état, le chauffage adéquat, la consommation de viande ou de poisson tous les deux jours, ou la possibilité de partir en vacances une semaine par an. Si un ménage cumule au moins cinq de ces renoncements parmi une liste de 13 éléments, il est considéré comme étant en situation de privation matérielle et sociale, autrement dit « pauvre en conditions de vie ».
Bien que la part des ménages incapables de payer leur loyer à temps ait diminué à 9,4% début 2023 (-2,2 points par rapport à début 2022), les difficultés pour régler les factures d’électricité, de gaz ou d’eau se sont accrues, touchant 7% des Français contre 6,6% l’année précédente. Les employés, les ouvriers, les familles monoparentales et les familles nombreuses figurent parmi les profils les plus exposés à ces privations.
Selon Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, « il faut des aides pour que les gens se chauffent et mangent ». Il insiste sur le fait que, bien que les mesures gouvernementales aient permis de stabiliser le taux de pauvreté, « la casse est toujours là ». Le maintien du taux de pauvreté au-delà de la barre des 9 millions de personnes reste une situation préoccupante.
(1)La médiane du revenu disponible correspond au niveau au-dessous duquel se situent 50 % de ces revenus. C’est de manière équivalente le niveau au-dessus duquel se situent 50 % des revenus. Le revenu disponible est le revenu à la disposition du ménage pour consommer et épargner.
(2)Le seuil de pauvreté est fixé par convention à 60 % du niveau de vie médian de la population. Il correspond à un revenu disponible de 1 158 euros par mois pour une personne vivant seule et de 2 432 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans.