—Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
Du calme, de la peinture, du coton ou du lin. Point de départ d’une écriture picturale obéissant à des signes par lesquels est transmise l’identité des choses.
Mais aussi manuel de tradition où l’objet peint s’exhale, entre autres dans le désir d’offrir aux motifs saisis de traces d’éternité, une réalité plus belle, au -delà de leur vivacité. Nikol peint des fruits, des bambous, des fleurs tropicales, des fruits à pain, des cocos germés, toute l’exubérance de la végétation locale, et la luxuriante déclinaison florescente de notre Martinique dans son intimité, avec une véritable acuité de bon aloi, dénuée de prétention, jamais pédante. Nikol n’est pas dans la profusion forcenée du trait de l’artiste qui se pense irréductible, elle se borne à révéler l’essentiel dans un minimalisme éloquent et assumé à l’identique: son amour de la nature et de l’art confondus. Les différentes œuvres de l’exposition proposent de façon multiple une pause, un ralentissement du regard, ralentissement du temps de la création, un rapport à l’origine. Un temps de réflexion, un arrêt sur image. C’est la naissance d’une atmosphère mais c’est autant une manière de parler, de transmission et de mémoire, de génération en génération, qui se préoccupe des valeurs authentiques et documentaires, d’une pureté traditionnelle protégée de toute contamination spectaculaire. Une trace indélébile dans notre quotidien. Son œuvre nous plonge au cœur de cette création riche de par son authenticité, et porteuse de sens.
Tel un oiseau voyageur un jour depuis nani- nannan, dans un temps fort reculé, cette voyageuse a tissé son nid sur l’ile et la voici martiniquaise dans l’âme. Dans son coin de verdure à l’Anse à l’âne, elle n’a pour vis à vis qu’une nature libre et verdoyante qui participe au processus de création ,à l’abri des mornes et bornée par la mer ; un atelier d’artiste qui fleure bon l’imagination, un profond sentiment de joie et tout le visible d’un travail autodidacte passionné.
« Ca pousse ça fleurit sur mes tissus »
Chaque peinture constitue une nouvelle histoire, même si l’idée de reproduction s’installe d’emblée. Une théorie de la peinture comme espace et dans l’espace s’avère indispensable pour comprendre les formes comme des partis pris, des paris esthétiques qui divulguent sa sphère artistique. Nikol a fait le choix d’une dimension décorative et fonctionnelle : la décoration d’intérieur, les tableaux suspendus à une barre transversale, du plus pur effet kakémono, accessoires et linge de maison sont les supports utilisés. Ces configurations d’exécution, livrées ici de manière quasi canonique impliquent des formes et des logiques de présentation et d’agencements scéniques qui participent également à une certaine idée de la peinture et marquent les contours de l’objet pictural comme programme à faire soi-même. Elle est actrice d’un bout à l’autre de la chaine de sa production. Elle crée, dessine coud et pique ses supports qu’ils soient tabliers, sac à pain, coussins, nappes, chemins de table, sacs pour un rendu du meilleur effet. Les motifs décrochés volontairement, comme flottants, dissociés, uniques sur la toile, volontairement dépouillés, aux tonalités grisées ou blanches. L’artiste exerce sa séduction esthétique dans des couleurs placées judicieusement en camaïeux de verts délicats, comme celui de ses yeux, rehaussés de jaune et de blanc, mettant en valeur l’élément central. Les ombres sont bien portées, les couleurs des feuilles en particulier sont d’un réalisme bluffant et une impression japonisante, telle une esquisse spontanée marquée d’exotisme se rappelle à nos sens quand on se laisse surprendre à rêver au bruissement des feuilles des arbres dans nos vents alizés qui semblent par instants sourdre de ses bambous dans un style définitivement réaliste, figuratif épuré ou nu, d’où perce une éloquente et charmante sobriété.
Christian Antourel
Ysa de Saint-Auret
Informations
Contact : 06.96.95.51.77.
EN EXPOSITION AU CENTRE COMMERCIAL « LA GALLERIA»
Du 16 au 24 décembre 2011.