Ni en emploi, ni en études, ni en formation : un jeune sur quatre concerné en Martinique

— Par le Conseil Économique, Social, Environnemental, de la Culture et de l’Éducation de Martinique (Césecém) —
En Martinique, 1 jeune sur 4 est NEET (ni en emploi, ni en études, ni en formation).
En moyenne , entre 2015 et 2019, en Martinique, 26% des jeunes de 15 à 29 ans, soit au total environ 14 400 personnes, ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) soit en proportion deux fois plus qu’en France continentale.

Déjà, pour l’ensemble des jeunes (15 à 29 ans), la différence d’accès à l’emploi avec l’Hexagone est beaucoup plus importante : seuls 27% d’entre eux sont en emploi en Martinique contre 49% en France métropolitaine (ce faible taux d’emploi pouvant en partie s’expliquer par le fait que la moitié d’entre eux n’ont pas encore achevé leur formation initiale).

Comme dans l’ensemble de la France, l’absence de diplôme est un frein à l’insertion sur le marché de l’emploi : seuls 36% des Martiniquais non diplômés ont un emploi. En Martinique, 42% des personnes de 15 à 64 ans n’ont pas de diplôme dépassant le brevet des collèges, contre seulement 26% en France continentale.

Parmi les NEET âgés de 15 à 29 ans, la moitié sont en situation de chômage. Leur recherche d’emploi se caractérise par des démarches actives incluant l’étude des annonces d’offres d’emploi, des demandes à l’entourage, ou encore la prise de contact avec Pôle emploi.

L’autre moitié des jeunes NEET est constituée d’inactifs hors études et formation présentant des caractéristiques variées. 28,9% des NEET se retrouvent à la frontière de l’inactivité et du chômage (halo autour du chômage). La plupart d’entre eux (24,9% des NEET) souhaitent un emploi mais ne réalisent pas de démarches actives qu’ils soient disponibles ou non.

Enfin 20,3% d’entre eux sont plus éloignés de l’emploi ; ils déclarent ne pas souhaiter travailler (pour s’occuper d’enfants, cas de beaucoup de jeunes femmes, pour des problèmes de santé, etc.).

Un jeune NEET sur deux est peu diplômé et cohabite avec son ou ses parents.

Mais surtout, 3% de ces jeunes, soit plus de 400 personnes, essentiellement des hommes, sont totalement exclus socialement et professionnellement et vivent donc en marge de la société, hors d’un logement ordinaire et très éloignés du marché du travail.

Le fait de vivre hors du cadre familial traditionnel les éloigne, voire les écarte, de la formation et de l’emploi (la quasi-totalité d’entre eux se déclarent inactifs). De plus, un sur deux d’entre eux est sorti précocement du système éducatif, c’est-à-dire sans diplôme ou diplômé seulement du brevet des collèges.

De nombreux dispositifs institutionnels ou associatifs existent en Martinique pour accompagner ces jeunes vers l’insertion (les missions locales, le RSMA, l’école de la deuxième chance) et/ou leur proposer des contrats adaptés.

Le travail au noir, communément appelé « djob », jouait dans les années 80-90 un rôle de soupape sociale en permettant à de nombreuses personnes, principalement des hommes, jeunes ou moins jeunes, de gagner leur vie au jour le jour. Cependant, ce « travail » était dépourvu de couverture sociale et entrait souvent en concurrence avec les artisans ou TPE qui s’acquittaient de leurs charges.

La lutte contre le travail illégal a eu comme effet collatéral de laisser de nombreux jeunes (ou moins jeunes) en marge, malgré les dispositifs d’accompagnement mis en place. Ces personnes se tournent aujourd’hui vers d’autres expédients potentiellement plus préjudiciables pour la société que le « djob ».

Il est aujourd’hui primordial de tout mettre en œuvre pour sortir ces jeunes « ni en emploi, ni en études, ni en formation » de la situation de désespérance dans laquelle ils se trouvent, et qui pourrait les conduire à des comportements aux conséquences néfastes, non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour l’ensemble de la société martiniquaise.

Notes et références
NEET : « ni en emploi, ni en études, ni en formation » ou encore « Not in Education, Employment or Training» (NEET) selon l’acronyme anglais
La plupart des chiffres et des constats qui ont nourri ce document émanent de l’INSEE (Insee Analyses Martinique N°62 du 30/03/2023)

Source : https://new.express.adobe.com/webpage/YoHf9uKXxgOlq