— Par Michèle Bigot —
Cette création de David Geselson repose sur une synthèse des recherches sur Néandertal, auxquelles la lecture de l’ADN a donné un nouveau souffle.La question qui hante tous les esprits est de savoir s’il existe une filiation directe entre Néandertal et Homo sapiens. Les résultats de ces programmes montreront que l’on a affaire à deux espèces humaines différentes et qu’il y a eu du métissage entre les deux espèces sur quoi débouche l’homme moderne.
Pourtant ce qui intéresse David Geselson c’est la série d’interférences et de croisements qui se sont opérés entre l’histoire de la recherche et l’histoire politique d’une part , et de l’autre entre la vie des chercheurs et leur recherche. Ces interférences, il en trouve témoignage grace à la biographie du prix Nobel Svante Pääbo, et des vies de Rosalind Franklin, Gregor Mendel Craig Venter et Maja Paunovic. Voilà une démarche d’écriture que le metteur en scène avait déjà éprouvée avec Doreen , adapté à la scène d’après la « Lettre à D. » d’andré Gorz (2017).
Ces croisements sont un matériau parfaitement idoine pour la dramaturgie. Ils fournissent suspens, rebondissements, coups de théâtre. Ils donnent au matériau narratif une dimension historique qui concerne le plus grand nombre. Ici, la recherche évolue en parallèle avec le conflit israelo palestinien, elle s’alimente de l’espoir de paix et connaît un coup de frein brutal à la mort d’Yitzhak Rabin. L’histoire furnit aussi l’effet de clôture nécessaire à la composition: le fait historique s’imposera de façon indiscutable lors du dénouement ultime de la recherche, laissant loin derrière lui les conflits de personnes, les amaurs, les jalousies, les abandons et la maladie.
Tout irait donc pour le mieux n’était la dimension du plateau de la salle de Vedène qui n’est pas faite pour un drame somme toute plutôt intimiste, où les dialogues, les conflits et l’ensemble de l’expression des personnages sont vus de si loin qu’ils se désincarnent. L’émotion se noie, en dépit des efforts fournis par la scénographie qui a bien senti la difficulté et tente de la pallier au moyen de la vidéo et à l’aide de praticables certes spectaculaires mais qui n’arrangent rien. Au contraire, ils risquent de souligner le problème en tentant d’y remédier. La dimension proprement humaine et sensible est perdue. Il reste l’avanture scientifique, qui seule surnage dans ce naufrage.
L’autre scène du grand Avignon
festival d’Avignon 2023
Michèle Bigot
Jérémie Arcache Musique
Rosemonde Arrambourg Assistant(e) lumières
Florence Demingeon Assistant(e) costumes
Orane Duclos Assistant(e) son
Jérémie Gaston Raoul Régie vidéo
Aurélien Hamard-Padis Assistant(e) à la mise en scène
Nicolas Hénault Régie plateau
Loïc Le Roux Création son
Jade Maignan Assistant(e) à la mise en scène
Benjamin Moreau Création costumes
Lisa Navarro Scénographie
Juliette Navis Regard extérieur
Margaux Nessi Assistant(e) à la scénographie
Jérémie Papin Création lumières
Quentin Rioual Assistant dramaturgie
Jérémie Scheidler Création vidéo
Sylvain Tardy Régie générale