Tribune
— Par Yvon Joseph-Henri —
France-Antilles du 24 mars 2021 titre sur le SNETAA-FO par le discours suivant : « Le Snetaa-Fo s’insurge contre la politique du rectorat, qui recrute des contractuels dans plusieurs disciplines déficitaires, alors que des stagiaires néo-titulaires sont mutés dans l’Hexagone. »
Le SNETAA-FO fait mieux que le gouvernement et son attestation de sortie ! Si des disciplines sont déficitaires, cela signifie qu’elles ne peuvent être couvertes par des enseignants de ces disciplines et que les élèves ne seront pas formés. On peut imaginer que le journaliste de France-Antilles se soient fourvoyé mais connaissant parfaitement le professionnalisme de J.-M. ATSE pour l’avoir côtoyé pendant plus de 10 ans, je doute que l’erreur vienne de lui.
Ensuite, notre ami Présent fait semblant d’oublier qu’il fallait faire plus d’enfants pour conserver nos néo-titulaires en Martinique. Il sait pertinemment que nous manquons de places d’enseignants parce que nous n’avons plus guère d’élèves d’une part ; et d’autre part parce que les professeurs vieillissants prolongent le plus possible leur vie active faute de prime de vie chère à la retraite. On n’entend d’ailleurs plus les syndicats de la fonction publique enseignante qui se sont battus, il y a bien longtemps, pour cette prime réclamée par leurs collègues métropolitains auxquels on avait fini par leur accorder créant une rupture d’égalité avec les enseignants martiniquais. On pourrait aussi rappeler l’inertie de nos élus contrairement à ceux de la Réunion qui ont obtenus pour nos collègues réunionnais 50 % de vie chère intégrée dans la pension de retraite. Faut-il remarquer que cet argent retourne au pays du fait des dépenses des retraités dont la pension de base fond comme neige au soleil du fait du nombre de médicaments qui ne sont plus remboursés et qui, pourtant, sont nécessaires !
Aujourd’hui et plus que jamais, lorsque nos camarades contractuels passent le concours de certifié ou d’agrégé de l’Éducation Nationale, et qu’ils sont admis, ils le sont généralement sur des postes à venir en Martinique, et donc forment une sorte de réserve du futur affectée provisoirement sur les postes de nos collègues métropolitains. Imaginons que ces derniers se rebellent ! Où iraient nos néo-titulaires ? Sans compter, que découvrir d’autres pratiques ou d’autres modes de vie sont salutaires pour des enseignants. Après tout, le faible niveau réel de nos élèves ne peut être attribués à ceux-là seuls que nous formons, nous y avons aussi sans a0ucun doute une bonne part. Retroussons donc nos manches, ne réveillons pas le diable et faisons-en sorte que la Martinique progresse avec ses élèves.
Surtout, se garder comme le réclament certains candidats, de doter la Martinique de concours locaux d’enseignement ! Outre le fait que je sais combien mes collègues y sont opposés, mais de surcroît, nous savons à quel point nous ne nous sommes pas débarrassés de cette mauvaise habitude de passe-droits : ce sera le meilleur moyen de couler notre enseignement secondaire après avoir contribué à faire imploser l’université. Et puis, n’est pas syndicaliste qui veut !
Yvon JOSEPH-HENRI
Professeur retraité du lycée Schoelcher
Ancien secrétaire syndical du lycée Schoelcher et du second degré de l’Académie de Martinique
Ancien secrétaire syndical de la Fédération FSU – primaire, second degré, université –
Membre fondateur de Sauver-les-Lettres (sauv.net)
Président d’associations (Consommateurs et Citoyens de la Caraïbe, CaribbeanStudies)