— Communiqué par Gilbert Pago —
C’est une grande victoire judiciaire, Mumia Abu Jamal peut interjeter appel. La Cour suprême de Pennsylvanie avait toujours rejeté cette possibilité. Seulement cela signifie que la demande qui sera examinée n’ouvre pas automatiquement droit à un nouveau procès. Procès qui lui permettrait de défendre son innocence depuis sa condamnation à mort en 1982 et le drame de décembre 1981.
En décembre 2018, le juge Léon Tucker l’autorisait à faire appel de sa condamnation en raison des implications de Ronald Castille, d’abord comme procureur adjoint puis comme premier juge à la Cour suprême de Pennsylvanie. Une pratique désormais interdite par une nouvelle jurisprudence de la Cour suprême des États-Unis … Ce qui n’empêcha pas quelques semaines plus tard le procureur de Philadelphie, Larry Krasner, de contester la décision du magistrat, prétextant sa crainte de voir se multiplier les recours d’autres prisonniers condamnés à mort se trouvant dans la même situation que Mumia. Il est toutefois revenu sur sa décision en retirant son appel face aux critiques de plus en plus nombreuses et à la fermeté du juge Léon Tucker, ce dernier réaffirmant que la justice de Pennsylvanie aurait tout intérêt à regagner la confiance des justiciables entachée notamment par l’emblématique affaire Abu-Jamal.
Nul doute que cette évolution judiciaire est à mettre au crédit de la mobilisation particulièrement active ces dernières semaines aux États-Unis, portant l’exigence d’une justice réparatrice de ses décisions inhumaines et discriminatoires dans un contexte où la peine de mort perd du terrain, tant en nombre de condamnations et d’exécutions, que d’Etats américains qui s’engagent sur la voie de l’abolition à l’exemple de la Californie en ce début d’année ou encore plus récemment au New Hampshire.
La presse américaine, le plus souvent défenderesse de l’ordre judiciaire, semble cette fois infléchir sa réflexion, tout le moins d’être moins fixiste.
Malgré les éternels rebondissements, l’affaire Mumia en 37 ans de prison dans le camp de la mort, ouvre la possibilité de défendre l’innocence et d’envisager la libération de ce militant afro-américain. Soutenons la mobilisation internationale ! Ne baissons pas la garde ! Vigilance et solidarité sous toutes leurs formes restent donc de mise !