Résistant, déporté, Armand Gatti a été tour à tour et tout à la fois journaliste, écrivain, cinéaste, poète, dramaturge et metteur en scène. Grand intellectuel engagé, il a rencontré Malraux, Mao, Castro, Leiris, Che Guevara ou Michaux et baroudeur, il a sillonné le monde, de l’Algérie à la Chine et à l’Amérique latine. Le théâtre a été son refuge. Il est mort à 93 ans à Saint-Mandé.
Armand Gatti, né en 1924, est un fils d’immigrés italiens installés à Monaco pour fuir le régime de Mussolini. Son père est balayeur et anarchiste, sa mère, femme de ménage. C’est au bidonville du Tonkin de Monaco qu’il passe son enfance.
Résistant et journaliste
Alors qu’il suit ses études au séminaire Saint-Paul à Cannes, Armand Gatti s’engage dès l’âge de 15 ans dans la résistance : maquisard, arrêté, il est condamné à mort, évadé, engagé dans les parachutistes du Special Air Service, arrêté à nouveau, puis déporté.
Après la guerre Gatti devient journaliste et se fait une place comme grand reporter. Célèbres seront ses rencontres avec des figures contrales de la culture comme Michaux, Deleuze, Tournier, Kateb Yacine, Chris Marker, Malraux, et de la politique internationale : Mao et Che Guevara par exemple. Armand Gatti obtient le prix Albert-Londres en 1954, consécration pour les journalistes.
Le théâtre pour tous
Il se tourne vers le théâtre dès le milieu des années 1950. Toutes les rencontres à travers le monde commencées pendant la carrière de journaliste vont profondément influencer son œuvre. « Mes personnages, ce sont mes morts », dit Armand Gatti. Son oeuvre théâtrale aux accents révolutionnaires fait en effet appel à tous ces personnages et ces destins rencontrés au cours de ses vies multiples, depuis son enfance sur la Côte d’azur, jusqu’à des temps récents en passant par la forêt de Beyrberolle.
Moment marquant : en 1959 Jean Vilar, grande référence du théâtre qu’il admire, crée sa pièce « Le Crapaud-Buffle ». Parmi ses autres oeuvres, « La Deuxième Existence du camp de Tatemberg », « L’Enfant rat », « La Vie imaginaire de l’éboueur Auguste », « La Passion du général Franco » qui sera interdite en 1968, « V comme Vietnam », « Petit manuel de guérilla urbaine ». Des pièces militantes souvent provocatrices, fortes.
L’homme de « La Parole errante »
L’homme renonce assez rapidement au théâtre traditionnel. Porté par le besoin de toucher le public populaire, il installe son travail loin des institutions, au contact des gens et des exclus, à la campagne, dans les cités. Le cinéma aussi comptera : en 1981 le film d’Armand Gatti « Nous étions tous des noms d’arbres » sur l’Irlande en lutte, est primé à Cannes et à Londres.
En 1986 à Montreuil il crée la Fondation de La Parole errante, qui devient un lieu de rencontres et d’échange à son image, espace d’ateliers d’écriture et de conception de spectacles avec les gens à lécart du circuit culturel traditionnel, marginaux, illétrés, chômeurs, prisonniers, immigrés.
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Retrouvez l’interview d’Armand Gatti réalisée en 2000 à « Des mots de minuit »