— Par Christian Rapha, maire de Saint-Pierre —
Le nouveau statut de la montagne en vigilance jaune rend urgente la réalisation d’infrastructures pérennes garantissant la sécurité de la population et le développement de la zone. En tant que maire de Saint-Pierre, j’ai pris acte du nouveau statut de la montagne Pelée dont l’activité sismique récente aux dires des spécialistes a justifié le passage en vigilance jaune. Je note que, dans son bulletin de septembre 2020, consultable en ligne, l’OVSM/IPGP indiquait que la vigilance restait verte, en dépit d’une moyenne de 32 séismes/mois au cours des douze derniers mois.
Je retiens que les autorités estiment qu’il n’y a aucun signe précurseur d’éruption.
Je me félicite que cette vigilance jaune soit présentée par les autorités scientifiques et étatiques comme un moyen de renforcer la surveillance de la Montagne, dont il faut à cette occasion rappeler qu’elle n’a jamais cessé d’être en activité.
La communication le 4 décembre autour du nouveau statut de la montagne a été suivie le samedi 5 de la signature d’une convention entre la CTM et l’OVSM/IPGP et l’annonce de la tenue d’un colloque international sur ces questions début 2021. Je m’en réjouis, puisque dans la foulée du discours prononcé en septembre 2018 lors du passage du président de la République à Saint-Pierre, j’avais écrit personnellement au président de la CTM pour lui suggérer de transformer le CDST qui se trouve sur le territoire de Saint-Pierre en centre international de recherches et de ressources sur les risques majeurs et les enjeux climatiques et ainsi incarner l’excellence martiniquaise dans ces domaines.
Je souhaite en effet que nos concitoyens, que nos enfants, deviennent les acteurs majeurs d’une citoyenneté écologique, conscients des risques, et engagés pour le développement durable. J’avais par ailleurs émis l’hypothèse que Saint-Pierre puisse accueillir la plate-forme de formation à la résilience aux catastrophes majeures et à la gestion de crise, que le SDIS de la Martinique a présenté aux assisses des Outre-mer.
Ces propositions me semblaient en effet cohérentes avec l’ouverture à Saint-Pierre du nouvel Observatoire volcanologique, et venaient renforcer le classement au Patrimoine mondial de l’UNESCO de la Montagne Pelée que nous appelons de nos voeux.
J’avais souhaité dans ce courrier adressé au président de la CTM qu’un groupe de travail soit créé autour des représentants de la CTM et de Saint-Pierre avec les autres parties prenantes de ce dossier tels l’État ou l’Université des Antilles pour faire aboutir ces projets.
Je ne peux donc que me féliciter des annonces faites samedi même si je déplore que la Ville n’ait pas été associée à ces discussions.
Des devoirs accrus des autorités
Je prends acte et j’appelle de mes voeux la mise en oeuvre des outils qui viendront renforcer l’observation et le suivi scientifiques de l’activité de la montagne.
Je veux dans le même temps insister sur le fait que ce nouveau statut de la montagne Pelée rend désormais vitale la mise en oeuvre rapide d’un certain nombre de mesures conservatoires visant à garantir la sécurité des habitants riverains de la montagne.
Ces mesures, que je réclame depuis de nombreuses années, sont clairement identifiées. Pour Saint-Pierre, elles concernent en premier lieu le franchissement de la Rivière des Pères, au sujet duquel j’ai à maintes reprises alerté les autorités compétentes.
Nous souhaitons que l’étude réalisée en 2004 par le Conseil général soit relue attentivement et que ses préconisations soient mises en oeuvre rapidement. La solution d’un viaduc métallique démontable à circulation alternée ne peut correspondre à une situation d’évacuation d’urgence des 3500 personnes qui constituent la population du Prêcheur et des quartiers Nord de Saint-Pierre. De même, le reprofilage de la Trace nous semble une nécessité et sa réalisation devrait être envisagée, tandis que la protection de la RN 2 à Savane du Fort et au Carbet devrait être actée.
Enfin la mise en place d’un service de transport régulier des personnes et des marchandises (notamment les produits des carrières de Saint-Pierre), la fameuse rocade maritime, véritable serpent de mer sans cesse reporté, devrait également être envisagée à court terme. C’est un outil de désengorgement, de sécurisation du trafic et de réduction de la pollution dont pâtit la population de Saint-Pierre et des villes de la côte.
Pour mener cette réflexion globale sur l’aménagement de notre région, je préconise la création d’un comité de pilotage qui associerait l’ensemble des maires de la zone, CAP Nord, les services de l’État et la CTM. Si la montagne Pelée est désormais en vigilance jaune, il convient que soient tirées toutes les conséquences d’un tel classement.
Les habitants du Nord-Caraïbe font confiance aux scientifiques et aux autorités pour anticiper le cas échéant l’activité de la montagne. Résilients et responsables, ils attendent des mêmes autorités des mesures durables qui garantissent leur sécurité et préservent le développement économique et social de leur territoire.
Christian Rapha, maire de Saint-Pierre