Samedi 23 et dimanche 24 novembre 2019 à INSPE de Martinique
Equipe interne du CRILLASH (Université des Antilles)
Voir le programme ci-après
L’art du montage par Claire Atherton
Le montage est conçu comme un espace de vie et de pensée qui jaillit d’un abandon et d’une écoute subtile de la matière, pour parvenir au rythme juste et à l’harmonie entre vide et plein. Pour transmettre la façon singulière qu’elle a d’envisager son travail, Claire Atherton retrace un parcours, presque initiatique, qui passe par l’apprentissage du chinois, la passion pour la philosophie taoïste, une rencontre aussi, celle avec Chantal Akerman, et des années de pratique en mouvement.
J’ai un peu de mal avec le titre Master Class, parce que je ne me sens pas vraiment un maître. Ce qui est important en montage, c’est d’accepter de se perdre, d’accepter de ne pas tout maîtriser. C’est pour cela que le mot master ne semble pas adapté. Mais en même temps, peut-être que le vrai maître est justement celui qui sait se perdre, pour toujours rester en mouvement.
Quand on me pose des questions sur ma pratique du montage, j’insiste sur le fait qu’il faut découvrir en faisant. Il est important de savoir d’où on part mais il faut prendre le risque de ne pas savoir où on va arriver. Cela me fait penser à ce qui m’est arrivé ce matin : j’ai voulu voir cette salle de conférence pour savoir d’où je partirai, d’où je vous parlerai. Par contre, je ne voulais pas trop préparer mon intervention. Alors, aujourd’hui, je vais dire quelques mots sur comment je suis devenue monteuse et comment je suis arrivée à comprendre ma propre trajectoire.
Je n’ai jamais vraiment décidé d’être monteuse. En tout cas je ne l’ai pas décidé étant jeune, je n’ai pas suivi un plan de carrière. C’est important pour moi de le dire, parce qu’on demande trop souvent aux jeunes d’avoir un projet de vie défini et vraisemblable, de prouver leur efficacité, de savoir se vendre. Or c’est en étant ouvert aux surprises, aux mouvements, en allant au bout de ses passions, même si elles paraissent déconnectées de ce qu’on appelle la réalité qu’on construit sa vie, ou plutôt qu’on la découvre. Je me rends compte tous les jours un peu plus à quel point toutes les voies que j’ai expérimentées, toutes les passions que j’ai suivies, toutes les rencontres auxquelles j’ai cru ont nourri ce que je suis aujourd’hui, ce que je fais et la façon dont je le fais.
Jeune, j’étais passionnée par la civilisation et la pensée chinoises. J’étais perturbée et fascinée par la découverte de la notion de vide comme élément agissant, par l’importance du « laisser advenir », par l’idée que la force vient de la patience et de la souplesse. Et puis j’aimais beaucoup l’idée qu’en chinois, dire ou écrire un mot, c’est déjà raconter une histoire.
Dans l’écriture chinoise, l’association de différentes images crée une signification. Par exemple, la lune associée avec le soleil signifie la clarté, le cochon sous un toit signifie la maison ou le foyer. L’écriture chinoise est bien plus qu’une simple transcription de la langue parlée. Chaque signe a un sens codifié. Mais sous cette première couche signifiante, il y a d’autres sens plus profonds, « toujours prêts à jaillir » comme le dit François Cheng. J’ai tout de suite beaucoup aimé ce jeu constant entre une apparente linéarité et la tentation d’une évasion, comme si cela faisait écho à mon rapport ambigu à la logique, qui m’attire autant qu’elle m’inquiète. François Cheng dit aussi que la langue chinoise n’est pas conçue comme un système qui décrit le monde mais plutôt comme une représentation. En faisant émerger les rapports secrets entre les choses, et ceux entre l’homme et le monde vivant, elle organise des liens et provoque des significations [1]. …
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Le Programme
S A M E D I
Modérateur : Dominique BERTHET
8 h 30 Accueil des participants
8 h 45 Lise BROSSARD,
Retour sur et descendances de The Art of
Assemblage, exposition phare des années
1960
9 h 30 Mathilde BONNET,
Entre le rêve et la fiction : fabriquer de
nouvelles réalités
10 h 15 Pause
10 h 30 Frédéric LEFRANÇOIS,
L’hybridité en patchwork : assemblages
artistiques de la diaspora anglocaribéenne
11 h 15 Olivia BERTHON,
Assemblage et syncrétisme d’un monde pluriel
12 h 00 Pause repas
Modérateur : Anne-Catherine BERRY
14 h 30 Sophie RAVION D’INGIANNI,
L’hétérogène d’un monde à produire dans
l’oeuvre de Raquel Paiewonsky
15 h 15 Martine POTOCZNY,
Variations sculpturales chez Kcho :
dislocations, recompositions et construction
de sens
16 h 00 Dominique BERTHET,
L’assemblage, une esthétique de la
rencontre
16 h 45 Cocktail de clôture
D I M A N C H E
Modérateur : Dominique BERTHET
8 h 15 Accueil des participants
8 h 30 Allocutions d’ouverture
Dominique BERTHET,
Responsable du CEREAP
Bertrand TROADEC,
Administrateur provisoire de l’INSPE
9 h 00 Dominique CHATEAU,
Le montage au cinéma comme création
morpho-esthétique
9 h 45 Bruno PEQUIGNOT,
Le montage : Godard, dialectique et cinéma
10 h 30 Pause
10 h 45 Yohann GUGLIELMETTI,
De l’appréhension du mouvement dans
l’immobilité
11 h 30 Hugues HENRI,
L’assemblage dans l’architecture des XIXe et
XXe siècles
12 h 15 Pause repas
Modérateur : Anne-Catherine BERRY
14 h 30 Sophie BOURLY,
H. N. Werkman, le livre d’artiste imprimé
comme forme de résistance
15 h 15 Pierre JUHASZ,
Montage, assemblage et montrage dans
Memento Fuit hic III ou monter les
images pour remonter le temps
16 h 00 Richard CONTE,
Les fables de la paréidolie
16 h 45 Fin des communications