Vendredi 15 décembre 19h / Tropiques-Atrium
Jacques vient de mourir et Angie, sa petite fille, est désemparée. Elle imagine qu’il s’est réincarné. Garance, sa mère, s’inquiète pour elle et se réfugie sur Facebook. Si l’on pouvait enrayer la mort, quel soulagement ce serait…
Une publicité de l’entreprise Illusion Robotic lui donne une idée. Et si l’on remplaçait Jacques par un clone robotique ? Damien son mari n’est pas d’accord, mais le robot arrive dans la famille et bouleverse les pensées et la routine de chacun. Cette “chose” s’ingère dans leurs habitudes alimentaires et s’immisce dans leurs intimités…
Et si les objets animés possédaient un cœur comme nous ? Et si la réincarnation existait ? Et si les robots captaient les présences invisibles ?
Autrice : Sabine Revillet
Mise en scène : Jérôme Wacquiez
Comment aider nos ainés ? Est ce qu’il est nécessaire que le robot puisse remplacer l’humain et va t il y arriver ? La question est d’actualité. De plus en plus de centenaires et de moins en moins de soignants dans nos sociétés occidentales. Le robot est il la solution ?
Il faut dire que ce robot semble désormais touché par des émotions :
« Est-ce que j’éprouve quelque chose ? Parfois, il me semble, oui. Les ojets ont une âme… ».
L’intérêt de la pièce est que les 4 protagonistes sont autour du robot et acceptent sa présence. Le robot remplace Jacques…
Est ce que jusqu’à la fin de la pièce, le robot va remplacer Jacques et éviter le deuil ?
Jacques, le robot n’est en effet peut-être pas si différent de Damien, Angie, Garance et Jérémy. Les souvenirs qu’il évoque dans son mot d’adieu le rattachent lui aussi à cette famille, au réel en quelque sorte. Mais de quel réel parle-t-on ?
L’histoire que donne à voir ce texte est une pure fiction. Et le robot, même s’il apparaît comme un intrus dans le cadre exposé au début du texte et qui met en scène des humains, est lui aussi un personnage de théâtre qui affirme d’ailleurs « Être ou ne pas être un objet », en référence à Hamlet de William Shakespeare. Jacques, le robot n’est pas moins réel qu’Angie : au même titre que tous les autres personnages de la pièce, il n’est qu’une image mentale que l’on projette en rassemblant des mots écrits sur un livre. En lisant ce texte, nous créons nous-mêmes, dans notre imaginaire, des êtres virtuels.
En jouant sur les codes de la fiction, Sabine Revillet fait un éloge du théâtre. Au même titre que le robot ne peut pas remplacer le vrai grand-père mais aider à accepter son décès, la fiction théâtrale ne peut pas supplanter la vraie vie mais peut nous donner des clefs pour mieux l’appréhender.
Les thématiques :
– La question de la présence des êtres disparus autour de nous (dans la nature, par des signes du quotidien, par des sons, par des sensations, des frôlements…)
– Que reste-t-il quand on n’est plus là ?
Comment continuer à vivre après la mort d’un être cher ? Comment les morts entrent dans la vie des vivants ?
– La question du fantôme, de l’esprit, du mystère qu’est la mort (différence entre la culture occidentale française et d’autres cultures, au Japon, à Mexico, à Madagascar ?) Comment appréhender la mort et comment l’intégrer, la digérer ?
– Faire son deuil
– Le déni de l’être disparu / impossibilité à accepter et faire le deuil avec l’arrivée d’un robot ayant les caractéristiques du défunt…
– La question de la profondeur du propos et de l’humour dans le texte – travail très intéressant dans le cadre de la dramaturgie et dans le cadre du jeu des comédiens. Incarnation de la profondeur et la recherche de la légèreté / travail d’interprétation très riche.
– La relation familiale, la relation aux autres lors de la mort d’un membre de la famille. Les échanges sont vifs, les relations entre les personnages sont fortes, les images poétiques sont présentes, l’humour est présent aussi.
– L’universalité du propos Le texte résonne pour tous, pour ceux qui ont fait l’expérience du deuil d’un être aimé, parti à l’âge où on peut s’y attendre, sans drame, mais non sans chagrin.
– Le monde réel et le monde virtuel
– La question de la technique, est ce que la technique peut remplacer l’humain ?
Distribution :
Kainana Ramadani (Angie)
Judy Passy (Jérémy)
Charlotte Baglan (Garance)
Robert Georges (Damien)
François Raffenaud (Jacques)
Lucien Morineau (danseur)
Créateur musical : Lucien Morineau
Créateur visuel : Benoit Szymanski
Régisseur général : Simeon Lepauvre
Scénographie : Makiko Kawai
Costumes : Florence Guénand