« Moby Dick » un film de John Huston

Lundi 30 octobre / 20h55 / Arte
Avec Orson Welles en curé et Gregory Peck en capitaine Achab obsédé par un cachalot géant. Si les effets spéciaux datent un peu, la réflexion psychologique reste intemporelle
Moby Dick est un film américano-anglais, réalisé par John Huston d’après le roman homonyme d’Herman Melville, sorti sur les écrans en 1956.

Synopsis :
Ismael, jeune marin qui rêve d’aventure, s’embarque à bord du Péquod, un baleinier. Ce navire est commandé par le capitaine Achab qui est mû par une unique obsession : il veut absolument tuer Moby Dick, un cachalot blanc, qui lui a fait perdre sa jambe. Achab entraînera ainsi son équipage à le suivre à travers toutes les mers, à la poursuite du monstre mais aussi de son propre destin.
Autour du film
John Huston a dit à propos des difficultés rencontrées lors du tournage : « Le film, comme le livre, est donc un blasphème, et on peut admettre que Dieu se soit défendu en déchaînant contre nous ces ouragans et ces vagues énormes ».

On peut voir le folkloriste Bert Lloyd entonner un chant de marin lors de l’appareillage du Pequod.

En 1992, Ray Bradbury fait paraître La Baleine de Dublin (Green Shadows, White Whale), une version romancée de sa rencontre avec John Huston et de son séjour en Irlande pendant l’écriture du scénario.

Le film a été tourné en Irlande

Madinin’Art en parle :
« Moby Dick » de John Huston : une adaptation cinématographique défiant les attentes

John Huston, le célèbre réalisateur de films tels que « The African Queen » et « Moulin-Rouge, » était connu pour son habileté à adapter des œuvres littéraires complexes au cinéma. L’un de ses projets les plus ambitieux était d’adapter le monumental roman « Moby Dick » d’Herman Melville. Le résultat, bien que fidèle au matériel source dans une certaine mesure, a suscité des débats et des réactions mitigées, laissant place à une interprétation riche et complexe.

Le film de John Huston, qui s’ouvre sur une scène évocatrice, commence avec Ishmaël, le narrateur du roman, déclarant son nom alors qu’il se prépare à embarquer pour une nouvelle aventure en mer. C’est le début d’un voyage qui mènera les spectateurs dans les profondeurs de l’âme humaine autant que dans les eaux tumultueuses de l’océan.

Huston a réussi à capturer l’essence du roman en explorant trois aspects essentiels de l’histoire. Tout d’abord, le film reste fidèle à l’aspect de l’aventure maritime du récit, avec des images maritimes grandioses et des scènes de chasse à la baleine spectaculaires. Le réalisme des scènes de chasse est renforcé par des effets spéciaux de haute qualité pour l’époque, ce qui a permis de créer une atmosphère captivante.

Deuxièmement, « Moby Dick » explore l’aspect philosophique et métaphysique du roman. Le personnage du capitaine Achab, interprété par Gregory Peck, est présenté comme un homme possédé par un défi prométhéen, en guerre avec Dieu lui-même. Cette dimension du film donne une profondeur inattendue à l’histoire.

Enfin, le film contient des éléments documentaires sur la chasse à la baleine qui ajoutent à l’authenticité de l’histoire. Les scènes de chasse sont filmées avec réalisme, montrant les marins en train d’accomplir des tâches courageuses et dangereuses.

Bien que certaines critiques aient été dirigées vers la performance de Gregory Peck, qui a interprété le capitaine Achab, il est important de noter que son jeu intense et passionné a apporté une dimension unique au personnage. Il incarne un Achab imposant, un dictateur au service de son défi, ce qui renforce le sens de la lutte contre une puissance omniprésente et oppressante.
Huston a su tirer le meilleur parti du matériel source, tout en apportant sa propre vision du récit. Le film ne peut pas tout à fait capturer la richesse intérieure du roman, mais il offre une interprétation visuelle impressionnante.

Cependant, il est essentiel de noter que le film ne satisfera peut-être pas pleinement les amateurs inconditionnels du roman de Melville. « Moby Dick » au cinéma ne peut être qu’une représentation partielle de l’œuvre littéraire, et les interprétations individuelles des lecteurs peuvent diverger considérablement de celle de Huston.

En fin de compte, « Moby Dick » de John Huston reste un classique du cinéma, malgré les débats qu’il a suscités. Il est un hommage respectueux à l’œuvre de Melville, tout en apportant une perspective cinématographique unique à cette histoire épique de la mer. Il continue à captiver les spectateurs grâce à ses scènes mémorables et à sa profondeur métaphysique, tout en préservant la magie des mots de l’œuvre originale.

M’A