Les risques pour votre santé
L’automne est bel et bien installé, apportant avec lui son lot de rhumes, toux, et nez bouchés. Pour beaucoup, la réponse immédiate est l’automédication, mais ce geste bien français n’est pas sans risques. L’Agence nationale du médicament (ANSM) a récemment émis une alerte concernant les médicaments antirhume en vente libre, soulignant les risques potentiels pour la santé. En effet, ces médicaments peuvent provoquer des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux (AVC), même à faible dose et sur une courte durée de traitement.
Mais il ne s’agit pas seulement des médicaments antirhume. Les sirops antitussifs, également disponibles sans ordonnance, ne sont pas sans danger. Certains d’entre eux sont inefficaces, tandis que d’autres peuvent causer des effets indésirables graves. Environ 70 % des sirops contre la toux sont considérés comme inefficaces, et ils peuvent entraîner des troubles digestifs et des réactions allergiques, avertit le Pr Jean-Paul Giroud, spécialiste de la pharmacologie clinique.
Il est essentiel de faire preuve de prudence lors de l’automédication, surtout si vous appartenez à des groupes à risque tels que les nourrissons, les femmes enceintes, les personnes âgées polymédicamentées, ou si vous habitez dans des régions touchées par des épidémies comme la bronchiolite. En effet, l’utilisation de sirops antitussifs et de fluidifiants bronchiques est contre-indiquée dans le bronchiolite aiguë du nourrisson et peut même augmenter le risque d’hospitalisation.
Un autre aspect important à prendre en compte est la durée de conservation des médicaments. Les sirops antitussifs qui traînent dans vos armoires à pharmacie depuis un certain temps peuvent être potentiellement dangereux. Par exemple, ceux contenant de la pholcodine sont associés à un risque d’allergie grave aux curares, utilisés lors d’une anesthésie générale. En septembre 2022, l’ANSM a suspendu toutes les autorisations de mise sur le marché des sirops contre la toux à base de pholcodine en France, et ces produits ont été rappelés des pharmacies.
De plus, il est important de noter que les médicaments vasoconstricteurs, souvent utilisés pour dégager le nez, peuvent également présenter des risques pour la santé. L’ANSM déconseille l’utilisation de comprimés contenant de la pseudoéphédrine, notamment Actifed Rhume, Humex, Rhinadvil, Nurofen Rhume, et Dolirhume, en raison des risques d’infarctus et d’AVC. Au lieu de recourir à ces médicaments, il est recommandé d’utiliser des méthodes plus naturelles, telles que l’humidification du nez avec des solutions de lavage adaptées ou de boire suffisamment.
L’avis de l’ANSM sur les médicaments vasoconstricteurs a été appuyé par plusieurs organisations médicales, mais les laboratoires pharmaceutiques estiment que l’avis est prématuré. Ils soutiennent que le rapport bénéfice/risque de ces médicaments reste favorable, bien que l’ANSM mette en garde contre les risques potentiels. L’Union européenne doit encore rendre ses conclusions sur la disponibilité de ces médicaments sur le marché.
En fin de compte, il est essentiel de faire preuve de prudence lors de l’automédication, de consulter un professionnel de la santé en cas de doute, et d’envisager des alternatives plus sûres lorsque cela est possible. La santé doit toujours être la priorité lorsque l’on se soigne, même en cas de rhume ou de toux.
M’A