Isla Mujeres (México) – Une délégation de l’ancienne guérilla zapatiste mexicaine a appareillé mercredi à bord d’un voilier à destination de l’Europe, où elle compte lancer un appel au « réveil » face au capitalisme.
Les six membres de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) ont quitté Isla Mujeres, dans le sud-est du Mexique, à bord du voilier « La Montaña« , un ancien bateau de pêche allemand centenaire.
Ils doivent arriver à Vigo, en Espagne, dans environ six semaines.
« Zapata vit! La lutte continue!« , ont lancé, poing levé, plusieurs membres d’une communauté indigène venus leur dire au revoir, au milieu des touristes, des yachts privés et des fêtes sur la plage.
« C’est un voyage pour la vie« , a expliqué avant le départ le sous-commandant Moisés, porte-parole du mouvement zapatiste qui s’était fait connaître dans le monde entier en se soulevant dans l’Etat mexicain du Chiapas en 1994.
Le but de cette tournée européenne, qui comprendra plusieurs pays et des rencontres avec des organisations de gauche, est de « faire comprendre que le capitalisme a envahi le monde et que nous devons tous nous réveiller« , a-t-il ajouté, le visage masqué sous un passe-montagne, symbole de ce mouvement insurrectionnel rendu populaire par son leader historique, le sous-commandant Marcos.
Pandémie oblige, la délégation s’est soumise à une quarantaine de quinze jours avant d’embarquer.
L’EZLN avait surpris le gouvernement mexicain en 1994 lorsqu’elle avait pris les armes, le jour même de la signature du traité de libre-échange entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada.
Les combats, qui avaient duré 12 jours, avaient fait des dizaines de morts, principalement dans les rangs zapatistes, alors dirigés par le sous-commandant Marcos, qui avait réussi à séduire de nombreux partis de gauche au-delà des frontières du Mexique. Son passe-montagne et sa pipe avaient fait le tour du monde.
Après un cessez-le-feu, un processus de dialogue s’est ouvert entre les zapatistes et le gouvernement, qui a abouti à la signature d’un accord en 1996.
L’EZLN a toutefois interrompu son dialogue avec Mexico faute d’avoir obtenu la reconnaissance constitutionnelle de l’autonomie du Chiapas. En 2003, le mouvement zapatiste a proclamé son autorité sur les territoires qu’il contrôle, baptisés « juntes de bonne gouvernance » afin de garantir l’autonomie aux communautés indigènes.
Source : AFP / Yourtopia