— Par Robert SAE —
Des personnes qui massacrent les membres de leur famille avant de se suicider, des employés ou des lycéens qui déciment leurs collègues et amis à l’arme automatique , des « loups solitaires » ou des « cellules terroristes » qui attaquent des civils innocents à l’arme blanche ou à la bombe, des illuminés qui massacrent des centaines de villageois. Qu’est-ce qui explique cette débauche de barbarie ? Est-il possible d’y mettre fin ? Certains se lamentent : « Le monde est devenu fou ! », « Les derniers temps sont arrivés » et beaucoup se contentent d’espérer passer entre les mailles du filet en implorant la grâce des cieux ! Eh bien non ! Notre devoir est de nous mobiliser pour mettre fin à ces dérèglements qui détruisent nos sociétés. Cela, nous ne saurions y parvenir en nous contentant de réagir émotionnellement à quelques événements dramatiques sélectionnés, hiérarchisés et instrumentalisés. La barbarie s’étale quotidiennement et massivement sur tous les continents. Le bombardement des écoles de Gaza n’est pas moins terroriste que le massacres d’écoliers au Pakistan. La rafle de fillettes au Kenya n’est pas moins exécrable que la soumission de dizaines de milliers d’enfants à l’esclavage sexuel par des mafias occidentales. La mise à mort de dizaines de milliers de nourrissons, sciemment privés de nourriture et de médicaments à des fins de pillage économique n’est pas moins criminelle que l’assassinat d’enfants par des narcotrafiquants en Amérique centrale. Et, enfin, l’assassinat de 16 personnes par l’OTAN, lors du bombardement de la Radio Télévision Serbe en 1999, n’est pas moins odieux que la tuerie des 10 journalistes de Charlie hebdo.
Dans bien des cas, les terroristes et les gouvernements qui prétendent les combattre font cause commune. Ce sont les deux ailes organisées, actives et agressives d’un même oiseau de proie. D’ailleurs de nombreux groupes terroristes ont été créés, armés financés, parfois le sont encore, par ces mêmes gouvernements. De fait, ces deux fauteurs de barbarie sont intimement liés et s’alimentent réciproquement. C’est de concert qu’on doit les combattre.
Les différentes violences qui minent la société et la facilité qu’ont les rabatteurs à alimenter les réseaux terroristes, sont incontestablement amplifiés par les facteurs suivants :
1- Des gouvernements imposent aux populations des politiques d’austérité dont l’effet est de jeter des millions de personnes dans la misère, la souffrance et le désespoir.
2- l’ONU interdit tout espoir à des peuples victimes de massacres et d’humiliations en pratiquant une politique de « deux poids deux mesures » et en garantissant l’impunité à certains massacreurs.
3- Des Etats et des entreprises jettent massivement des armes létales sur le marché pendant que leurs lobbies célèbrent le culte de la violence et de la toute puissance dans les médias qu’ils contrôlent.
4- les terroristes des deux bords, adeptes du « diviser pour régner », attisent les haines et les conflits entre communautés, nourrissent les peurs et désignent des boucs émissaires.
Au bout du compte, nous assistons aujourd’hui à l’aiguisement des contradictions entre deux camps et on ne saurait mettre fin à la barbarie sans identifier ceux-ci. Le terroriste norvégien se cache derrière la foi chrétienne et la défense de la civilisation occidentale pour massacrer. Le terroriste irakien usurpe le drapeau de l’islam pour commettre ses crimes.
Les terroristes de tous bords s’appuient sur la manipulation idéologique et la désinformation pour attiser les divisions entre les peuples. Tomber dans le piège de la haine de l’occident ou de l’islamophobie revient à porter de l’eau au moulin de la barbarie. Non ! Le terrorisme et la barbarie ne sont pas la manifestation d’une guerre de religions ou de civilisations. S’Il y a bien deux camps qui s’affrontent, c’est :
-d’un côté, celui de minorités qui veulent, par des moyens les plus ignobles, garder ou conquérir le pouvoir pour perpétuer le règne de l’exploitation des peuples et garantir la permanence de leurs privilèges,
– de l’autre, celui d’une humanité qui veut avancer grâce à l’émancipation des peuples et à la justice sociale.
Ce deuxième camp, c’est le nôtre. C’est en nous mobilisant, personnellement et collectivement dans la lutte contre toutes les stigmatisations, contre toutes les injustices, contre toutes les oppressions, qu’il fera reculer le terrorisme et la barbarie jusqu’à les éradiquer.
Dessin de Florence Bamberger