— Par Hubert Huertas —
Le bon M.Gattaz, élu avec le pourcentage collectiviste de 95% à la tête du Medef a des idées très combattives. Alors que le gouvernement n’en finit pas de faire les fonds de tiroirs pour financer, notamment le pacte de compétitivité de 20 milliards d’allègements pour les entreprises, il réclame en supplément une baisse de 100 milliards sur leurs charges et leurs impôts.
Comment y parvenir ? Très simple… On baisserait les impôts des entreprises et on augmenterait celui des particuliers. On enlèverait cinquante milliards payées pour les cotisations sociales, et on augmenterait la CSG et la TVA.
Ensuite et conjointement, parvenu à ce résultat, on baisserait encore les impôts des entreprises à hauteur de cinquante nouveaux milliards.
Pierre Gattaz considère que la France est « un jardin envahi de ronces », avec son code du travail trop complexe, « et de cailloux », avec ses prélèvements trop lourds.
Pierre Gattaz en veut par ailleurs à l’Éducation nationale. Il cite le sujet du bac de sa fille, en science économique et sociale : « Vous montrerez de quelle manière les conflits sociaux peuvent être facteurs de cohésion sociale ». Il s’indigne qu’on puisse insinuer par là que la cohésion sociale puisse passer par le conflit. Lui il est un pacifiste, un pèlerin de la croissance dont le programme d’allègement multipliera les emplois comme jadis un Jésus multiplia les pains.
Pour être clair, Pierre Gattaz voudrait que l’État lui lâche un peu les baskets, avec ses prélèvements, et avec ses règlements.
Et c’est vrai qu’il n’a pas tort.
Prenez les ronces administratives. Chaque année l’Etat verse aux entreprises des aides, à travers un maquis de 6000 subventions, prêts, exonérations, niches fiscales auxquelles personne ne comprend rien. C’est sans doute à cela que pense M. Gattaz, et c’est la suppression de ces aides qu’il exige également, elles coûtent si cher à la nation !
Au total, chaque année, l’Etat providence verse, avec l’argent du contribuable, une somme que les ronces administratives rendent difficile à défricher, mais qui, selon un chiffre cité par le journal Les échos, atteindrait cent dix milliards par an. Ce n’est plus un caillou, c’est une montagne.
Assurément c’est à ces milliards reçus de l’Etat que songe M. Gattaz, en échange des cent milliards qu’il n’aurait plus à payer.
Donnant-donnant !
Si ce n’était pas le cas, si les choses allaient à sens unique, s’il pratiquait le Donnant-prenant, le nouveau Président du Medef, qui a réfléchi au sujet du bac de sa fille, n’ignore pas qu’il créerait de fortes tensions sociales. Et sauf à laisser penser qu’il défend l’idée que « la cohésion sociale passe par le conflit », donc qu’il se comporte comme un syndicaliste à l’ancienne, et qu’il est un fervent de la lutte des classes, le Président du Medef fera des ouvertures dès aujourd’hui, par exemple à propos des retraites…
France culture : le billet politique d’Hubert Huertas du 04/07/2013