Mayotte meurtrie ! Mayotte humiliée, Mayotte en colère !

Le n° 376  de « Révolution Sociliste », journal du GRS —

Les images sont terribles, et on n’en a aucune du reste des Comores. La solidarité doit aller à toutes les victimes de l’archipel. La réflexion, elle, doit aller audelà de l’urgence immédiate qu’il faut, bien sûr, traiter en priorité. Le geste par la CTM du vote d’une solidarité financière d’urgence, serait utilement suivi d’une coordination avec les autres territoires coloniaux.

On pourrait gloser sans fin sur le côté artificiel du rattachement de nos destins réciproques, en arguant de la géographie. Mais, la réalité réelle est que nous sommes légitimement touchés par la tragédie vécue par un peuple que la France a décidé de garder sous sa tutelle coloniale, malgré les décisions internationales. Et nul n’ignore que, par la logique des dynamiques historiques et administratives, un nombre non négligeable de Martiniquais, de Guadeloupéens vivent, provisoirement ou pas, dans ce lointain territoire.

La goujaterie de Macron, humiliant les Mahorais·e·s avec des propos suffisamment commentés pour qu’on ait besoin de les répéter ici, ignore cette règle élémentaire : le pays qui a décidé de s’adjoindre un autre, quelle que soit l’opinion que l’on a du consentement des habitant·e·s de l’endroit, peutil s’exonérer des obligations découlant de cette annexion ? Peutil leur faire reproche de ce que lui-même n’a pas fait, c’estàdire mettre en application les droits attachés à la qualité, imposée ou pas, de citoyen·ne·s français·e·s  ?

Intégrée à l’empire colonial, Mayotte en subit le cynisme.

Et, le monde entier doit constater la non-prise en compte du réchauffement climatique accéléré par la folie du capitalisme productiviste, extractiviste, prédateur de la nature comme de la majorité de l’espèce humaine.

Le monde entier doit constater que les bidonvilles créés par politiques migratoires égoïstes et criminelles sont en réalité, dans les îles, des cimetières en puissance.

Le monde entier doit observer comment la France gère une tragédie dans un pays qu’elle a décidé de transformer en « département ultramarin ». Il nous semble élémentaire dexiger deux choses :

1.qu’une main secourable soit tendue sans arrogance ni mépris à un peuple en grande détresse

2.qu’une solution soit cherchée avec Mayotte et l’ensemble des Comores, pour la décolonisation de la nouvelle colonie créée sous la dénomination de Département.

Cette solution suppose bien entendu que le respect des résolutions internationales à ce sujet s’accompagne de la mise en place d’une réelle coopération des Comores et de la France.

Il serait peu sérieux de croire que les actuels gouvernements français auraient la sagesse nécessaire pour une issue pacifique.

Il appartient donc aux peuples concernés d’y travailler. C’est dire que les progressistes et anticolonialistes français ont du pain sur la planche. Et nous avec.

Questions au député Marcellin Nadeau :

À propos de la question de l’eau, nous avons réalisé une interview du député Marcellin Nadeau.

Q : Peux-tu nous préciser la fonction du forum sur leau et le sens de ta proposition de loi ?

R : C’est la deuxième édition du forum de l’eau que nous avons organisée au Morne-Capot au Lorrain. La première édition ayant été initiée l’année dernière en partenariat avec l’association Dlo Mòn Kapo et la participation de Gabriel AMARD. Cette idée de forum nous est venue à la suite de l’initiative prise par Gabriel d’une Proposition de loi constitutionnelle (PPLC) transpartisane dont je suis co-signataire et visant à intégrer le principe du droit à l’eau potable et à l’assainissement, dans le bloc constitutionnel français, par le biais de la charte de l’environnement.
Ce principe découle d’une résolution de l’ONU de juillet 2010 voté
e par la France. Mais, il n’a jamais été intégré dans le système normatif français.
Et, notre démarche parlementaire a pour objectif de faire du droit à l’eau un droit fondamental et opposable aux tiers en droit français. Ce droit constituera un levier d’action intéressant pour le mouvement social et les collectifs citoyens.

Q : Quel est ton avis sur la gestion publique de l’eau comme principe cardinal ?
R : Cette loi transpartisane n’aborde pas, et c’est volontaire, la question des modalités de gestion de l’eau. Mais, il est évident qu’à travers cette démarche, nous, élu-e-s de gauche, cherchons à provoquer le débat autour du principe d’une gestion publique de ce commun qu’est l’eau. Un commun essentiel à la vie et au vivant humain et non humain.

Q : Comment voir la coordination des forces solidaires de ce combat ?
R : Comme pour d’autres sujets, je suis complètement favorable à l’idée de rassembler le maximum de forces politiques, sociales, associatives, citoyennes, autour de la revendication d’une gestion unifiée et publique de l’eau en Martinique.
Et, pour revenir au forum de l’eau, lors de la rencontre du dimanche 15 décembre au Morne-Capot, Lorrain, nous avons pris la décision de faire de ce forum, un forum annuel, citoyen et international
, sur la question de l’eau et de l’assainissement qui, certes, concerne notre pays, mais n’en est pas moins une essentielle préoccupation pour la planète entière dans le contexte du changement climatique.