Max Romeo, figure emblématique du reggae roots, s’est éteint à 80 ans

Le chanteur jamaïcain Max Romeo, de son vrai nom Maxwell Livingston Smith, est décédé le vendredi 11 avril 2025, à l’âge de 80 ans, dans un hôpital privé de Saint Andrew, en Jamaïque, des suites de complications cardiaques. Il avait été hospitalisé quelques jours auparavant pour des difficultés respiratoires.

Né en 1944 dans la paroisse de Saint Ann, Max Romeo grandit dans un contexte rural et travaille dans une plantation de canne à sucre avant de s’orienter vers la musique. À l’âge de 18 ans, il rejoint la capitale Kingston, où il intègre le groupe vocal The Emotions, qui rencontre un certain succès dans les années 1960. C’est à cette époque qu’il adopte le pseudonyme de « Romeo », en lien avec ses premières chansons de style lovers rock, aux accents romantiques.

Il entame une carrière solo à la fin des années 1960. En 1969, son titre Wet Dream, à la tonalité sexuelle explicite, devient un tube au Royaume-Uni, malgré – ou à cause – de sa censure sur de nombreuses radios, dont la BBC. Ce succès controversé lui ouvre les portes d’une reconnaissance internationale, qu’il consolide au fil des années.

Dans les années 1970, Max Romeo prend un virage plus engagé, tant sur le plan social que spirituel. Influencé par le mouvement rastafari, il oriente sa musique vers des thématiques politiques et identitaires. Son album Let the Power Fall (1971) est notamment utilisé comme hymne électoral par le Parti national du peuple (PNP) lors de sa victoire aux élections législatives de 1972. Plus tard, déçu par la lenteur des réformes promises, il exprimera aussi son désaccord à travers ses chansons.

En 1976, il publie ce qui est considéré comme son chef-d’œuvre, War Ina Babylon, produit par Lee « Scratch » Perry dans le mythique Black Ark Studio. Cet album, porté par des titres comme One Step Forward, Chase the Devil ou I Chase the Devil, s’impose comme un classique du reggae roots, tant en Jamaïque qu’à l’étranger. Il sera par la suite samplé ou repris par des artistes tels que Jay-Z ou The Prodigy, témoignant de l’influence durable de son œuvre au-delà des frontières du reggae.

Tout au long de sa carrière, Max Romeo a mêlé messages spirituels, dénonciations sociales et réflexion politique dans une œuvre riche et cohérente. Il était également producteur et avait fondé son propre label, Romax, ainsi qu’un sound system du même nom.

En 2023, il avait entamé une tournée d’adieu à travers plusieurs pays d’Europe, passant notamment par l’Olympia à Paris, Berlin, Athènes, Rome ou encore Tel Aviv. Il devait encore se produire à l’été 2025, notamment au festival No Logo BZH à Saint-Malo, où il était très attendu.

Max Romeo laisse derrière lui une discographie marquante et une influence majeure dans l’histoire du reggae. Son parcours témoigne de la richesse d’une génération d’artistes jamaïcains pour qui la musique fut aussi un vecteur de conscience et de combat.