De Gauguin à Brel, de Stevenson à Melville, les îles Marquises ont fasciné les plus grands artistes. L’exposition leur rend hommage, à travers 300 pièces et œuvres témoignant de la force d’une culture qui a su traverser les époques et dompter l’histoire.
À propos de l’exposition
Écrivains, peintres, musiciens… Nombreux furent les artistes occidentaux qui s’aventurèrent dès le XIXe siècle dans cet ailleurs lointain, séduits par la culture traditionnelle de l’archipel polynésien. Une esthétique sophistiquée et complexe caractérise alors les arts des îles Marquises, marqués par la prégnance de la figure humaine (mata en langue marquisienne), et en particulier les très grands yeux qui ornent les sculptures et les tatouages.
Si la culture traditionnelle a subi les assauts de l’histoire au contact des Occidentaux à la fin du XIXe siècle, elle a réussi à en conserver ses principaux codes, jouant d’ingéniosité pour y intégrer et adapter le regard de l’extérieur. Le profond métissage qui en a résulté, particulièrement visible dans l’artisanat commercial fécond à cette période, a permis aux arts marquisiens de survivre. Un tour de force qui a autorisé le maintien de la culture traditionnelle mais aussi le renouveau actuel des festivals de danse, des arts traditionnels et la résurgence du tatouage.
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L’Américaine Carol Ivory, professeur en histoire de l’art du Pacifique à la Washington State University et commissaire de cette exposition revient sur cet événement.
D’où vient votre intérêt pour l’art des Marquises ?
J’ai découvert les Marquises lors de mon tour du monde, à l’âge de 25 ans. La première partie du globe que j’ai découverte était la Polynésie avec Tahiti, Samoa, mais aussi les Fidji, la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie.
Je me suis passionnée pour les arts polynésiens et j’ai décidé de poursuivre mes études dans ce domaine. De retour aux Etats-Unis, titulaire d’un Bachelor Study en
Histoire, j’ai souhaité compléter mon parcours par un master puis une thèse de doctorat en histoire de l’art Arts et société aux îles Marquises : un regard éclairé sur la culture à l’université de Washington. J’ai dû choisir une spécialité : j’ai d’abord pensé à l’art maori mais je ne parlais pas maori. J’ai donc finalement opté pour un autre très grand domaine de sculpture avec les arts marquisiens.
A partir de là, je suis repartie en voyage pendant un an, visitant une soixantaine de musées en Europe et en Nouvelle Zélande. Paradoxalement, je n’ai pas profité de ce voyage pour aller aux Marquises : les avis entendus à cette époque étaient assez négatifs, on m’avait alors dit qu’il n’y avait rien d’intéressant à voir
sur place.
J’ai terminé mon Ph.D. en histoire de l’art et j’ai poursuivi avec une thèse consacrée aux arts marquisiens.
Je suis ensuite devenue professeur spécialisée en histoire de l’art du Pacifique à la Washington State University, et j’ai continué à étudier l’art des Marquises.
Comment est né ce projet d’exposition ?
Stéphane Martin a des liens particuliers avec les îles Marquises depuis qu’il y a effectué son service militaire. Nous nous sommes rencontrés au mois de décembre 2011, à l’occasion du festival des arts des Iles Marquises. Après mon retour aux Etats-Unis, nous sommes restés en contact. Il m’a ensuite fait part de son intention d’organiser une exposition sur les arts marquisiens au musée du quai Branly et il m’a demandé de participer à ce projet en tant que commissaire d’exposition.
Pouvez-vous nous raconter votre expérience avec cetart au travers de vos voyages ou de vos missions ?
En 1993, je me suis rendue aux Marquises pour la première fois. A cette époque, la prise de conscience des Marquisiens pour leur patrimoine et leur culture commençait
à se mettre en place. Aujourd’hui, ce renouveau identitaire est très présent.
J’ai été la co-commissaire ou encore la conseillère scientifique de plusieurs expositions sur l’art marquisien et sur la Polynésie française. J’ai notamment travaillé
sur l’exposition « The Marquesas: Two Centuries of Cultural Traditions » qui s’est tenue au Mission Houses Museum d’Honolulu en 2003. Cet événement présentait des oeuvres créées à partir des premiers contacts avec les Occidentaux au xviiie siècle jusqu’à nos jours. J’ai également participé à l’exposition « Adorning the world, Art of the Marqueas Islands » présentée au MET à New-York entre mai 2005 et janvier 2006. A cette occasion, soixante objets représentatifs de l’art classique des îles Marquises, c’est-à-dire de l’art tel qu’il était avant les transformations de la fin du xixe siècle qui entrainèrent l’apparition d’un art destiné aux touristes, ont été présentés aux visiteurs…
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