— Par Jean Samblé —
Dans la nuit du 3 au 4 octobre, la petite localité de Pont-Sondé, dans le département de l’Artibonite en Haïti, a été le théâtre d’une attaque meurtrière perpétrée par le gang « Gran Grif ». Armés de fusils automatiques, les membres de ce gang ont envahi la ville à 3 heures du matin, tirant sur les habitants et laissant derrière eux un bilan effroyable : au moins 70 morts, dont des femmes, des enfants et des nourrissons, ainsi que 16 blessés graves. Les autorités locales, ainsi que le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme, ont exprimé leur horreur face à ce massacre.
Les victimes ont été en grande majorité tuées d’une balle à la tête, une brutalité qui a indigné la communauté internationale et renforcé les appels à une intervention plus robuste pour rétablir l’ordre dans le pays. En plus des vies perdues, les assaillants ont incendié 45 maisons et 34 véhicules, forçant des dizaines de familles à fuir pour échapper à la violence.
Selon les premières enquêtes, le gang aurait orchestré cette attaque en raison de tensions liées à l’implantation illégale d’un poste de péage contrôlé par ses membres sur la route reliant Port-au-Prince à Cap-Haïtien. Certains chauffeurs de la région auraient refusé de payer les sommes exigées, déclenchant ainsi la fureur du gang.
Le Premier ministre haïtien, Garry Conille, a dénoncé un « crime odieux » et une « attaque d’une brutalité inqualifiable », réaffirmant l’engagement du gouvernement à intensifier la lutte contre les gangs. Des unités spécialisées de lutte anti-gang, soutenues par la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) composée principalement de policiers kényans, ont été envoyées en renfort. Toutefois, malgré l’envoi de ces forces, les moyens à disposition restent insuffisants pour contrer efficacement l’influence croissante des gangs armés en Haïti.
Le chef du gang « Gran Grif », Luckson Elan, visé depuis septembre par des sanctions américaines pour de graves violations des droits humains, est pointé du doigt comme étant à l’origine de cette attaque. Alors que la situation reste précaire, les appels à une augmentation de l’aide internationale se multiplient, tant au niveau logistique que financier.
Depuis le début de l’année, Haïti est plongée dans une vague de violence sans précédent. Le Haut-Commissariat de l’ONU a récemment révélé que plus de 3 600 personnes ont été tuées depuis janvier, tandis que plus de 700 000 personnes ont dû fuir leur domicile. La fragilité des institutions haïtiennes, couplée à une situation humanitaire désastreuse, complique davantage la réponse face à ces attaques répétées, laissant les victimes et leurs familles dans une profonde détresse.